L’IREF s’est procuré la lettre du président du Conseil national du notariat adressée à tous les notaires et dans laquelle on apprend que Nicolas Sarkozy a fait la promesse d’abroger en grande partie la loi Macron en cas de victoire à l’élection présidentielle.
Le seul mérite attribuable à Emmanuel Macron est d’avoir libéré les transports par car et le notariat. Pour ceux-là, il y a peu de contestation contre la réforme parce qu’elle profite essentiellement à la SNCF qui a eu l’intelligence de mettre aussitôt en service une batterie de cars pour suppléer ses lignes secondaires défaillantes. Il n’en va pas de même avec le notariat qui n’a pas renoncé à l’abandon de ses privilèges.Ainsi en témoigne cette lettre du président du Conseil national du notariat, Maitre Pierre Luc Vogel, adressée à tous les notaires :
« À la suite de mon entretien avec Monsieur Alain JUPPÉ, j’ai rencontré, mardi 18 octobre, Monsieur Nicolas SARKOZY qui m’a assuré, s’il était élu, qu’il reviendrait sur la liberté d’installation introduite par la loi Croissance qui pour une bonne part serait abrogée.
Je poursuis ainsi avec Didier COIFFARD, le Premier Vice-président, ces rencontres avec celles et ceux qui brigueront le mandat présidentiel, de telle sorte que la voix du notariat soit entendue des décideurs de demain.
Cette information me donne l’occasion de vous remercier de votre confiance, de votre mobilisation, mais aussi parfois de vos critiques pendant ces deux années éprouvantes pour la profession.
Je veux vous réaffirmer ma confiance dans l’avenir du notariat, un notariat encore plus fort après cette épreuve, à condition que chacun d’entre nous développe la même énergie pour évoluer que celle dont nous avons fait preuve dans notre combat.
Nous ne devons plus subir dans un monde et une société en perpétuelle évolution. »
La réforme qu’il ne veut pas subir est celle qui ouvre la profession à de nouveaux talents plutôt que de la réserver aux enfants des notaires en place dans un métier érigé en place forte d’un conservatisme désuet et désastreux à terme pour lui-même.
Il n’a pas compris que l’ouverture de la profession à une saine compétition permettrait de régénérer les offices qui s’endorment sous les habitudes et la poussière des générations qui les ont précédés. Dans le monde numérique et de plus en plus uberisé et dans lequel les autres professions juridiques sont déjà en train d’élargir avec efficacité leurs compétences à celles dont les notaires se croyaient à tort détenteurs réservataires pour l’éternité, ceux-ci n’ont plus d’autres choix que d’abandonner leurs privilèges ou de mourir à petit feu. Hélas pour ce très beau métier, le courrier de M. Vogel semble montrer qu’ils ne l’ont pas compris.
Mais le plus grave est que M. Sarkozy ne l’ait pas compris non plus et qu’il encourage cet enfermement corporatiste. Démagogie ou bêtise? Dans les deux cas, ce n’est pas digne d’un ancien Président, candidat de nouveau à la présidence de la République.