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Retailleau candidat en 2022 ?

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« Jamais je ne me suis rêvé en Président de la République ». C’est ce qu’on peut lire dans la « Lettre aux Français » publié par « Force Républicaine » aujourd’hui même. Mais Bruno Retailleau est l’un des candidats que les électeurs de droite choisiraient, suivant un sondage publié il y a deux semaines. Sondage peu encourageant puisqu’il plaçait largement Emmanuel Macron en tête, et ne donnait que 5% des suffrages à l’actuel président du groupe des Républicains au Sénat.

Bruno Retailleau a eu raison de se placer dans la course, car les Français sont incontestablement en quête d’un changement, que certains avaient attendu d’Emmanuel Macron mais qui n’ont rien vu de nouveau. Quel leader peuvent-ils alors envisager ? La classe politique est globalement discréditée, ce qui s’est déjà manifesté par les abstentions massives. En revanche les Républicains ont remporté un succès (prévisible) lors des élections locales et sénatoriales.

L’auteur de la lettre se présente ouvertement comme un homme de droite, et sa valeur de référence est sans aucun doute l’ordre républicain. Il est vrai que la France est en plein désordre, et Bruno Retailleau n’a aucune peine à énumérer ce qui ne marche plus dans « La République en marche ». Incontestablement sa cible principale est celle de l’électorat de Marine Le Pen, qui est en effet aujourd’hui la seule candidate déclarée susceptible de faire le poids face à Emmanuel Macron. Elle peut tirer argument des innombrables erreurs accumulées depuis trois ans, et le Covid n’a rien arrangé. Et Bruno Retailleau d’évoquer les atteintes à l’ordre public, les manifestations sauvages, l’immigration incontrôlée, les déséquilibres des finances publiques, les corruptions et abus de toutes sortes, au détriment de ceux qui travaillent…

Pour séduire l’électorat du Rassemblement National, certains couplets démagogiques ne sont pas oubliés : les désordres sont payés par les plus modestes « quand les plus aisés sont protégés derrière le mur de l’argent, dans les beaux quartiers, à l’abri des barbares », et pour remettre de l’ordre à nos frontières « nous pouvons mettre en place avec nos voisins un blocus sécuritaire et humanitaire en Méditerranée » Aujourd’hui les immigrés s’entassent dans des favelas au cœur de nos cités « en leur ouvrant nos portes nous les avons mis à la rue ».
Regardons de plus près l’amorce de programme présentée dans cette Lettre.
Remettre de l’ordre dans notre système de santé est un objectif bien ciblé, en finir avec les services bureaucratiques coûteux, supprimer les ARS s’impose en effet, tout comme revaloriser la médecine libérale (liberté des honoraires).
Remettre de l’ordre à l’école semble passer par la création d’un ministère de la Formation, avec un crédit formation ouvert à chaque jeune, qui puisse lui permettre de choisir l’établissement ou l’accompagnement, qu’il soit privé ou public. L’Education nationale est une administration retranchée derrière ses murs, mais le monopole de l’enseignement, de la pédagogie, appartient-il à l’Etat ? S’agit-il de systèmes de bons scolaires, ou de concurrence entre établissements librement créés ?
Remettre de l’ordre dans l’économie laisse penser que le travail est la base de toute production : il faut « augmenter le pouvoir d’achat de ceux qui font tourner nos usines, grandir nos PME, vivre nos entreprises artisanales ». Verser un treizième mois pour les salariés les plus modestes c’est les enfermer dans des emplois non qualifiés, au lieu de les encourager à progresser. Il n’y a aucune allusion aux entreprises publiques, ni aux charges fiscales et sociales des entreprises privées.
Pour remettre de l’ordre dans la politique sociale, en quoi consiste « une grande réforme du travail soumise directement aux Français dès le début du quinquennat » ? Et quid de la réforme des retraites ?

Il nous faut remettre de l’ordre face aux désordres écologiques « parce que le compte à rebours est lancé et que le climat n’attend pas ». Une ceinture verte doit protéger l’Europe et l’Etat doit taxer les produits des pays qui ne respectent pas les accords de Paris. La recherche énergétique doit passer de 0,5 à 1 % du PIB.
Enfin remettre de l’ordre en Europe implique un respect des souverainetés nationales, et la protection contre les migrations bien sûr, mais aussi contre les prédations, qui naissent de la concurrence déloyale régnant dans les échanges : « Je crois à la liberté, aux vertus de l’échange […] (mais) en cédant à une conception brutale et radicale du marché, l’Europe n’a pas servi la liberté ». Il faut donc obtenir de l’Europe « la réciprocité dans les échanges, la préférence européenne, le renforcement des protections douanières, la refonte du droit européen de la concurrence. »

Nous ne voyons pas dans ce premier jet d’un programme présidentiel une inspiration réellement libérale. La diminution du poids de l’Etat, la privatisation de la plupart des services publics autres que ceux qui relèvent du domaine régalien, la remise en cause de l’Etat providence, le respect de la propriété privée et du patrimoine immobilier, ne sont pas évoqués. Le patriotisme économique et écologique est en outre totalement décalé dans un monde ouvert qui a perdu toute dimension géonomique. Que Bruno Retailleau flatte l’électorat du Rassemblement National, c’est évident et peut-être efficace. Mais il ne devrait pas pour autant s’inscrire dans la tradition étatiste de la droite française ni ignorer le vote libéral. Il devrait nous lire et nous entendre. Mais n’a-t-il pas jadis déclaré que le « libéralisme n’est fait que pour les Anglo-Saxons » ?

