L’IREF a rappelé en février 2023 comment le gouvernement socialiste portugais avait mené, en 2006-2007, une réforme des retraites extrêmement courageuse, mettant fin aux avantages acquis des fonctionnaires et relevant progressivement l’âge de départ, de 60 à 65 ans. Nous avions également salué l’accroissement de l’attractivité économique du pays. Il est donc regrettable de constater le regain de faveur que connaît, parmi les dirigeants socialistes qui sont au pouvoir au Portugal, la croyance dans l’efficacité des solutions interventionnistes comme moyen de juguler l’actuelle crise inflationniste. Parmi les dernières manifestations en date de cette croyance, la décision d’affecter 38 brigades constituées d’inspecteurs de l’Autorité pour la sécurité alimentaire et économique (ASAE) – qui dépend du ministère de l’Agriculture – afin de multiplier les opérations de contrôle dans les grandes surfaces pour s’assurer que les hausses de prix sont bien conformes à la réglementation. Pis : certains partis ont même proposé de revenir à une loi datant de 1984, qui disposait que la marge bénéficiaire nette ne pouvait dépasser 15%.
Le ministre de l’Économie, Antonio Costa Silva, avait alors justifié l’intensification des contrôles dans les supermarchés en déclarant au début du mois de mars 2023 : « Nous respectons les opérateurs commerciaux, mais aussi et beaucoup les droits des consommateurs ». Un propos qui reflète la persistance de cette idée fallacieuse et contreproductive selon laquelle il incombe à l’État de garantir le respect de l’intérêt du consommateur pour suppléer aux supposées déficiences des marchés, là où la solution consisterait plutôt à faire jouer à plein la libre concurrence.
Plus récemment encore, le gouvernement portugais a annoncé la mise en place d’une TVA à « taux zéro » sur les biens alimentaires de première nécessité, dont le prix a augmenté de 21% depuis l’an dernier. (Le panier moyen des ménages a quant à lui augmenté de 29% au cours de la même période.) Il a en outre indiqué qu’il allait procéder à une double augmentation : celle des prestations sociales à destination des foyers les plus modestes (30 euros versés mensuellement et 15 euros par enfant) – ce qui représente plus d’un million de ménages – et celle de la rémunération des quelque 740 000 fonctionnaires du pays à hauteur d’un pourcent ainsi que de leur prime repas. Selon le journal Público, cette dernière mesure devrait se chiffrer à 304 millions d’euros. Alors qu’il faudrait bien plutôt laisser les acteurs de l’agroalimentaire négocier librement les prix avec les enseignes de la grande distribution, le gouvernement portugais a donc décidé de continuer à jouer la carte de l’interventionnisme coercitif et redistributeur. Une décision dont on peut déjà prévoir qu’elle ne changera rien au problème de l’inflation, et qui ne fera qu’alourdir davantage les déficits.