Début avril, deux ans et demi seulement après qu’elle a été conçue, la « Gigafactory » de Tesla, située dans la banlieue de Berlin, est entrée en service. La construction de l’aéroport de Berlin Brandenburg (« BER »), à quelques kilomètres à l’ouest, a traîné, elle, pendant quatorze ans jusqu’à son ouverture en 2020. Les obstacles bureaucratiques et l’activisme local ont entravé ces deux grands projets de construction. Mais le rapide et efficace Tesla s’en est bien mieux sorti que le « BER », essentiellement financé par l’État. La comparaison entre ces projets illustre bien les avantages du secteur privé.
« BER » et « Gigafactory » : deux grands projets à Berlin
Fin 2020, le nouvel aéroport de Berlin Brandenburg a ouvert ses portes après quatorze ans de travaux. Il a longtemps été considéré comme un fleuron de l’échec chronique de la planification qui touche de nombreux grands projets et infrastructures en Allemagne. La date d’ouverture, initialement prévue en novembre 2011, a été reportée à sept reprises après des années de chaos et de corruption. Les coûts, d’abord estimés à 1,9 milliards d’euros, sont passés à plus de 6 milliards d’euros. Lorsque le « BER » a enfin été opérationnel, en octobre 2020, il était techniquement au niveau de la dernière décennie, et il lui fallait des milliards d’euros de subventions pour fonctionner.
A environ 25 kilomètres de là, dans la banlieue berlinoise de Grünheide, la nouvelle « Gigafactory » du fabricant de véhicule électrique Tesla est entrée en service en avril 2022. Il ne s’est écoulé que deux ans entre la mise en œuvre du chantier et le début de la production, et encore celle-ci a-t-elle été retardée d’environ un an à cause de procédures d’approbation qui s’éternisaient, et d’une brève controverse sur les conditions d’utilisation de l’eau. On sait peu de choses sur les coûts de construction, mais il est probable qu’ils se chiffrent en milliards. Contrairement à ce qui a pu être dit, Tesla a renoncé à d’éventuelles subventions d’un milliard de dollars pour l’usine de batteries.
Grands projets : potentiel élevé, risque élevé
Les grands projets tels que le BER-Airport et la Gigafactory de Tesla sont sous les feux de la rampe car ils peuvent stimuler considérablement le développement économique régional. L’usine de Tesla a embauché environ 12 000 personnes, et cela devrait n’être qu’un début. Elon Musk, son PDG, rêve à long terme de 40 000 employés dans la zone alentour. Et selon les estimations de la Société de développement économique du Brandebourg, jusqu’à 45 000 nouveaux emplois ont déjà été créés dans les environs proches de l’aéroport. Si l’on se fie à la hausse rapide des prix des terrains et au boom de la construction, le potentiel de croissance est, là comme ici, très fort.
Les coûts d’infrastructure sont bien sûr importants pour les deux projets, et une partie d’entre eux sont couverts par les contribuables. Il faut aussi prendre en compte une éventuelle baisse de l’activité économique dans les régions en concurrence avec celles qui ont accueilli ces mégaprojets. Et il y avait des risques, le plus gros étant celui qu’ils échouent avant même de voir le jour car les obstacles potentiels ne manquaient pas : mauvaise planification, corruption (pour le BER), droit allemand de l’urbanisme, opposition des militants locaux (pour la Gigafactory).
Projet privé, projet public : pour le contribuable, la différence est de taille
Cependant, une différence fondamentale saute aux yeux : le « BER » est une entreprise publique à 100 %, alors que Tesla est une entreprise privée cotée en bourse. Les entreprises privées, exposées à la concurrence et à la surveillance des actionnaires, sont incitées à la prudence. Elles soignent leurs évaluations des coûts et des risques. Le financement des projets publics, en revanche, n’est pas une question de libre choix. Les contribuables s’interrogent peu sur les risques encourus, les responsables politiques se sentent donc moins investis, moins directement concernés par les coûts et les éventuels dérapages. Lorsqu’on a commencé à en parler, à la fin des années 1990, il a été envisagé de faire construire le nouvel aéroport de Berlin par un consortium privé. Celui-ci s’étant retiré en raison des coûts prévisionnels excessivement élevés, les politiques ont décidé d’aller de l’avant malgré tout, rejetant le risque et la facture sur les contribuables. Ils paient les deux très cher aujourd’hui.
La Gigafactory, en revanche, leur fait moins mal. Sur la facture, il n’y a que les subventions habituelles pour l’amélioration de la structure économique régionale, soit environ 100 à 270 millions d’euros. Les risques pourtant étaient loin d’être minimes, car lorsque la construction de l’usine automobile a commencé, Tesla attendait toujours les autorisations nécessaires. Si elles avaient été refusées, c’eut été un très lourd revers financier pour la société. Mais les contribuables, eux, auraient été épargnés.
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4 commentaires
Je note « financé par les stupides Etats de l’UE » alors que les bénéfices iront profiter dans d’autres pays. Cela dit les écolos et les gauchos de l’UE vont bien finir par y mettre de l’ordre en détruisant ce qui a été fait.
bonjour,
la comparaison entre les 2 projets manque un peu de mesure : en termes de nuisance sonore notamment, il n’y a pas de comparaison possible entre un aéroport international et une usine, aussi grosse soit-elle. De là les freins énormes aux constructions d’aéroports, ce qui est assez compréhensible quand on est impacté par le projet.
Mais sur le fond, c’est sûr qu’il y a une très grande différence d’efficacité entre les 2 démarches … on a les mêmes chez nous !!
Monsieur Kappner, je suis un peu déçu par vos propos.
Vous comparez deux projets aux profils totalement différents, un peu comme des choux avec des carottes.
Même si la Giga Usine Tesla est l’aboutissement d’une stratégie industrielle faisant appel à des éléments complexes, elle n’a rien de comparable avec l’implantation d’un aéroport.
Il ne s’agit pas du tout des même problématiques. Ce n’est même pas une histoire de coût financier mais de contexte.
C’est tout à fait « évident » que le projet du BER soit soumis à des sources de blocages plus nombreuses et variées que l’usine Tesla.
Pour celle-ci, une fois le terrain acquis, monsieur Musk dispose à peu près de toutes les libertés d’actions pour mener son projet à terme, suffit qu’il y mette les moyens comme il l’a souvent montré par le passé.
La mise en place d’une infrastructure comme celle d’un aéroport, se heurte à toute une série de problèmes liés à ce genre de projet (nuisances, etc….). Ce n’est pas juste un problème administratif comme vous semblez le montrer.
PhB
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Quand je validerai par la touche « Retour Chariot », ils apparaitrons tous
PhB