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Merci, patrons ! Créer son entreprise, c’est créer des emplois

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Charles Beigbeder
Librio, 2015

Charles Beigbeder est un entrepreneur. Il est donc, naturellement, optimiste. C’est ce qui ressort de son livre consacré au salut de la France grâce à l’entrepreneuriat. Partant du constat que « nous n’avons pas tout essayé » contre le chômage, l’auteur dénonce d’emblée toutes ces mesures prises par la gauche et la droite qui n’ont fait qu’aggraver une situation déjà très difficile.

Contrats aidés, hausse de l’emploi public, traitement étatique du chômage, tout a échoué. Maintenant, il est temps d’agir et surtout de faire confiance aux entrepreneurs. Il faut se débarrasser des discours aux relents marxisants anti-entreprise et créer une « société d’entrepreneurs ». En comprenant d’abord que le monde du travail change. On est en train de sortir du salariat et de vivre une très grande flexibilité. Le CDI fait probablement partie du passé et on doit s’adapter. Accorder sa place à l’esprit entrepreneurial et favoriser l’essor des énergies. Les mutations sont nombreuses partout et l’auteur donne de nombreux exemples comme ces fameux MOOC (Massive open online course) qui révolutionnent le monde de l’éducation.

Les Français aiment entreprendre. Les sondages le prouvent. Le statut d’autoentrepreneur a beaucoup contribué au développement de l’entrepreneuriat mais depuis quelques années, la création d’auto-entreprises a chuté (- 11 % en 2013). Les entrepreneurs croulent sous les taxes et les réglementations et l’échec devient trop coûteux. Pourtant, rien ne vaut de croire en l’aventure entrepreneuriale comme le montre le parcours même de Charles Beigbeder. D’abord, cadre dans une entreprise du secteur spatial, ensuite dans une banque, il décide de se lancer. Il apprend qu’il faut d’abord des idées, pas forcément originales. On peut s’inspirer de ce qui a déjà été fait et améliorer certains produits. Le marché fait le reste. Il faut donc les idées mais aussi l’argent, l’équipe, l’agrément (il faut que le projet soit conforme aux réglementations) et les prestataires. Ensuite, il ne faut pas oublier le « risque ». Un projet peut bien échouer, et son promoteur tout perdre… Il ne s’agit pas seulement d’un risque financier mais aussi social, psychologique… L’auteur a connu des succès – Selftrade, Poweo… – mais aussi des échecs (Happytime…) qui lui ont servi de leçon pour la suite de l’aventure. L’histoire entrepreneuriale de Beigbeder pourrait servir de modèle à ceux qui voudraient se lancer aussi. Pour cela, il faudrait néanmoins améliorer l’environnement économique en France. C’est le but de la deuxième partie du livre. Faire des propositions afin que le pays devienne la terre des entrepreneurs. Plus de flexibilité pour les employeurs, un temps de travail fixé dans le cadre d’un accord collectif ou du contrat de travail, des syndicats vraiment représentatifs et au service des salariés, baisse des charges et des dépenses publiques, voici quelques propositions de bon sens. Plus en détail, il faut élargir aux investisseurs personnes physiques non fondateurs de l’entreprise (90 % des business angels) le dispositif permettant d’imputer sur les revenus personnels les déficits subis par la société dans les premières années, il faut aussi relever le plafond du dispositif ISF-PME pour l’investissement dans une entreprise (200 000 euros pour un célibataire et 400 000 euros pour un couple). A cela s’ajoute la nécessité de réglementations et d’une fiscalité stables (l’auteur est en faveur d’une flat tax à 15 %). Dans le contexte actuel de renouvellement de la classe politique, Charles Beigbeder pourrait constituer une alternative non seulement crédible mais aussi un grand espoir pour l’économie française. Pourvu qu’il soit entendu.

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