Mercredi 2 avril, l’Assemblée nationale s’est penchée sur une nouvelle proposition de loi « visant à lutter contre les déserts médicaux », dite PPL Garot. Elle a été déposée en février 2025 à l’initiative d’un groupe transpartisan, de LFI à LR.
Le constat est rude. Dans les territoires à la plus faible densité médicale, des médecins partent à la retraite sans être remplacés, l’attente pour obtenir un rendez-vous chez le dentiste ou chez un spécialiste peut être très longue et il est difficile de trouver un médecin traitant. Le fossé se creuse entre les territoires : selon le Conseil national de l’Ordre des médecins, la densité médicale était en hausse dans 31 départements entre 2010 et 2024, mais en baisse dans 69 autres.
Dans un réflexe pavlovien — « Vite, une loi ! »— les députés n’ont pas trouvé de meilleure solution que de planifier encore plus. L’article adopté par l’Assemblée prévoit de « flécher l’installation des médecins (…) vers les zones où l’offre de soins est insuffisante » et de créer « une autorisation d’installation des médecins délivrée par l’ARS ». Les médecins devront donc demander l’autorisation d’une agence bureaucratique pour s’installer où ils le souhaitent. Comment peut-on imaginer une seule seconde que cela se passe comme prévu ? La liberté d’installation est entière ou elle n’est pas. Supprimer le numerus clausus, comme cela a été fait en 2019, ne sert à rien si chaque proposition de loi consiste à attaquer la liberté d’installation et à réduire l’attractivité de la profession. L’Ordre des médecins l’a parfaitement relevé dans son communiqué : réglementer la pénurie ne résoudra pas la pénurie elle-même.
En attendant, le problème de la bureaucratie n’est toujours pas réglé. La Sécurité sociale, en situation de monopole légal, est en faillite ; les agences régionales de santé (ARS) sont incapables de s’adapter aux réalités locales ; la Haute Autorité de Santé (HAS) est visiblement plus occupée à faire de la politique que des recommandations pertinentes… Le secteur médical a besoin de plus de liberté et de concurrence, pas de réglementation.
5 commentaires
Les facteurs explicatifs de la désertification médicale sont nombreux :
– pour les étudiants, impossibilité de redoubler sa 1ère année de médecine
– des étudiants majoritairement du sexe féminin (idem dans les études vétérinaires) qui, une fois installés, pour beaucoup d’entre eux, souhaiteront avoir une vie de famille. Quels sont les médecins qui aujourd’hui entament (tôt) et finissent (tard) leurs journées par des consultations à domicile ?
– le souhait de vivre dans une ville offrant loisirs et collèges/lycées/universités pour les études des enfants
– une fiscalité dissuasive qui incitera beaucoup de praticiens à réduire leurs heures de consultation (pourquoi travailler plus si, à la marge, tout part en impôts), ce qui à l’échelle nationale équivaut à une diminution du nombre de médecins.
En contraignant les jeunes médecins à s’installer dans des déserts médicaux, combien renonceront ?
Et un peu de cohérence ne ferait pas de mal : traiter de façon identique les pharmaciens et les médecins. Il n’aura échappé à personne qu’il existe un lien evident entre les deux. Ce lien devrait être mieux exploité pour un meilleur service.
En plus, laissez des minables sous prétexte qu’ils ont été élus réguler l’installation de professionnels qui ont fait au minimum 7 années d’études supérieures. C’est sûr que ça va pas bien passer.
Vous avez dit “planification”?
Chez moi ça veut dire établir des prévisions les plus justes possible en fonction des informations disponibles afin d’ajuster les ressources aux besoins de l’entreprise. ( je fais court volontairement).
Comment ces “planificateurs”, disposant des informations collectées par des études démographiques ont -ils pu penser que réduire le nombre de médecins, dans une population qui s’accroît et vieillit (avec les conséquences connues sur la santé), cela allait bien se passer?
Mystère!!!!
J’ai été Chirurgien-Dentiste jusque 2014 avant de stopper à cause de graves ennuis de santé. Pour faire revenir les Chd, les Méd…..dans le rural, il faut les payer nettement mieux que ceux qui sont dans les grandes villes. Un dentiste se retrouvera avec une population plus vieille et aussi des personnes qui ont moins de moyens financiers. S’il ne prend que des urgences, fait des soins et des extractions et un minimum de prothèse, il ne gagnera pas bien sa vie surtout quand il aura ses leasings, ses charges……C’est certainement pour cela que les nouveaux collègues n y vont pas.