L’État et les collectivités ne savent plus comment prendre le problème du logement. Malgré une démographie défaillante, la population en France continue doucement d’augmenter au rythme du vieillissement de la population. Cela, ajouté à une urbanisation croissante et aux séparations plus fréquentes des couples, entraîne ipso facto la nécessité d’une offre supplémentaire de logement. Elle a pourtant, bien au contraire, fortement décru depuis la crise du COVID. (De l’ordre de 370 000 livraisons seulement en 2023 soit une baisse de près de 10 %).
En matière d’immobilier, le choix se fait entre l’investissement privé et l’investissement public. Jusqu’ici la politique du gouvernement, (et des collectivités) a été assez contreproductive :
- renforcement y compris par la loi, de l’obligation de logement dits sociaux dans les communes, ce qui pose toutes sortes de problèmes (notamment disponibilité de terrains et financement quand ce n’est pas la création de ghettos).
- déclassement réglementaire d’une partie du parc car requalifié en passoire thermique ce qui bien entendu augmente la rareté pour des raisons écologico-climatiques., pouvant aller jusqu’à l’interdiction de revente.
- limitation plus ou moins autoritaire des résidences secondaires
- mise en place de la notion d’artificialisation des sols (toujours l’écologie punitive)
- taxation au maximum de l’immobilier privé. Le dernier avatar de cette politique est la suppression de la taxe d’habitation laquelle s’est tout naturellement reportée sur les propriétaires bailleurs ou de résidences secondaires. Le suivant est la taxation sur les logements vacants.
- semi-blocage des loyers
- cerise sur le gâteau, l’envolée des taux des prêts immobiliers consécutive à l’inflation mal vécue par les acheteurs.
Résultat : en 50 ans non seulement les sociétés d’immobilier se sont désengagées du marché des ménages mais il en est de même désormais des quelques particuliers qui résistaient encore. (La pierre c’est du solide !).
Le désintérêt croissant des propriétaires individuels pour l’investissement dans l’immobilier
Les incitations tous azimuts à devenir propriétaire, le constat navré du fait que peu de jeunes y parviennent maintenant (notons incidemment qu’il y a 50 ans, le logement coûtait aux Français peu ou prou la même chose que maintenant : 30% de leur budget, si l’on excepte les loyers bloqués de l’après-guerre). Les dispositifs Scellier et autres Pinel mis en place pour faciliter l’investissement dans la pierre afin de louer, ne changent rien à la réalité du terrain : tout est trop cher, trop taxé et trop compliqué.
Le résultat global de l’ensemble de ces politiques est un désintérêt croissant des propriétaires individuels pour l’investissement dans l’immobilier à part peut-être leur résidence principale. La charge d’investissement, considérable dans ce domaine, retombe donc en quasi-totalité sur les collectivités et l’Etat alors qu’il manque de l’argent partout. L’investissement immobilier a pourtant été longtemps le placement préféré des ménages.
Les dernières nouvelles ne sont pas très encourageantes : on envisagerait désormais la taxation du loyer fictif des propriétaires, le contrôle plus ou moins larvé des résidences secondaires, et, last but not least, un encadrement durci du système dit « Airbnb » (sa marque la plus connue).
Il ne faut pas mettre des barrières au développement du logement
On constate en effet un réel succès des systèmes de location meublés plus ou moins occasionnels tel Airbnb, Booking.com,…lesquels mordent au moins partiellement sur les locations traditionnelles disponibles.[1]
Nombre de propriétaires ont constaté qu’ils offrent une meilleure rentabilité, simplicité et flexibilité que la location traditionnelle. Et les utilisateurs s’en montrent eux aussi très satisfaits. (internet remplace l’Agence !). Ils permettent en outre de remettre sur le marché des locaux inutilisés[2]. C’est probablement un peu trop beau et trop libre pour notre administration : il serait question de mieux « encadrer » les procédures… Certes, il y a encore un équilibre à trouver dans les zones les plus exposées. Mais mettre des barrières au développement de ces nouveaux modes de location et donc à la rentabilisation d’un investissement immobilier, cela rappelle fâcheusement l’histoire des 35 heures qui devaient créer des emplois par le partage du travail : non seulement il n’en a rien été, mais l’augmentation des charges pour les entreprises en a fait disparaître… sans compter une baisse de compétitivité durable pour la France.
Ces partis-pris et ces ingérences dans les préférences et les choix des acteurs du marché laissent perplexe – une fois de plus ! – sur la logique de nos hautes autorités, lesquelles encouragent et applaudissent en parallèle le covoiturage. On constate en effet une sorte de gémellité entre ces deux ingénieux modes de simplification de la vie courante, pratiques et économiques pour les deux parties, qui ne coûtent rien aux finances publiques et rendent service à tout le monde, dans toutes les strates de la société.
Alors, pourquoi tout faire pour promouvoir l’un et s’acharner sur l’autre ?
[1] mais il y aurait plus d’un million de logements vacants en France du fait des découragements des propriétaires et locataires !
[2] compte tenu des questions qui se posent à la France : dette, logement, transition écologique, nucléaire, réindustrialisation, défense,… il est manifeste que l’investissement public n’y suffira pas.
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Autre raison de la diminution du parc locatif privé me semble-t-il : la dette publique.
Les assureurs ont délaissé l’immobilier au profit des OAT.