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Le Revenu Universel, ennemi de l’innovation

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Financer un Revenu universel, cela signifie augmenter les impôts sur les nouveaux moyens de production, restreindre les libertés et répandre le mythe de l’égalité totale. C’est l’innovation qui doit assurer la prospérité et créer des richesses. Elle est le meilleur ennemi du revenu universel.

En juin 2016, la Suisse a organisé un referendum sur l’éventualité d’introduire un revenu de base garanti ou Revenu de base universel pour tous. Dans un tel système, les gouvernements versent un montant régulier destiné à assurer la subsistance de chaque individu pendant sa vie entière. L’argument est que, le travail s’automatisant de plus en plus, les emplois disponibles diminuent. La mesure a été rejetée par 75% des votants, malgré une forte mobilisation de ses partisans.

Bill Gates, le multimillionnaire fondateur de Microsoft, a avancé un argument semblable quand il a suggéré la création d’une taxe [d’un impôt] sur les robots, tout comme on paye des charges sur les salaires des employés. Les revenus de cette taxe serviraient à fournir un revenu de base à ceux qui ont perdu leur job, et à réduire les inégalités.

En juin 2017, le comité des affaires juridiques au Parlement européen a approuvé un rapport sur les conséquences du développement des robots et de l’intelligence artificielle. Le rapport préconise que les pays membres instaurent un revenu universel, afin de compenser les pertes d’emploi dues aux nouvelles technologies.

C’est un mauvais message qui est envoyé

Rien d’étonnant à ce que la Suisse ait rejeté le RBU, la société civile accordant une très forte valeur à la responsabilité et la liberté individuelles dans ce pays. Le rôle du Gouvernement, surtout considéré comme un pourvoyeur de services, y est mineur. Mais il est tout à fait surprenant que Bill Gates, le grand innovateur, le grand booster de productivité, se fasse l’avocat d’une telle idée.

Non seulement le RBU décourage l’innovation, mais il envoie aussi un message négatif en ce qui concerne l’éthique du travail. Il pourrait créer une classe nouvelle de parasites au long cours de l’Etat. Compter sur les subventions publiques plutôt que sur ses ressources personnelles prive les gens d’une bonne part de leur dignité et de leur sens des responsabilités.

Financer un RBU, cela signifie augmenter les impôts sur les nouveaux moyens de production. Taxer les robots, ainsi qu’il est proposé, constituera un frein à l’innovation et, par conséquent, entraînera une baisse de la prospérité, en particulier pour les citoyens aux revenus les plus modestes.

Dans un post sur Linkedln, on a pu lire un plaidoyer convainquant de l’entrepreneur et auteur Anurag Harsh nous adjurant de ne pas craindre l’innovation ; les robots devront toujours être manipulés par des humains, de nouveaux emplois seront créés grâce à eux. Il citait Henry Ford : « Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils auraient répondu, des chevaux qui vont plus vite. »

Plus de prospérité

Prenons l’exemple de l’agriculture en Allemagne : vers 1900, 38% de la population était agricole ; au début des années 50, ce chiffre n’était plus que de 24%, pour tomber à 2% de nos jours. Cette réduction des travailleurs agricoles n’a pas été, et n’est toujours pas, une cause majeure de chômage. En outre, en 1900, un travailleur agricole produisait de la nourriture pour quatre personnes ; en 1950, pour dix personnes ; aujourd’hui, pour plus de cent trente. Le rendement par hectare de terre agricole a lui aussi été multiplié. En 1900, les Allemands dépensaient en moyenne 50% de leurs revenus pour la nourriture ; aujourd’hui, 14%.

La force de travail ainsi libérée peut être utilisée dans d’autres secteurs de l’économie et de la société, contribuant à l’augmentation générale du bien-être. Les économies réalisées dans les dépenses alimentaires des ménages permettent d’autres achats de biens et de services, développant de nouveaux secteurs d’activité. Ils sont nombreux, il suffit de regarder autour de soi, par exemple dans le domaine de la santé et de la cosmétique, qui a vu proliférer des services qui n’existaient qu’à peine avant l’automatisation, et en tout cas à des prix prohibitifs.
Au XIXème siècle, les Luddites ont brisé des métiers à tisser pour protester contre le progrès mécanique. Une taxe sur les robots serait l’équivalent, au XXIème siècle, de ce mouvement contre l’innovation au nom de la protection des travailleurs.

Le tombeau de la liberté

Que le progrès effraie beaucoup de gens, c’est normal. Il n’en reste pas moins alarmant que des personnalités ou des groupes, tels Bill Gates ou le Parlement européen, se prononcent pour une emprise accrue de l’Etat via un revenu universel. Cela rendra la population dépendante de l’Etat, porte ouverte à tous les laxismes – même dans les démocraties. Ceux qui accepteront un revenu garanti et ne compteront plus que sur lui, abdiqueront toute liberté, toute possibilité de choix.

Freiner l’innovation est une manœuvre protectionniste. Préserver le statut quo est une ambition confortable mais elle ne peut que créer de la mollesse, parce que plus rien ne vient titiller le désir de compétition. Aux Etats-Unis, la Rust Bell [métallurgique et sidérurgique] a périclité faute d’avoir su fournir des efforts à long terme pour développer un savoir-faire plus pointu. Une stagnation obstinément entretenue par des syndicats tout-puissants, aussi bien que par des années d’incompétence de la part des politiques. Les mauvaises options du passé ont fait perdre plus d’emplois aux Etats-Unis que la concurrence chinoise.

Le mythe de l’égalité totale

Le désir d’atteindre à une société parfaite en appliquant des théories technocratiques est récurrent depuis l’aube des sociétés humaines. Il s’appuie sur le dogme de l’égalité totale, une aspiration profondément humaine. Mais les esprits libres sont faits d’une autre pâte et devraient avoir la liberté de choisir. La liberté ne peut se réduire à un repas gratuit. Elle se conquiert par l’effort et l’accomplissement de soi.

Le résultat d’une « égalité totale », c’est une société à deux vitesses : une nomenklatura réduite, prospère, comme l’Union soviétique en a produit, dicte au peuple les règles qu’il doit observer pour se comporter et vivre dans « l’égalité ». Les zélotes du RBU rejoignent en fin de compte la vision sociétale des dirigeants de l’URSS.

La prospérité ne gagnera du terrain partout que si l’on encourage l’innovation technique et les progrès permanents des savoir-faire, à tous les niveaux. Il faut que chacun ait la possibilité de saisir sa chance, et le RBU risque fort de la compromettre.
Croire que la plupart de gens seraient incapables de s’adapter aux transformations de leur époque est le signe d’une arrogance intellectuelle mal placée, camouflée en compassion.

Michael von Liechtenstein est membre du Comité Directeur de l’IREF et fondateur du think tank GIS (Geopolitical Intelligence Services) sur lequel a été publiée la version anglaise de cet article

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