Après presque un mois de suspens électoral, de recours devant les tribunaux et de recomptage, Pedro Castillo a officiellement été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle par la commission électorale du Pérou. Il s’est adressé à la nation et au Congrès, mercredi 28 juillet, jour du bicentenaire de l’indépendance nationale. Il doit prêter serment ce jeudi. En France, son discours est passé relativement inaperçu bien qu’il ait été relayé par Jean-Luc Mélenchon.
Le nouveau président a semblé adresser un message, non seulement à ses électeurs, mais aussi aux chefs d’entreprises et aux investisseurs. En effet, le manifeste électoral de son parti, Peru Libre, dressait les contours d’une politique marxiste prenant modèle sur Chavez et Castro. Cependant, Castillo a déclaré qu’il respecterait le droit de propriété, qu’il n’y aurait pas de nationalisations ni d’étatisation de l’économie. Ainsi le programme politique qu’il dresse s’apparente-t-il davantage au socialisme à l’européenne qu’à l’extrême-gauche sud-américaine. Il a réaffirmé sa volonté de réformer la constitution par la voie légale, en passant par le Congrès, avant de décider de la convocation d’une assemblée constituante.
En outre, s’il apparaît comme socialiste économiquement, il semble être conservateur sur les valeurs. Il a déclaré que les délinquants étrangers auront 72 heures pour quitter le pays, que les jeunes non diplômés ou sans emploi devront faire un service militaire, et qu’il est opposé au mariage gay et à l’avortement.
Son programme politique prévoyait le pire. Finalement, le contenu plus nuancé de son discours est prompt à rassurer les Péruviens et les investisseurs. Attendons donc les actes avant de juger. Néanmoins, même atténué , ce programme met déjà le Pérou dans le camp des pays socialistes de l’Amérique du Sud et il n’est peut-être que de la poudre aux yeux pour rassurer le monde en attendant de faire pire.