La rentrée littéraire semble hantée par la guerre autant que le cerveau du pilote Claude Eatherly est poursuivi par une voix, celle d’une rescapée d’Hiroshima. Car c’est lui qui a donné le feu vert pour larguer la bombe nucléaire le 6 août 1945, ce qui inspire Sébastien Spitzer à dépeindre la vraie vie, non pas celle d’un long fleuve tranquille, mais celle à double face où s’entremêlent le bien et le mal, la vie et la mort, l’amour et la vengeance, l’orgueil et le remord. Ses phrases sont sans fioritures, brèves, où le franc-parler dévoile tout, jusqu’au fin fond de l’âme. Anna ne reconnaît plus le beau pilote qui lui promettait les honneurs et la fortune. Selon elle, n’est-ce pas grâce à lui que les Américains ont pu mettre fin à la guerre ? Mais Claude Eatherly ne voit que ses échecs. Au lieu d’obéir à la consigne du général Paul Tibbets, il aurait dû viser le palais de l’empereur et tout se serait passé autrement. Alors il cherche à se faire condamner par n’importe quel moyen.
Sa descente aux enfers conduit Spitzer à remonter le temps pour mieux comprendre la complexité de l’âme humaine où les pieuses racines familiales ont toujours incité à la pensée et à l’action, forgé la liberté et le devoir en omettant le doute. Le drame intérieur ne sera jamais résolu. La seule récompense sera l’internement psychiatrique avec électrochocs thérapeutiques dont la violence fait écho à celle de la repentance, pour ne pas dire à celle du bombardement.