Grand bruit autour des voitures électriques. Mais elles coûteront quelque 20.000 euros en dépit des aides et subventions. Elles ne sont pas rentables. Mais Michel Gâche, chercheur associé à l’IREF , découvre qu’elles ne sont pas… écologiques !
Après avoir annoncé pendant des années l’arrivée imminente des voitures électriques, les constructeurs ont commencé à les montrer, puis à indiquer une date de livraison ce qui est moins facile et enfin un prix, ce qui est beaucoup plus risqué. Peugeot, Citroën, Bolloré, Nissan, Ford, Heuliez et beaucoup d’autres sont prêts à se lancer. Pour éviter un choc frontal, chacun concocte une formule de location vente qui évite d’annoncer un prix total.
Rien à voir quand même avec le prix du roadster électrique sportif TESLA vendu aux Etats-Unis plus de 100.000$, un petit bijou de technologie ayant 300 à 400 kilomètres d’autonomie. En France le prix des voitures annoncées serait de 30.000 à 35.000 euros. Avec la prime écologique de 5.000 euros, le client paierait de 25.000 et 30.000 euros. La formule la plus attirante serait un loyer de 500 à 600 euros par mois. Autant qu’on puisse en juger, ces voitures se situent dans la classe des petites berlines de nos constructeurs dont les prix démarrent par exemple à 7.000 euros pour la TWINGO ou la LOGAN. Le surcoût de la voiture électrique est donc de 18.000 à 23.000 euros pour le client, de 23.000 à 28.000 en réalité. En 14 mois de location, le client aurait dépensé autant qu’en achetant une voiture à essence.
Les voitures de ville actuelles roulent 5.000 km en moyenne par an et consomment 5 litres au 100 km, soit 250 litres d’essence par an ou 340 euros. Sur les 340 euros d’essence, seulement la moitié, environ 170 euros, correspondent au prix de l’énergie (essence) le reste étant des taxes TVA et TIPP. Supposons que les voitures électriques ne consomment rien. Si le carburant électricité est si peu cher, c’est aussi qu’il est exonéré d’une taxe genre TIPP et ne contribuera donc pas au financement des services de l’Etat et des Collectivités locales. Une situation intenable à long terme puisque la TIPP rapporte 25 milliards d’euros par an. Qui paiera à sa place ?
Sur un plan financier, ces voitures électriques ne sont donc pas rentables. Encore moins si les acheteurs doivent en louer ou en posséder une autre pour leurs déplacements routiers.
Et sur le plan écologique ?
Si une voiture coûte 30.000 euros, c’est que sa fabrication, et principalement celle des batteries, est complexe. Combien d’énergie aura-t-il fallu pour la fabriquer ? On calcule souvent la quantité d’énergie nécessaire pour fabriquer une voiture en usine : l’acier de la carrosserie, le caoutchouc des pneus, le plastic et l’habillage interne, les vitres etc.. Mais jamais l’énergie consommée par les personnes qui fabriquent ces objets : pas seulement l’énergie qu’elles consomment à l’usine, mais l’énergie qu’elles utilisent pour aller à l’usine, dans leurs autres déplacements, chez elles, pour vivre au total. Une voiture qui coûte 30.000 euros contient nécessairement une quantité considérable d’énergie directe et d’énergie consommée par les personnes qui les produisent. Beaucoup plus que dans une voiture de 7.000 euros qui consommera 1.700 euros d’essence au cours de ses 10 années de vie. En bref, sur leur durée de vie complète, les voitures électriques actuelles utilisent plus d’énergie que celles à essence. On attend avec impatience les voitures électriques économes, silencieuses, et rentables. En attendant, que l’Etat finance la recherche, mais réfrène son envie de montrer ses muscles.
On a déjà connu ce débat pour les appareils électroménagers à très basse consommation, notamment les réfrigérateurs. Les associations de consommateurs ont constaté que les économies faites grâce à la réduction de consommation électrique ne compensent jamais le surcoût du prix d’achat. Curieusement, au lieu de déconseiller leur utilisation, elles ont réclamé un système de bonus malus pour ces produits, au lieu d’admettre que si ce n’est pas rentable, ce n’est pas écologique.
Séduire les clients ou les gaver
La plupart des entreprises qui vont commander les premières voitures électriques (EDF, La Poste, SNCF, RATP, Air France, AREVA) le feront sans doute sur ordre de l’Etat. Ce sera la troisième fois en 20 ans. Le gouvernement affirme que c’est son rôle d’amorcer la pompe avec une commande de 50.000 voitures électriques. Un raisonnement curieux. Quand les produits répondent à un véritable besoin et au bon prix, l’Etat n’a pas à intervenir : ni les ordinateurs individuels, ni les téléphones portables, ni les Ipod, ni les GPS, ni les climatiseurs n’ont eu besoin du moindre soutien de l’Etat pour réussir. Mais quand les produits ne répondent pas à ces critères, le gavage ne marche pas : les 120.000 ordinateurs du plan « Ordinateur à l’école » de Laurent Fabius ont longtemps encombré les placards des écoles avant d’être mis en décharge sans créer le moindre leader français dans ce domaine.
Jusqu’à présent on avait voulu nous faire croire que toutes les technologies écologiques (éolienne, photovoltaïque, ampoules basses consommation, bâtiment très haute isolation, Velib, Autolib, TER …) sont écologiques parce qu’elles ne sont pas rentables, et doivent donc être massivement subventionnées. Il est temps de renverser le raisonnement : les technologies non rentables ne peuvent pas être écologiques.