L’absentéisme dans la fonction publique est au cœur de l’actualité de ces derniers jours, notamment parce que le ministre Guillaume Kasbarian souhaite faire passer le nombre de jours de carence de un à trois et limiter le remboursement des arrêts maladie à 90% du salaire. A la clé d’importantes économies, comme nous l’avons déjà évoqué, puisque le coût des jours non travaillés (mais rémunérés), dans la fonction publique, était de 15 Md€ en 2022 et que cela représentait 350 000 équivalents temps plein (ETP). Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de celle des affaires sociales (IGAS) que nous citions alors indiquait que si l’absentéisme pour raisons de santé dans la fonction publique retrouvait son niveau d’avant la pandémie du covid-19, nous pourrions économiser environ 6 milliards d’euros (Md€) ou l’équivalent de 140 000 emplois.
L’absence des fonctionnaires, et plus largement des services publics dysfonctionnels, entraîne aussi une augmentation de l’absentéisme dans le secteur privé. C’est du moins l’opinion du patronat britannique. Interrogés par les syndicats du Trades Union Congress (TUC), les dirigeants d’entreprises anglais, de petites comme de grosses structures, affirment, à plus de 50%, que leurs salariés ont dû s’absenter au cours de l’année écoulée en raison de problèmes d’accès aux services publics. Par exemple, 35% des chefs d’entreprises d’outre-Manche, sondés par Opinium, ont vu leur personnel ne pas venir au travail parce qu’ils attendaient une hospitalisation, et 17 % parce qu’ils attendaient d’être soignés pour troubles mentaux.
Paul Nowak, secrétaire général du TUC et commanditaire de l’enquête, n’a pas peur de déclarer que la médiocrité des services publics a « des conséquences importantes sur les travailleurs, les entreprises et l’économie ». Il a ajouté : « Un pays doté d’excellents services publics est un endroit idéal pour faire des affaires » !
Combien de millions d’heures de travail sont perdues en France dans le secteur privé parce que les services postaux sont défaillants, parce que l’administration des impôts s’est trompée, parce que la RATP ne fait pas correctement son travail, parce que refaire sa carte d’identité, son passeport ou son permis de conduire prend plus de temps que prévu, parce que les contrôleurs aériens et les enseignants sont en grève, parce que le train est en retard, etc. ?
Ce n’est malheureusement pas l’augmentation du nombre de jours de carence qui va régler le problème. C’est à la culture de la grève et de l’irresponsabilité qu’il faut s’attaquer, c’est-à -dire aux syndicats et au statut de la fonction publique.