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Europe : Mario Draghi préconise moins de réglementations et de normes mais aussi un plan d’investissement public

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Un constat irréfutable sur la perte de compétitivité de l’Union européenne mais un plan d’action fondé sur l’éternel recours aux dépenses et emprunts publics qui, précisément, sont la cause principale du décrochage.

Mario Draghi, ancien Premier ministre italien et toujours très respecté à Bruxelles en tant que « sauveur de l’euro » à la tête jadis de la Banque centrale européenne, a exposé, dans un rapport de 400 pages que lui avait commandité la Commission européenne, les raisons du décrochage économique massif des membres de l’Union par rapport à la Chine, ou aux Etats-Unis. La différence de productivité des travailleurs et capitaux du vieux continent par rapport à ces deux rivaux s’accentue depuis des années, ce que confirme n’importe quel voyage, les yeux ouverts, ou l’évolution du PIB par habitant ; le revenu disponible des Américains a augmenté deux fois plus vite que celui des Européens depuis le début du siècle.

Si l’Europe veut demeurer un acteur de premier plan des nouvelles technologies, défendre sa prospérité et sa souveraineté tout en voulant rester un « modèle de responsabilité climatique » (nonobstant le fardeau que cela représente et l’impact douteux que cela peut avoir sur la température de la planète), ou financer son modèle social (toutefois riche en désincitations à l’activité ou à l’investissement), Mario Draghi juge urgent un « changement radical ». Ce rapport censé inspirer l’action de la Commission européenne pour les cinq prochaines années liste 170 mesures, au risque de ressembler à un catalogue de vente par correspondance.

Certaines sont bienvenues, par exemple le souci de réduire les dépendances des Vingt Sept envers certaines matières premières et technologies clés dominées par Pékin, d’autres proches du vœu pieux, flexibilité, meilleure gouvernance, etc. Mario Draghi préconise notamment de réduire les règlementations et les normes dont seuls les bureaucrates ne veulent pas voir combien elles pénalisent entreprises… et consommateurs. L’Union est « en train de tuer [ses] petites entreprises », par excès de lois, a-t-il souligné. Et il propose d’alléger les règles de concurrence afin de permettre les fusions à l’échelle européenne, notamment dans les télécoms ou la défense, si tant est que la taille constitue forcément un avantage dans des secteurs requérant de l’agilité, au nom de la recherche d’économies d’échelle.

Mais l’élément principal du rapport est l’appel à lancer… un plan d’investissement public de 800 milliards d’euros minimum. Chassez le naturel du bureaucrate, il revient au galop. Cela représenterait 5 % du PIB, pour assurer à la fois la transition énergétique, le virage numérique, redresser la compétitivité, décarboner, relancer l’armement… via le mécanisme classique des investissements privés « fléchés » de gré ou de force vers des programmes publics, appuyés sur l’émission régulière d’emprunts en communs des Etats membres. Une ligne rouge pour de nombreux pays européens du nord de l’Europe tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas, qui craignent, on peut les comprendre, que cela ne pousse au financement d’éléphants blancs ou que cela conduise à une certaine irresponsabilité budgétaire les pays du sud.

Un plan massif au risque, classique, de la gabegie et de la gestion de programmes par des bureaucrates à qui personne ne confierait la gestion d’une baraque à frites. Et, puisqu’il est question d’innovations, question historique simple : parmi les inventions et techniques au cours des siècles ayant amélioré le sort de l’humanité (électricité, automobile, avion, moteur à explosion, plastiques, textiles, téléphone, greffes d’organes, contraceptions, antiseptiques, chirurgie, vaccins, ordinateurs, antibiotiques, cinéma, radio, agronomie…), combien, hors armement, sont sorties de plans gouvernementaux ?

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