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Brésil, Bolsonaro et COVID : le virus de la désinformation frappe encore

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Depuis son élection, et même depuis le début de sa campagne, Jaïr Bolsonaro s’est attiré les foudres d’une grande partie des médias, qui le jugent autoritaire et d’extrême-droite avec une belle unanimité. Les feux en Amazonie avaient déclenché des attaques violentes, contre son action et contre sa personne. Aujourd’hui, avec le Covid, une nouvelle vague de contestations, frisant souvent les insultes, atteint Bolsonaro pour sa gestion, déclarée calamiteuse, de la crise. Essayons, sur quelques points précis, de démêler le vrai du faux.

Le coronavirus est le nouveau prétexte pour taper sur les Etats-Unis de Trump « le fou », et sur le Brésil de Bolsonaro « le dictateur d’extrême-droite ». Et forcément, les morts du coronavirus sont plus nombreux dans les pays où la droite conservatrice et libérale est au pouvoir. De plus, les deux présidents ont vanté les mérites de l’hydroxychloroquine : erreur fatale qui peut les envoyer directement au bûcher médiatique.

Désinformation par les chiffres

Pour insister sur le fait que les citoyens brésiliens meurent en masse, on nous parle du nombre de morts par jour, depuis le début de la crise sanitaire. On en est désormais au total à plus de 43 000 morts ! C’est une hécatombe, les cadavres bouchent les rues.
Mais le nombre de morts est très vite nuancé quand on l’évalue par rapport au nombre d’habitants. Le Brésil, c’est 212 millions d’habitants, et 43 389 morts au 15 juin. La France, c’est 67 millions d’habitants, et 29 407 morts à la même date.

Nombre de morts selon les pays par million d’habitants au 15 juin 2020
Pays Nombre de morts / million d’habitants
Brésil 210
Equateur 235
Etats-Unis 359
France 435
Royaume-Uni 643
Italie 544
Espagne 548
Belgique 937
Suède 485
Allemagne 108
Corée du Sud 5

Pourquoi n’entendons pas beaucoup parler de la Belgique, dont le nombre de morts par million d’habitants, s’élève à 937 contre… 210 pour le Brésil ?

Favelas et confinement : une difficulté de taille

Le président Bolsonaro s’est positionné contre le confinement qu’il juge liberticide. Encore une raison de le placer dans la case des inconscients. Les anti-confinement, ce sont, pour les journalistes, les complotistes et les Américains sortant avec leurs armes. Ce qui ne ressemble pas trop au dirigeant suédois, Stefan Löfven, membre du Parti social-démocrate (Gauche suédoise). Bizarrement, son positionnement politique n’est pas rappelé quand on évoque le non-confinement et le nombre de morts en Suède dans les journaux. Un oubli, sans doute.
Le confinement, au Brésil, n’est pas seulement une question d’idéologie, mais aussi de confrontation au réel. Plus de 11 millions de Brésiliens vivent dans les favelas, dans des conditions d’hygiène misérables. Les familles sont souvent nombreuses et les habitations les unes sur les autres. Comment confiner ? On a reproché à Bolsonaro de n’avoir rien fait pour lutter contre la pauvreté. Mais les favelas existent depuis fort longtemps, et ce malgré une quinzaine d’années de gouvernement socialiste de Lula et Dilma Roussef.

Le pouvoir politique et judiciaire contre Bolsonaro

Malgré son élection avec 55 % au 2e tour, pour 46 % dès le 1er tour, Jaïr Bolsonaro n’a pas de majorité ni à la chambre des députés, ni au Sénat. Et ces élus font tout non seulement pour bloquer les réformes du gouvernement, mais aussi pour attaquer le président. Il faut dire que son cheval de bataille est la lutte contre la corruption. Et qu’une bonne partie des élus (députés, sénateurs, gouverneurs) risquerait de finir en prison.
La Cour suprême brésilienne (Tribunal fédéral suprême ou STF) a non seulement essayé à de multiples reprises de casser des réformes et décisions de Bolsonaro, mais aussi de le destituer. Une trentaine de procédures ont ainsi été engagées contre lui, mais aucune n’a de réelle chance d’aboutir. Rappelons que bon nombre des juges siégeant au STF ont été nommés sous Lula et Roussef.
Autre précision importante : le Brésil est un Etat fédéral et ce sont les gouverneurs des Etats et les maires qui peuvent décider du confinement ou non, ainsi que des mesures sanitaires. Bolsonaro, qui n’a aucune compétence exécutive en la matière. Le « populisme » et la figure de Bolsomito ont bon dos. S’il y a des responsables, ils ne se trouvent pas à Brasilia. Ce n’est d’ailleurs pas « la faillite du populisme » qu’il faut constater, mais au contraire la faillite de toute une élite politique corrompue, inefficace dans la lutte contre le virus, préférant mettre tous ses efforts dans un seul objectif, se débarrasser d’un président élu et soutenu largement par la population.

