En France, le taux de natalité poursuit sa chute. Il était en moyenne annuelle de 20 pour 1000 habitants dans la décennie 1900, de 16 dans celle de 1930, proche de 19 dans celle des années 1950 pour retomber à près de 13 dans les années 1990, 12 dans les années 2010 et 10,4 en 2022. La population continue de progresser en France, mais surtout du fait du solde migratoire (+160 000 en 2022) trois fois plus important que le solde des naissances sur les décès de + 56 000 en 2022.
Le phénomène existe dans la plupart des pays développés. En France 21,3% des habitants ont plus de 64 ans. La part de ces seniors est supérieure à 22% en Italie, en Finlande, en Grèce, au Portugal et en Allemagne, elle est en moyenne de 20,8% dans l’UE des 27 contre 17,8% en 2011.
L’âge moyen des mariés augmente régulièrement, soit 37,2 ans pour les femmes et 39,6 pour les hommes en 2022, comme celui de la maternité, 31 ans en 2022 contre 29,4 vingt ans plus tôt.
Le taux de croissance de la population mondiale est actuellement de moins de 1% par an. Il était supérieur à 2% dans les années 60. Certaines estimations considèrent qu’il sera inférieur à 0,5% d’ici 2052. En 1950, la population mondiale était estimée à environ 2,5 milliards de personnes. Elle a ensuite atteint 5 milliards d’individus en 1987, puis 6 milliards en 1999 et 8 milliards fin 2022. Selon les projections de l’ONU, elle devrait atteindre un pic d’environ 10,4 milliards de personnes au cours des années 2080 et se maintenir à ce niveau jusqu’en 2100.Mais des scientifiques de l’université de de Washington estiment qu’elle devrait culminer en 2064 à 9,7 milliards d’habitants, avant d’amorcer un déclin pour se situer entre 6,3 et 8,8 milliards en 2100.
Les raisons du déclin
Bien entendu, les progrès de la médecine, l’amélioration des conditions de vie, la contraception, la baisse de la pauvreté ont contribué énormément à la croissance de la population mondiale, notamment en réduisant la mortalité infantile et en allongeant l’espérance de vie. Aujourd’hui les gains s’essoufflent au fur et à mesure que les pays se développent. Mais d’autres phénomènes viennent contrarier la croissance mondiale. L’indice de fécondité a baissé en Chine à un niveau de 1,15 enfant par femme en 2022, ce qui est excessivement bas, comme une conséquence de la politique de l’enfant unique de 1979/2016. Mais la Chine ne fait que suivre un mouvement plus général qui affecte particulièrement le Japon et d’autres pays asiatiques comme la Corée (0,84 enfants par femme en 2020) autant que l’Europe. Le Japon, pour une population près de deux fois supérieure à celle de la France, a enregistré moins de 800 000 naissances en 2022, à peine plus qu’en France.
Selon un sondage Ifop/Elle publié le 28 septembre 2022, 30% des Françaises entre 18 et 49 ans ne désirent pas d’enfant. Le féminisme ambiant, la peur environnementale distillée par les gouvernements et les médias, la propagation de l’idée de décroissance, la prévalence d’un matérialisme désabusé y contribuent. Ceux qui ne croient plus à rien n’attendent rien non plus de l’avenir. Les jeunes fuient devant leurs responsabilités parce qu’ils n’ont plus d’espérance, en lien sans doute avec la perte du sens religieux mais aussi parce qu’ils sont biberonnés, et désarmés, par les Etats providence. Ce qui peut expliquer que les Etats-Unis, plus libéraux et plus religieux, continuent de connaître une croissance de leur PIB plus forte qu’en Europe grâce à une croissance soutenue de la population active (+ 21% de 1998 à 2022 contre + 17% dans la zone euro). Aux signes d’inquiétude et de limitation de l’espérance de vie s’ajoute pourtant encore la drogue, sous toutes ses formes, qui atteint les cerveaux quand elle ne tue pas comme le fentanyl en Amérique du Nord.
Les limites des politiques natalistes
Pour autant, il n’est pas certain que les politiques natalistes soient très utiles. Ce sont moins elles qui ont favorisé l’ampleur des naissances au lendemain de la dernière guerre que le regain de l’optimisme autant que la liberté et la volonté d’entreprendre et de travailler qui ont caractérisé les Trente glorieuses. Au contraire peut-être, au-delà d’un certain seuil équitable, trop d’aide à la natalité pourrait favoriser un esprit d’assistanat nuisible à la créativité et l’initiative.
En fait, le problème n’est pas l’importance de la population mais son désir de travailler et son activité. La Suisse est l’un des pays les plus prospères du monde malgré un taux de natalité modeste (1,46 en 2020 contre 1,83 en France), mais on y travaille beaucoup. La durée effective annuelle moyenne de travail des salariés à temps complet était en Suisse de 1831 heures en 2021. Elle était en France de 1680 heures en 2019, la durée la plus faible de l’Union européenne après la Suède.
