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Le travail avant le plaisir ?

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Les revendications en faveur d’une réduction du temps de travail, complétées de préférence par des augmentations salariales, sont la panacée des promesses électorales. Mais travaillons-nous vraiment plus au détriment du temps consacré à la famille ou aux loisirs ? Avons-nous vraiment besoin d’une nouvelle réglementation pour réduire notre temps de travail ? S’il est vrai que certains travaillent beaucoup, les généralisations sont dangereuses, comme le montrent les statistiques sur la façon dont nous passons notre temps. L’Allemagne offre une étude de cas intéressante.

Un regard plus attentif sur l’Allemagne

Après la chute du mur de Berlin, l’Office fédéral des statistiques a mené deux enquêtes, en 1990/1991 et 2012/2013, sur la façon dont les Allemands passent leur temps.

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En 1990/91, chaque Allemand a travaillé en moyenne 3 heures et 14 minutes par jour. Le nombre relativement faible d’heures travaillées s’explique par le fait qu’ont été pris en compte non seulement la population active à temps plein dans la moyenne, mais aussi les employés à temps partiel et les personnes sans emploi comme les retraités ou les étudiants. En 2012/13, ce chiffre a diminué de 16 % pour atteindre 2 heures et 43 minutes. En 1990/91, les hommes passaient 4 heures et 25 minutes à travailler ; en 2012/13, ils ont travaillé 25% de moins (3 heures et 19 minutes par jour).

Par rapport aux hommes, le temps moyen que les femmes passent à travailler est resté presque le même, avec une légère diminution de 2 minutes, pour atteindre 2 heures et 9 minutes. Cette quasi-stagnation, en comparaison avec la forte diminution du temps de travail des hommes, pourrait s’expliquer par le fait que le taux d’activité des femmes a augmenté considérablement plus que celui des hommes depuis 1991. (Le calcul étant une moyenne sur toutes les femmes, actives ou non.) Malgré la hausse du taux d’activité des femmes, on observe une tendance à la diminution du temps de travail quotidien pour l’ensemble de la population.

Temps de sommeil et tâches ménagères

Mais comment les Allemands occupent-ils leur temps lorsqu’ils ne travaillent pas ? En fait, le travail (rémunéré) ne les absorbe qu’une petite fraction de la journée et vient en quatrième position sur la liste de leurs activités. Ils dorment beaucoup (8,5 heures par jour, en moyenne). En second lieu viennent les tâches ménagères (3 heures et 7 minutes par jour en 2012/2013, soit une demi-heure de moins qu’en 1990/91) et la famille. Ils réservaient environ 3 heures par jour aux médias en 2012, soit une demi-heure de plus qu’en 1990/91.

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Le temps affecté aux sports, aux loisirs et aux jeux a légèrement diminué, passant de 1 heure et 8 minutes à 59 minutes, ce qui peut s’expliquer par une consommation plus intensive de médias via les téléphones portables, les tablettes et les ordinateurs. Le temps réservé aux activités éducatives est resté stable, à environ une demi-heure par jour. Le reste, ce sont les contacts sociaux, les repas et autres activités diverses. En résumé, ils consacrent plus de temps aux distractions qu’au au travail et aux tâches ménagères.

Le temps de travail à un niveau historiquement bas

Regardons les choses de plus près. Apparemment, la tendance à réduire la part du travail en dehors du foyer n’est pas un phénomène récent. La journée des salariés allemands à temps plein a diminué de près de 60 % depuis 1870. Une évolution similaire a été observée dans d’autres pays, par exemple en France (50% au moins, depuis la même époque) mais, contrairement à l’Allemagne, elle est stoppée depuis 2000. Aux États-Unis, elle a été de plus de 40 %, toujours depuis 1870. Les trois pays se trouvent maintenant à un niveau historiquement bas, alors que depuis 1870, le PIB réel par habitant a été multiplié par 15 en Allemagne, par 12 en France et par 11 aux États-Unis.

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La diminution des heures annuelles consacrées à l’emploi s’est accompagnée d’une augmentation des jours entièrement libérés de l’emploi rémunéré, comme les congés ou les jours fériés, surtout en Allemagne et en France : 13 jours en moyenne pour le salarié allemand à temps plein, 43 jours en 2000.

L’emploi – au centre de notre vie quotidienne ?

Malgré l’opinion dominante selon laquelle le travail salarié occupe une part croissante de notre vie quotidienne, c’est en réalité moins que par le passé. Nous travaillons moins et avons plus de jours de congé.

Dans le même temps, la richesse matérielle a considérablement augmenté. Il est donc normal que nous aspirions à plus de bien-être et de loisirs. On se demande bien ce qu’une régulation d’une prétendue tendance à l’allongement du temps de travail viendrait faire dans ce contexte…

Lire l’article en anglais

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4 commentaires

Serge Bernard 31 août 2021 - 6:44 am

Le travail avant le plaisir ?
Cette statistique est ridicule car étudier le temps de travail d’une population en prenant en compte les personnes sans emplois et les retraités est absurde, pourquoi alors ne pas prendre également en compte les enfants jusqu’ aux nouveaux nés ?
Comment cela pourrait-il démontrer le réel temps de travail d’un ouvrier ou d’un employé?

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Jean Claude 31 août 2021 - 7:02 am

Le travail avant le plaisir ?
Interessant mais non representative, s’agissant d’une moyenne. Prenant en compte l’ensemble de la population.
L’etude devrait uniquement se concentrer sur les personnes salariés équivalent temps plein.

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Jean-jacques GIORGI 31 août 2021 - 7:17 am

Le travail avant le plaisir ?
Les loisirs ne sont pas « synonymes » de bien être. Le travail de contrainte ne sera jamais la source du bien être. Combien de dépressifs déclarés ou non reconnus se réfugient dans des « suractivités » professionnelles ou sportives ou ludiques. Parfois l’oisiveté considérée comme paresse est la conséquence d’une réflexion rejetée ou d’un libre arbitre inhibé. Une addiction quelqu’elle soit n’est pas la source du Bien être.

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zelectron 31 août 2021 - 9:43 am

Le travail avant le plaisir ?
Il eut fallu écrire « déclaration universelle des devoirs et droits de l’homme » . . . .
mais ça de la part des révolutionnaires futurs assoiffés de sang c’aurait été trop leur demander !

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