Nos voisins helvètes ont toujours renvoyé une image de sérieux et de bonne gestion de leurs finances publiques. La preuve en est qu’en cette période inflationniste mondiale, la Suisse semble mieux résister que le reste des économies développées avec une augmentation de l’indice des prix de 3,5% sur un an (en août 2022) contre 9,1% dans la zone euro et 8,5% aux États-Unis (en juillet).
Cependant, une étude publiée aujourd’hui par le GIS, nous montre que cette image d’inflation maîtrisée est erronée et que l’on ne peut considérer l’indice des prix à la consommation que comme une approximation de l’inflation qui ne permet pas une vue d’ensemble. L’augmentation de la masse monétaire a engendré des réactions différentes en fonction des secteurs de l’économie : forte augmentation du prix de l’immobilier par exemple, ou baisse des actifs des fonds de pensions à cause des taux négatifs qui conduisent à une baisse sensible du pouvoir d’achat.
La volonté politique d’affaiblir le franc suisse, à partir de 2010, pour aider les exportations par le biais de la dévaluation est un échec. Aucun des objectifs visés par la Banque centrale n’a été atteint. Elle n’a pas réussi à amener l’indice des prix à la consommation dans une fourchette comprise entre 1 et 2% : il est obstinément resté inférieur à 1%, il a même été négatif à six reprises pendant la période 2010-2020. Impossible aussi pour les banquiers centraux de maintenir le taux de change estimé « équitable » de 1,20 franc suisse pour un euro. Pire, la situation s’est inversée avec le covid et la guerre en Ukraine, le franc suisse s’appréciant face à l’euro.
Ce cas de la Suisse montre à quel point la perte de pouvoir d’achat de la monnaie est multiforme. Il peut être dangereux de mener une politique monétaire trop accommodante, même quand l’indice des prix à la consommation ne montre pas de tendances inflationnistes. Elles peuvent être là, mais déguisées sous d’autres formes. Et, au final, le citoyen est toujours perdant.
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Excellente analyse qu’il faudrait peut-être faire en France. Que dis-je ? On sait que c’est pratiquement impossible tant les dés sont pipés.