Des gouverneurs pas si exempts de tout reproche

Le gouverneur de l’État de São Paulo, João Dória du PSDB (parti centriste), a décidé (comme Mme Belloubet) de libérer des prisonniers dont des pédophiles, des trafiquants de drogue et des meurtriers tout en ordonnant à la police d’arrêter les vendeurs de rue ne respectant pas le confinement.
Le gouverneur de l’État d’Amazonas, Wilson Lima du parti PSC (droite anti-Bolsonaro), a dépensé 2,9 millions de reais (465 000 €) pour acheter des respirateurs dans un magasin… de spiritueux, tout en surévaluant l’achat de 316% !
L’ancien sous-secrétaire à la santé, Gabriell Neves, qui faisait partie de l’équipe du gouverneur de Rio de Janeiro Wilson Witzel, du parti PSC, a été arrêté avec trois autres hommes d’affaires pour fraude à l’achat de respirateurs et de masques pour les hôpitaux. Par ailleurs, le gouverneur de Rio, grand opposant de Bolsonaro, est poursuivi pour des affaires de corruption, et serait proche de la prison…
Et ça ne s’arrête pas là ! Récemment, lors d’une opération appelée «Opération Oxygène (co2)» (“Operação Oxigênio (co2)”) dans le cadre d’une enquête sur une affaire de fraude dans l’achat de respirateurs dans l’État de Santa Catarina, la police fédérale a arrêté un conseiller de l’État de Rio de Janeiro. Celui-ci avait participé à la fraude et 300 000 reais en liquide ont été retrouvés par la police fédérale dans son appartement.
Tout cela n’est qu’un petit aperçu de ce qu’il se passe en ce moment au Brésil, où la corruption ne s’est pas arrêtée avec le virus. Le combat contre la corruption, une grande promesse de campagne de Bolsonaro.

Ce qui n’est pas dit

Si certains gouverneurs des Etats ont décidé le confinement, d’autres en revanche ont pris le parti contraire. C’est le cas des Etats du Rio Grande do Sul, de Santa Catarina, de Parana, et de Minas Gerais. Le gouverneur de ce dernier Etat est un solide soutien de Bolsonaro. Pourtant, il n’est pas attaqué. Pourquoi ? Eh bien parce qu’ils sont ceux où l’on dénombre le moins de morts du coronavirus au Brésil ! (Hormis les Etats en Amazonie) Et sans confinement ! D’ailleurs, en général, les Etats où les gouverneurs soutiennent Bolsonaro se portent mieux que ceux des opposants.
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En rouge les gouverneurs opposants à Bolsonaro
En jaune les gouverneurs n’ayant pas pris position
En vert les gouverneurs soutenant Bolsonaro

La gestion brésilienne du coronavirus laisse probablement à désirer. Mais elle n’est pas le seul fait du président Bolsonaro. Le peuple brésilien soutient son président comme le démontre la manifestation ayant eu lieu le 31 mai à Brasilia. Mais les médias, comme pour Trump, préfèrent passer cela sous silence et montrer les manifestations de l’extrême gauche.
Il serait temps pour les journalistes de se concentrer sur l’essentiel, l’information, et de laisser leurs rancœurs de côté.
Sources :

Brésil : le virus de la désinformation


https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_Covid-19_au_Br%C3%A9sil

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2 commentaires

Etienne 23 juin 2020 - 9:38

La gestion du COVID para Bolsonaro
Bravo pour l’article de Aymeric Belaud.
Français vivant au Brésil depuis 7 ans, je désespérais de lire enfin un article objectif sur la situation au Brésil. La presse subventionnée européenne ne fait plus son travail et semble figée dans son idéologie anti-liberale. Au delà des apparences et des discours, le président brésilien fait du bon travail, malgré l’opposition farouche de “l’élite politique” corrompue par 20 ans de socialisme comme vous le précisez). Bolsonaro est notamment aidé par son remarquable ministre de l’économie Paulo Guedes.
Félicitations pour votre article!

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Aymeric Belaud 23 juin 2020 - 12:10

Merci pour votre commentaire.

A l'IREF, nous essayons de lutter contre la désinformation de nos médias notamment envers les leaders libéraux. Il est nécessaire de rétablir certaines vérités contre des médias français qui n'ont plus la confiance des citoyens. (https://fr.irefeurope.org/5746)

La liberté et la vérité, voilà les combats que nous menons à l'IREF.

Merci encore pour votre soutien.

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