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4 commentaires

cric 9 novembre 2020 - 8:42

Victoire qui appelle des déroutes
Lors de municipales, LR a sauvé les apparences grâce au villes moyennes où l'implantation locale est prépondérante. Dans les grandes villes, c'est une véritable déroute : perdre Marseille, Lyon, Bordeaux, être inexistant à Paris ou Nantes ne laisse que peu d'espoir pour le futur, à moins de clarifier la ligne politique.

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Edili 9 novembre 2020 - 9:16

Réponse personnelle et rapide à Retaillau.
J'apprends avec émoi que la France est un pays de liberté.
Quelle surprise, le pays, champion de la fiscalité et des prélèvements, ( le seul a avoir confirmé la théorie de la courbe de Laffer) , le champion des normes, règlements et autres subtilités administratives serait un pays libre.
Disons plutôt que le discours officiel argumente en permanence pour imposer cette belle histoire de la France, soit disant pays des lumières et des droits de l'homme.

Ce serait vite oublié les tracasseries d'une administration toute puissante et irresponsable aux milliers de CERFA à l'utilité douteuse.
Une police qui ne protège plus les citoyens, mais sert juste à protéger le pouvoir en place, utilisant pour cela techniques d'encerclement et armes de guerre, n'hésitant pas à éborgner et arracher les mains de nombres de citoyens. Couverte par une soit disant "police des polices" qui ne sert en fait qu'à garantir l'impunité de ses membres.

Évitons d'évoquer le recul ou le silence des gouvernements successifs ( gauche ou centre gauche, la droite n'éxistant pas en France ) sur tout les sujets sensibles, ou pouvant choquer une partie de la population.
Évitons également de parler de choix de société litigieux, voir ubuesques, tel la théorie du genre, contraire à toutes les études sérieuses menées sur le sujet, ( Milford Spiro ou Nancy Huston).
Les lubies d'écolos bobos, toujours gauchissant, désireux d'en découdre avec les traditions les plus appréciées des francais, sapin de Noël et tour de France, sans compter leur volonté de tuer l'économie de la voiture en France pour privilégier des transport en commun qui, quand ils existent, sont soumis aux désidératas et au pouvoir de nuisance de quelques syndicalistes survivants grâce aux subsides de l'état, et dont le seul but semble être le maintien de leurs privilèges.

J'arrête ici cette liste non exhaustive pour conclure mon propos.

Non, la France n'est pas le pays de la liberté, c'est celui de la contrainte et de la spoliation, celui de la force violente contre la population, celui d'une holigarchie déconnectée de la réalité et vivant ds son petit microcosme parisien, entretenant ses petits privilèges au dépend du reste de la population.

Aujourd'hui, nous sommes la risée du monde moderne et je n'ose même plus dire que je suis français, préférant utiliser le nom italien de ma mère pour éviter les railleries de mes interlocuteurs lors de mes déplacements à l'étranger.

Je vous laisse à vos réflexions, très certainement d'un autre niveau que les miennes, et vous livre les seuls propos que m'enseigna mon père avant qu'il ne décède alors que je n'étais encore qu'un tout jeune enfant. Étaient ils de lui ou avait il repris cette phrase entendue d'un autre, cela n'a pas d'importance. Mais cela reflète bien la situation de la France aujourd'hui.

" Les grands discours ont tués la France"

Puissiez vous vous en inspirer.

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Kircher Jean 9 novembre 2020 - 10:22

France et Libéral sont 2 concepts opposés
Quelle farce! La France fonctionnarisée dans un délire socialiste ne se sortira plus de cette impasse.
Dirigée par les énarques et la cohorte de cadres sur-payés ce pays est devenu ingouvernable. Les Retailleau et consorts sont dans leur bulle bien au chaud et n'auront ni le courage ni la compétence pour changer quoi que ce soit!
Ce pays est foutu…

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Maellys93 13 novembre 2020 - 11:04

Lettre de 300 lignes, mais RIEN de concret
J'ai lu les 300 lignes de sa lettre.
OK avec les principes généraux enoncés.
MAIS, je n'ai rien lu de CONCRET.
===========
Par exemple: l'IMMIGRATION:
Arrêt du regroupement familial? OUI/NON
Suppression de la double nationalité extra européenne? OUI/NON
Suppression droit du sol ? OUI/NON"
==========
Autre sujet: la logorrhée législative, l'empilage des technostructures. Rien de CONCRET pour diminuer la complexité du fonctionnement de l'Etat et des collectivités locales!!!
Suppression du statut de fonctionnaire pour toutes les fonctions qui ne sont pas du domaine REGALIEN ? OUI/NON
NON renouvellement de tous les postes de HAUTS FONCTIONNAIRES non régaliens partant à la retraite? OUI / NON
Etc…
Etc…

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