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Les contrôleurs aériens s’accrochent à des privilèges injustifiés

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Après les cheminots, c’est au tour du personnel de la navigation aérienne de lancer un mouvement social. Les deux principaux syndicats protestent contre le plan de performance européen qui sera proposé par la France le 30 juin à Bruxelles. Ce plan vise à réduire le coût du contrôle aérien, tout en assurant la remise à niveau de la technologie utilisée par les contrôleurs. D’un côté, les syndicats craignent la privatisation de plusieurs services qui sont directement liés au contrôle aérien, comme la météo ou la maintenance des services d’installation. De l’autre, la profession s’attache à des privilèges obsolètes, alors qu’ils sont dénoncés depuis de nombreuses années aussi bien par la Cour des comptes[[COUR DES COMPTES, La gestion du personnel de la navigation aérienne : une organisation du travail opaque, des négociations sociales déséquilibrées, février 2010.]] que le Sénat[[SÉNAT, Le statut des contrôleurs aériens, décembre 2002.]].

Le statut de contrôleur aérien est l’un des plus avantageux en France. Si l’aménagement du temps de travail est motivé par l’importance de la tâche, les différences observées avec d’autres pays, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, ne justifient tous les excès.

D’abord, à salaire à peu près équivalent, il apparaît que les contrôleurs aériens sont beaucoup plus nombreux en France qu’au Royaume-Uni, et même qu’aux États-Unis, si l’on rapporte leur nombre à l’ensemble de la population. Cela ne serait pas un problème s’ils prenaient en charge autant de passagers que leurs homologues. Or, il se trouve que le nombre de passagers pris en charge par contrôleur est 3 fois plus faible que celui des britanniques, et près de 60 % de moins que celui des Américains (cf. tableau ci-dessous).

Rapport Nombre de Passagers/Nombre de Contrôleurs
Trafic aérien
(nb de passagers)
Nb de contrôleurs Rapport passagers
/contrôleurs
Trafic aérien
(nb de passagers)
Nb de contrôleurs Rapport passagers
/contrôleurs
Année 2007 2007 2007 2012 2012 2012
France 120034 4498 26.7 137300 4500 30.5
Royaume-Uni 239968 1978 121.3 220644 1889 116.8
États-Unis 768300 11250 68.3 735500 15211 48.4
Les effectifs sont donnés en milliers
Source : DGAC, NATS, FAA

Ces quelques chiffres indiquent que nos contrôleurs sont bien moins efficaces que les contrôleurs anglais ou américains.

Par ailleurs, les syndicats refusent toujours de remettre en cause « l’acquis social » de un jour de travail pour un jour de repos. Pourtant les autres pays sont loin d’être aussi complaisants à l’égard de leur personnel ; bien qu’en contrepartie de cet avantage, les contrôleurs français sont d’astreinte 11 heures d’affilés, pour un temps de travail effectif supérieur de 2h45 par rapport à la moyenne européenne. Eurocontrol, l’organisation intergouvernementale européenne en charge de la sécurité et la navigation aérienne, préconise 4 jours de travail consécutifs, puis 2 jours de repos, avec des plages horaires réduites. Cela permettrait de réduire la longueur des journées de travail, tout en améliorant la sécurité.

Comme le rappelait la Cour des comptes, « les règles en vigueur à la DGAC sont donc contradictoires avec l’objectif de sécurité, puisque les contrôleurs sont présents peu souvent mais pour des périodes très longues. Lors d’une vacation avec un temps de pause réduit au strict minimum, un contrôleur français travaille (…) plus que son collègue d’Eurocontrol, alors même que, sur l’année, la durée théorique du travail du contrôleur français est inférieure de 180 heures à celle de son homologue européen ».

Les contrôleurs « bénéficient ainsi de 97 jours de congés ou de repos. Les contrôleurs d’Eurocontrol doivent, quant à eux, assurer 183 vacations par an. Ils bénéficient donc de 28 jours (5 semaines) de vacances ou de repos de moins que les contrôleurs français ».

