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Le plastique, c’est fantastique !

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La pandémie du Covid-19 donnerait raison aux Verts. C’est du moins ce qu’ils prétendent, à l’instar de Nicolas Hulot qui déclarait le 22 mars sur BFM TV qu’avec le virus « nous recevons une sorte d’ultimatum de la nature », que « la nature nous envoie un message », qu’elle « nous teste sur notre détermination ». Ce serait, si nous comprenons bien le propos, parce que l’Humanité s’est mal comportée vis-à-vis d’elle, que la Nature (il convient alors de mettre une majuscule) se venge en envoyant le coronavirus. Celui-ci serait pour l’écologiste « un mal nécessaire » pour que nous prenions conscience de l’urgence.

Pensée magique

Nous sommes manifestement en plein dans la pensée magique !

La solution est donc de faire plaisir à cette Nature. Et Nicolas Hulot, dans l’interview sur BFM TV, se réjouissait que l’urgence bouscule tous les dogmes budgétaires, en rappelant que la crise écologique et climatique est aussi une urgence. Il conviendrait donc de dépenser à tout-va pour faire plaisir à la Nature et éviter qu’elle nous envoie un prochain virus encore plus méchant que le Covid-19.

Toujours selon Hulot, la Nature demanderait une révision de notre modèle. Dans Le Monde du 6 mai, l’ex-ministre de la transition écologique en appelait à la tenue rapide d’un Grenelle pour mettre en œuvre une transformation « radicale et cohérente » qui s’attaquerait, notamment, à la lutte contre l’évasion fiscale et à la création d’une troisième assemblée parlementaire.

De quoi assurément satisfaire Dame nature !

Davantage en rapport avec la crise actuelle, Hulot prônait la relocalisation d’une partie de notre économie. Il s’alarmait que notre pays soit si dépendant de l’étranger, citant en exemple le fait que 80 % des principes actifs de nos médicaments soient fabriqués en Asie.

Le pourquoi des délocalisations

Comme d’habitude, Nicolas Hulot et les écologistes, assis sur leur petit nuage vert, sont peu au fait des réalités et perdent la mémoire.

Car si la France est autant dépendante de l’étranger pour certains produits comme les masques, si nos médicaments sont fabriqués en Asie, c’est bien parce qu’on a tout mis en œuvre pour que nos industries se délocalisent.

Les laboratoires pharmaceutiques et l’industrie chimique font partie des secteurs qui ont le plus délocalisé, tout d’abord parce qu’ils étaient frappés, comme toute l’économie française, par le poids des charges.

Rappelons que les impôts de production représentaient, selon une note du Conseil d’analyse économique (CAE) de juin 2019, 72 milliards d’euros en 2016, soit deux fois plus que l’impôt sur les sociétés (IS).

Ces impôts, selon la définition de l’Insee, « englobent tous les impôts que les unités légales supportent du fait de leurs activités de production, indépendamment de la quantité ou de la valeur des biens et des services produits ou vendus. Ils peuvent être dus sur les terrains, les actifs fixes, la main-d’Å“uvre occupée ou certaines activités ou opérations. Ils recouvrent pour l’essentiel la taxe sur les salaires, les versements compensatoires liés au transport, la contribution économique territoriale (qui remplace la taxe professionnelle depuis 2010), les taxes foncières et la contribution sociale de solidarité des sociétés ».

Selon le rapport du CAE, ces impôts de production pèseraient 3,6 % de la valeur ajoutée des entreprises françaises, alors qu’ils ne comptent que pour 0,5 % en Allemagne. Comme l’écrivent les deux auteurs de l’étude : « L’analyse économique enseigne que les impôts sur la production sont les plus nocifs en raison des distorsions qu’ils engendrent tout au long de la chaîne de production. Contrairement à l’impôt sur les bénéfices ou la TVA, les impôts sur la production affectent directement les décisions des entreprises en termes de choix des modes de production et de prix et peuvent donc pénaliser leur productivité et leur compétitivité. De plus, en taxant les entreprises en haut du compte d’exploitation, les impôts sur la production augmentent leur point mort et peuvent expliquer, avec d’autres facteurs, la relative atrophie du secteur productif français et, en particulier, des TPE et PME ».

On sait aussi que la France est championne d’Europe des charges sociales et qu’elle a le marché de l’emploi le plus rigide de l’OCDE.

Tout cela pénalise nos entreprises et leur compétitivité, quel que soit leur secteur d’activité. Mais l’industrie chimique cumule d’autres handicaps qui mettent à mal sa compétitivité. Nous voulons parler des réglementations qui, selon un rapport de la Commission européenne elle-même, pèseraient pour 2 % du chiffre d’affaires du secteur et 12 % de la valeur ajoutée, mais aussi 30 % de l’excédent brut d’exploitation annuel du secteur. Selon le même rapport, le poids des réglementations dans le secteur de l’énergie ne représente que 9 % de la valeur ajoutée, et 3 % dans celui des transports.

Les trois grandes principales sources de coûts réglementaires dans l’industrie chimique sont liées aux réglementations sur les émissions et les procédés industriels (33 % et 4 % de la valeur ajoutée), sur les produits chimiques (29 % et 3,5 % de la valeur ajoutée) et sur la sécurité des travailleurs (24 % et 2,9 % de la valeur ajoutée).

Ajoutons que ces coûts, calculés pour l’Union européenne, sont probablement plus élevés en France qui a la fâcheuse habitude de sur-transposer les règles européennes et même d’y ajouter des surcouches nationales.

L’industrie pharmaceutique, qui est une cousine de l’industrie chimique, pourrait avoir des coûts encore supérieurs à cause des réglementations sanitaires. Ajoutons à cela la concurrence des médicaments génériques, principalement fabriqués en Asie, favorisée par les pouvoirs publics pour des raisons budgétaires. Et d’ailleurs, si l’industrie pharmaceutique a beaucoup délocalisé ses productions c’est peut-être d’abord parce que le gouvernement n’a eu de cesse de faire baisser les prix des médicaments remboursés.

Bref, toutes les conditions sont réunies pour inciter à la délocalisation des industries chimiques et pharmaceutiques. Et les réglementations environnementales pèsent lourdement dans la balance.

En paraphrasant Bossuet, nous pourrions écrire : Dieu se rit de Nicolas Hulot et de ses amis écologistes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes !

Besoin de chimie et de pétrole

Or, aujourd’hui, nous avons grand besoin de la chimie, de la pharmacie et de l’industrie pétrolière pour combattre le coronavirus. Besoin de médicaments bien sûr, de vaccins dans un avenir que nous espérons proche, mais aussi de produits désinfectants (l’eau de javel serait le 4ème produit le plus acheté dans les supermarchés en ce moment !), de masques (en polypropylène), de gel hydroalcoolique réalisé avec de l’éthanol, de visières de protection en polycarbonate, d’écran de protection en plexiglass… Dans les hôpitaux, besoin de sur-blouses en polyester, de charlottes, chaussons, masques FFP2 en polypropylène, de gants en latex, etc.

Le pétrole, la chimie et la pharmacie qui étaient déjà indispensables, sont désormais vitaux, n’en déplaise aux Verts. Comme le chantait le groupe Elmer Food Beat dans les années 1990, « Le plastique c’est fantastique ».

Et le pétrole va s’avérer d’autant plus utile quand il faudra reprendre sa voiture pour se déplacer. Car, finalement, la voiture n’est-elle pas plus sûre que les transports en commun ? Ne vaut-il pas mieux être seul dans son véhicule – sans pratiquer le covoiturage – plutôt que serré dans le métro pour empêcher le virus de se propager ?

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