Depuis toujours Justine Augier porte en elle ce désir de réconciliation entre justice et vérité, héros et fantômes, entre sa mère, Marielle de Sarnez, femme politique pugnace, et elle-même, fille bouillonnante et révoltée. L’élément déclencheur de cet essai est la disparition de Razan Zaitouneh, Syrienne opposée au régime de Bachar al-Assad enlevée par un groupe islamiste, évènement politique que l’auteure ne veut pas voir tomber dans les oubliettes de la mémoire collective. A cela s’ajoutent les dangers de l’époque incertaine, les pandémies, les guerres qui enjoignent à revenir à l’essentiel et de plus une mère en fin de vie qui lui lance une bouée de sauvetage inattendue : « il faut que tu l’écrives ce livre sur les pouvoirs de la littérature ».
Alors Justine Augier se lance dans le rêve inavoué de sa vie, dans des allers-retours littéraires incessants entre relations universelles et intimes.  Elle passe de la résistance d’Hannah Arendt aux espoirs de Razan par le pont entre morts et vivants, elle fait allusion aux secrets de famille de Carrère comme aux sentiments filiaux de Mendelsohn, elle cite « le jamais trop tard » de Camus, avec pour seul et unique but celui de Lawrence Durell, « changer profondément le monde » sans attendre. Tel est le dernier ouvrage de Justine Augier qui fait de la littérature un point d’ancrage, une jolie façon de continuer à vivre… Puisse cette belle littérature faire de tout lecteur un résistant au pessimisme ambiant !