Selon une étude de l’OCDE de 2019, on travaille 630 heures par an et par habitant en France (total des heures travaillées sur l’année divisé par le nombre d’habitants) contre 696 en Espagne, 722 en Allemagne, 808 au Royaume-Uni, 826 aux États-Unis, 943 en Suisse et, en moyenne, 744 heures dans l’UE et 804 dans l’OCDE. Sachant que 630 heures de travail représentent environ un tiers de temps plein, il y a donc un Français qui travaille pour deux qui ne le font pas. C’est beaucoup et le coût est lourd sur les épaules de moins en moins de travailleurs.
L’immigration peur suppléer le renouvellement des générations, mais à condition que son intégration soit possible, ce qui est difficile dans les pays occidentaux que le bien commun ne réunit déjà plus.
L’Intelligence artificielle et l’innovation en général permettront probablement de travailler moins, mais en l’état, ceux qui refusent aujourd’hui de travailler plus longtemps, alors que l’espérance de vie en France des hommes à la naissance a augmenté de près de 10 ans entre 1980 et 2020, vont accroitre la pauvreté plutôt que la combattre.
Il faut moins financer les familles que les réhabiliter, encourager le travail plutôt que de le pénaliser et éduquer la jeunesse, lui transmettre une culture et une civilisation pour qu’elle puisse à son tour la partager, avant de la bercer d’illusions.
4 commentaires
Pourquoi avoir plus de naissances ou plus de population surtout issue de la migration alors qu’il y a de moins en moins de travail et d’usines. Ce n’est pas en créant de nouveaux services publics ou des société d service que l’on va créer de la richesse. Reste à connaître la raison du déclin industriel da la France ! N’est-ce pas la cause d’une République boulimique qui fait de la France le pays le plus taxé au monde et aujourd’hui le plus endetté S Macron / habitants.
La sortie de crise devient insoluble dans cette République qui nationalement et localement continue à dépenser plus et qui pose de plus en plus de contraintes imbéciles à ceux qui travaillent et aux entreprises.
Et puis n’est-ce pas aussi la faute des médias qui ne parlent de vacances 24 h et que de nos jours bloquer un pays en période de travail n’est médiatiquement pas grave, mais bloquer le pays en période de vacances est criminel :
Le monde médiatique n’est-il finalement pas le premier responsable de cette situation quand en plus ils font de la politique et mettent en avant de la scène tous les extrémistes du monde et prône en permanence l’assistanat mondiale et la fainéants. Est ce que Hollande aurait été élus sans le tapage médiatique ? Est-ce que Macron aurait été élu sans le tapage médiatique ? Les bonnes questions mériteraient d’être posées . Pourquoi la République parle interdire les quelques médias qui ont une meilleure audience pluraliste ? la natalité est secondaire dans ce débat et elle vient naturellement si tout va bien. Enfin n’est-ce pas la faute se la République elle même qui ne fait qu’exprimer son ADN.
La démographie n’est pas un problème. Le manque de travail et sa durée en sont un. Et lorsque je parle de travail, j’entends travail productif. Or, en France en 2023 il y a, à peu près, 67 millions d’habitants et seulement une dizaine de millions, tout au plus, de vrais productifs. Alors devant ce constat, il faut avoir le courage d’admettre que la France est complètement bolchevisée !!!
Certes la valeur travail est fondamentale , il n’en reste pas moins que l’effondrement de la natalité aura et a déjà des conséquences, une société vieillie sera forcément moins innovante moins dynamique , réhabiliter la famille oui mais ça passera aussi par un effort financier en faveur de celle-ci à défaut acceptons de nous appauvrir et disparaître progressivement
1/ De fait la prospérité ne dépend pas de la natalité mais de la production de richesses. On peut approcher cette production de richesses en mesurant le PIB/habitant. Les paramètres sont connus, état de droit, marché libre, concurrence, productivité, dépense publique efficiente et limitée.
2/ L’argument des emplois délaissés par les autochtones est une mystification dans un pays ou il y a encore > 7% de chômeurs. C’est bien les modalités d’indemnisation du chômage qui empêchent le plein emploi.
3/ convoquer la fertilité des femmes est un vieux réflexe des temps de conscription. Croire que l’état par sa dépense publique baptisée politique familiale peut augmenter la fertilité est une illusion. Des moyens considérables la ralentissent et l’état les subventionne, pilule, avortement, condoms et vasectomie sont remboursés par les prélèvements obligatoires. Sans parler de la guerre idéologique contre le modèle familial jugé trop patriarcal…
4/ Mais il y a des externalités négatives à la CAF. Faire des enfants étant une source de revenus ce sont plutôt ceux qui n’en ont pas qui tendent à contraindre leur épouse d’en faire. C’est une dysgénie.
5/ Autre externalité négative la baisse des investissements dans l’automatisation et la robotique…
Excellent article.