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Le Gosplan européen

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La France est surendettée ? Peu importe, on demandera à l’Europe d’emprunter. La compétitivité européenne décroche ? Un grand plan européen de financement y remédiera. A la Sorbonne, M. Macron a appelé de ses vœux « un grand plan d’investissement collectif, budgétaire » pour au moins doubler l’investissement public des Vingt-Sept. Ce qui supposerait un nouvel emprunt sur le modèle du plan de relance post-Covid, NextGeneration EU, doté de 750 Md€ valeur courante 2018, soit 806,9 milliards d’euros 2021. Il faudrait aussi, disait-il, un grand emprunt spécifique pour renforcer l’industrie de la défense, financer la transition énergétique, la transition numérique de l’IA… D’ailleurs la tête de liste macroniste aux européennes, Mme Hayer, qui brille par son conformisme, ne demande pas moins qu’un plan d’investissement de 1 000 Md€.

Qui paiera ?

Ils ne savent pas ce qu’ils en feront, mais ils pensent que l’argent résoudra tout et que ça ne coûtera rien puisque c’est l’Europe qui empruntera. Pourtant, ça ne fonctionne pas ainsi. Déjà en juillet 2020, à l’occasion du plan de relance de 750 milliard et de l’emprunt équivalent, M. Macron avait assuré que « Cet argent viendra de l’Europe sur notre budget sans que nous ayons besoin de le financer, ni par notre propre endettement ni par nos impôts ». « Ce n’est pas le contribuable français qui le paiera » expliquait-il, mais la création de « ressources propres » comme  la « taxe plastique » sur les produits non réutilisables ou la taxe carbone aux frontières.

En effet, une contribution plastique de l’Union européenne a été créée et mise en œuvre en 2021. Chaque kilogramme de déchet d’emballage plastique qu’un Etat membre n’a pas recyclé (pot de yaourt, bouteille d’eau, barquette de margarine…) lui coûte 80 centimes d’euros, le cas échéant après un abattement variable pour les pays pauvres. Ces sommes sont reversées par les Etats au budget de l’Union. Selon les estimations de la Commission européenne, le produit de cette contribution devrait représenter environ 6 milliards d’euros par an. Un peu maigre pour rembourser 750 Md€ ! Il faudrait 125 ans, sans compter les intérêts !

Certes, il y a aussi l’instauration d’un « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » (MACF), c’est-à-dire d’une taxe carbone aux frontières décidée en 2023 pour entrer en vigueur en 2026. Il s’agira de la faire payer sur les biens importés dans l’Union et dont la production n’est pas soumise à un prix du carbone (ou alors à un prix faible) en particulier dans les secteurs suivants : fer, acier, aluminium, ciment, engrais, électricité et hydrogène. En contrepartie, les industries européennes perdront leurs quotas de carbone gratuit et devront donc payer des taxes carbone plus onéreuses, qui risquent de peser sur leur compétitivité et seront en partie répercutées dans les prix. Rexecode évalue à 4 milliards d’euros environ les surcoûts pour l’industrie française en 2034. Mais personne ne connaît le rendement futur de ce nouveau mécanisme, qui sera peut-être très modeste ; sans compter les préjudices qu’il pourra faire subir à nos industries.

L’argent trop facile

Ces plans successifs seront surtout de nouvelles occasions de mauvaises dépenses. L’argent massivement distribué favorise les fraudes. En Italie, en avril, la police a découvert des produits de luxe en tous genres pour 600 M€ représentant le produit de fraudes sur les subventions du Plan de relance post-Covid.  Les pays européens, tous bénéficiaires du Plan, doivent en dépenser les crédits au plus tard en 2026. Mais à peine un tiers de l’enveloppe de 800 Md€ est déjà versée par Bruxelles. A défaut d’avoir suffisamment de projets prêts pour justifier de l’octroi des fonds, les pays créent des crédits d’impôt qu’ils font financer par le Plan. La France utilise ainsi les fonds européens pour financer MaPrimeRénov’, des bonus écologiques automobiles ou des aides à l’embauche (plan « 1 jeune 1 solution »). On emprunte à long terme pour payer des aides du quotidien ! Ces plans sont des « pousse au crime » qui incitent à dépenser pour n’importe quoi. Sans résultat. Ce Plan gigantesque était censé augmenter la croissance de 2% ; il n’y a contribué que pour 0,4% en 2022, selon la Commission.

L’Europe dénaturée veut construire l’avenir des Européens plutôt que de les laisser le dessiner. Elle multiplie les plans pour dépenser à tout va, sans avoir compris que les initiatives productives, les découvertes utiles, le progrès ne peuvent pas naître dans les entrailles de monstres froids, mais seulement dans l’intelligence et la passion des individus créatifs. Les initiatives ont besoin de liberté avant d’avoir besoin d’argent et quand elles en ont besoin, elles en trouvent plus facilement dans des systèmes de financement privés et ouverts que dans des systèmes de financement bureaucratiques.

Il faudrait en effet que le marché des capitaux soit plus actif en Europe. Mais ce sont les investisseurs privés, plutôt que les technocrates ou les politiques, qui sont le mieux à même de savoir quels investissements il faut faire. Et tout investissement est un risque que le contribuable n’a pas à supporter.

Si les Etats-Unis ont mieux traversé les crises récentes, c’est sans doute aussi parce que la dérégulation bancaire de Donald Trump en 2018 a permis aux deux tiers des banques de se soustraire aux tests de résilience annuels de la Fed. Pour que les banques européennes puissent agir à l’échelle de tout le continent, il n’est pas nécessaire de multiplier sans fin les directives européennes. Une reconnaissance mutuelle permettant à toutes les banques des pays membres d’exercer sur tout le territoire européen serait plus efficace, sous réserve, le cas échéant, du respect de quelques règles communautaires simples. Et plutôt que de mobiliser des fonds publics, généralisons les retraites par capitalisation qui drainent d’énormes capitaux privés pour les mettre à disposition des investisseurs.

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1 commenter

Dupond 13 mai 2024 - 9:25

Trop de parasites vivent dans le système français et européen .
Les peuples européens sont ruinés par la nomenklatura dirigeante qui se gave

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