L’adoption du projet de loi immigration par la Chambre haute, mardi 14 novembre, continue de déchainer les passions et de remettre en causes les fragiles équilibres politiques issus des résultats des dernières élections législatives.
Dimanche 26 novembre, 17 députés les Républicains ont publié une tribune où ils se déclarent prêts à voter le texte « si prévaut l’esprit du projet du Sénat ». Le choix du journal, la Tribune du dimanche, est déjà en lui-même révélateur, le titre de presse ayant récemment été lancé par Rodolphe Saadé, patron de la CMA-CGM et notoirement proche d’Emmanuel Macron, pour concurrencer la nouvelle version du Journal du Dimanche, détenue par Vincent Bolloré.
Le groupe de députés s’est également bien gardé de défendre la lettre du projet de loi en préférant parler d’esprit, ce qui leur laisse libre champ pour avaliser un détricotage en règle du texte que la commission des Lois de l’Assemblée nationale a entamé dès son premier jour d’examen.
La politique d’immigration choisie et la mise en œuvre de quotas migratoires annuels votés par le Parlement ont ainsi été supprimées, via un amendement du groupe LIOT (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires), pour être remplacées par une présentation pluriannuelle de vagues objectifs chiffrés purement indicatifs et non-contraignants.
Il s’agit donc d’une défaite de taille pour la droite à l’Assemblée nationale qui n’a pas su faire preuve de cohésion et ne s’est pas montrée capable d’interagir efficacement avec son homologue du Sénat, alors qu’aucune solution de long terme n’a pu être trouvée s’agissant de la maîtrise de nos flux migratoires, et ce malgré l’adoption de 29 lois sur la question en quarante ans.