En réalité, les seules concessions des syndicats ces dernières années, portent sur le gel des primes, dont le caractère illégal a été mis en évidence par la Cour de discipline budgétaire et financière en 2009. Cette mesure a été récemment complétée par un gel des salaires et des effectifs. Mais l’opacité sur le suivi individuel des congés persiste, et les contrôleurs conservent toujours leur statut de fonctionnaire, lui-même de moins en moins compatible avec l’évolution de la profession. Surtout, ils sont en vacances la moitié de l’année !

Alors que la rationalisation des budgets et la réforme du temps de travail semblent justifiés dans le cadre de l’alignement sur les pratiques des autres pays européens, cette grève perd toute légitimité. Une concertation avec les autorités publiques eût été moins dommageable à la fois pour les passagers et l’image de la profession. Malheureusement, le radicalisme du syndicalisme à la française bloque tous dialogues et toutes réformes…

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4 commentaires

Icare 60 29 juin 2014 - 9:59

nombre de passagers par contrôleur
Je ne suis pas contrôleur aérien , mais Commandant de Bord en retraite .
Comparer le nombre de passager par contrôleur ne rime à rien , car c'est le nombre de mouvements aériens qui compte .
La tâche du contrôleur est la même , que l'avion contienne 1 personne , le pilote , ou qu'il en contienne 500 , voire 600, dans un B 747 ou un A 380.
Si je vous suis bien , pour augmenter la rentabilité des contrôleurs , il faudrait ne plus accepter en vol que des appareils contenant , au minimum ,100 ou 200 passagers .
Le père UBU n'est pas loin!!!

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Steph 30 juin 2014 - 12:15

Tableau totalement faux
Bonjour,
Personne ne peut vous empêcher de bâtir les théories de la terre sur cette grève. Encore heureux. Par contre, il serait bien que vs utilisiez des statistiques non biaisées, car votre tableau est juste faux. Et pour le coup, tout votre argumentaire tombe à l'eau.

Pourquoi ?

Parce que vous citez le nbre de pax au départ des aéroports français, anglais, etc… et vous basez tout sur ce chiffre. Sauf qu'un controleur aérien français, anglais… ne controlent pas que les vols au départ de France, mais également tous les vols en survol. Et le France se situant au carefour de l'Europe, cette erreur fausse tout votre tableau. Pour être cohérente, votre étude aurait du tenir compte des "mouvements" d'avions (et encore ceux-ci ne tiennent pas compte de la complexité d'un espace aérien).

D'où le sentiment que :
-soit vous avez voulu faire un article à charge en écrivant la conclusion avant l'introduction
-soit vous avez fait quelques raccourcis dommageables.

Bien à vous.

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Royer 5 juillet 2014 - 10:44

Exemple d'efficacité (!!!) des controleurs
En 1987 le Centre de contrôle aérien de Montpellier devait servir de site pilote pour un nouveau logiciel. 10 ans plus tard c'était le seul non équipé.

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alain 5 juillet 2014 - 4:57

Les contrôleurs aériens
Je lis dans les commentaires qu'ils contrôlent tout le trafic passant au dessus de la France, soit mais les Anglais ne contrôlent-ils pas tout ce qui vole au-dessus de leur territoire ? Je vois beaucoup de trafic vers l'ouest et également vers l'est, alors s(il vous plaît pas trop de commentaires tronqués; par contre je suis d'accord sur le ratio passagers/contrôleurs dont je ne vois pas l'intérêt, ce qui importe c'est le résultat vols/contrôleurs, il n'empêche que je m'étonne de voir que le nombre de contrôleurs français soit plus du double de leurs homologues anglais, ces derniers ne sont peut être pas fonctionnaires…
Ah! les avantages acquis et le syndicalisme à la française voilà bien ce qui tue notre pays et aucun politique n'aura le courage d'attaquer cette forteresse.

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