Contrairement à ce que soutiennent la plupart des politiques, le SMIC et le Code du travail détruisent des emplois et paupérisent les travailleurs
Les arguments les plus fréquents présentés par les adversaires de la réforme du marché du travail concernent la « paupérisation » des travailleurs en cas de libéralisation et d’introduction de la flexibilité. Ceux-là (ils sont de gauche et de droite) devraient bien regarder le dernier Rapport de l’OCDE sur le pourcentage des travailleurs pauvres dans les pays membres. La France faite partie des…moins bien lotis. Avec 7.1 % des travailleurs pauvres, notre pays est au même niveau que la…Hongrie. Ce pourcentage est même deux fois plus élevé qu’en Allemagne (3.5 %), pays donné comme « mauvais exemple » concernant la réforme du marché du travail.
En réalité, notre SMIC et les rigidités du Code du travail fabriquent des travailleurs pauvres. Les pays mieux classés que la France, comme le Danemark, la Suisse, la Nouvelle Zélande, l’Australie, le Royaume-Uni, l’Irlande sont aussi des pays où le marché du travail est très flexible.
En Suisse par exemple, on ne dénombre que 200 pages de textes juridiques sur le travail, il n’existe pas de salaire minimum fédéral, les salaires sont négociés au niveau intra-branche par des conventions collectives et des accords d’entreprise, et les licenciements n’ont pas besoin d’être justifiés. En Allemagne, il n’y a pas vraiment de Code du travail comme en France et une disposition très intéressante a été introduite en 2004 : la protection de l’emploi sous forme de contrat à durée indéterminée ne vaut que pour les sociétés de plus de 10 salariés. Dans les PME avec moins de 10 salariés il existe donc une totale liberté de licencier. Enfin, au Royaume-Uni, l’introduction des contrats zéro heure a favorisé une flexibilité importante dans le marché du travail en permettant aux employeurs d’embaucher des salariés et de les faire travailler en fonction des besoins de l’entreprise. La combinaison de ces contrats flexibles négociés directement avec les entreprises avec une faible indemnisation chômage et un plafonnement du montant total des transferts sociaux produit une incitation forte au travail.
FRANCE | 7.1 % |
ROYAUME-UNI | 5.8 % |
SUISSE | 5.7 % |
AUSTRALIE | 4.8 % |
NOUVELLE ZELANDE | 4.7 % |
IRLANDE | 4.3 % |
DANEMARK | 3.8 % |
ALLEMAGNE | 3.5 % |
OECD : Income Distribution Database (2016) |
Il est dommage que ces chiffres n’aient pas été repris par les défenseurs d’une réforme importante du marché du travail. Ils sont imparables. Le modèle social français crée non seulement du chômage de masse mais fabrique aussi des travailleurs pauvres.
3 commentaires
sources
Bonjour, pourriez-vous SVP citer correctement vos statistiques? je ne retrouve pas l'indicateur "Pourcentage de travailleurs pauvres" dans la base de l'OCDE. Quel est son nom en anglais? Quelle est l'année de référence des chiffres, 2016? Merci
Re : sources
OECD : Income Distribution Database (2016)
quelques précisions
Ces chiffres de l'OCDE indiquent le taux de pauvreté relative qui, comme vous le savez,est basé sur le revenu médian de chaque pays. Une baisse de celui-ci (ce qui a été le cas de l'Allemagne ces dernières années) induit une diminution "mécanique" du taux de pauvreté relative, mais pas du nombre de travailleurs pauvres. Les chiffres que vous cités sont donc à interpréter avec une certaine modération… A titre de comparaison, Eurostat (246/2016, 8 décembre 2016) chiffre à 8,81% le nombre de travailleurs à bas salaire* en France (2014), contre (environ) 23% en Allemagne.
* 60% du salaire médian