Invité des Entretiens d’HEC, Eric Lombard, en campagne pour sa propre succession comme directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a partagé avec les téléspectateurs une vision de l’économie largement inspirée de l’économiste de gauche qu’il aime tant, Thomas Piketty. Pour lui, « le libéralisme économique va avec la démocratie. Mais il doit être tempéré de telle sorte qu’il profite mieux à tous ». Toujours selon lui, « l’équilibre s’est rompu quand les dirigeants d’entreprise, au lieu de défendre une répartition équilibrée de la plus-value constituée dans l’entreprise, ont pris le parti du capital. Divers outils, dont les fameuses stock-options, ont permis aux dirigeants de capter une part de richesse non proportionnée aux risques qu’ils prenaient (…). »
Développant encore sa pensée, il considère que la montée des populismes, que l’on constate aujourd’hui en Europe, résulterait du déséquilibre dans la répartition des richesses produites, créé par l’avidité des dirigeants : « Le capital a acheté le management à coups de bonus. » La solution serait donc « [d’]accepter une rentabilité moindre du capital. En Europe, la croissance est faible, mais les investisseurs recherchent un rendement de 8%. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de la faible croissance et de l’explosion des inégalités ».
Quand le prisme politique biaise les réalités économiques
Combattre ces inégalités revient donc à trouver des solutions au capitalisme qu’il qualifie de « déréglé ». La victoire de l’extrême droite aux législatives italiennes serait un signe qui montre « [qu’il] doit y en avoir plus pour les salariés, plus pour la planète et la transition écologique », sinon « il va y avoir des craquements » dans le tissu social, prévient Eric Lombard.
Ce qu’il oublie pourtant, n’étant pas historien, c’est que la plupart des « craquements » comme il les appelle, sont la conséquence d’une fiscalité trop importante. Qu’il s’agisse de la Grande Rébellion anglaise, de la Révolution française, de la guerre d’indépendance des États-Unis ou des Gilets jaunes, à chaque fois la fiscalité se trouve à l’origine des révoltes. Ce sont le déficit de l’Etat, l’augmentation des impôts pour combler des dépenses toujours plus importantes et l’aggravation de la dette, qui conduisent à l’insurrection.
Ce qu’il ne semble pas voir, et c’est d’autant plus inquiétant qu’il occupe un poste central pour l’élaboration des politiques publiques, c’est que s’il y a des inégalités, si la croissance est faible, c’est surtout parce que la fiscalité et les lois n’attisent guère l’envie de produire des richesses ! A entendre M. Lombard, les pauvres le seraient parce que les riches ne partagent pas assez. Pourtant, la répartition qu’il propose aboutirait à ce que tous soient pauvres, tuant toute volonté de se donner à fond pour créer quoi que ce soit. A quoi bon, si c’est pour se voir confisquer les bénéfices de son investissement ?
Une institution en peine de justification
On peut admirer son parcours dans le privé : HEC, banquier d’affaires, PDG de BNP Paribas Cardiff France, directeur général de la branche française de l’assureur Generali. Son CV politique est également conséquent :  « L’homme fut aussi au service Michel Rocard et son expérience de l’Etat s’est forgée au sein des cabinets de Michel Sapin, garde des Sceaux puis ministre de l’Economie et des Finances » apprend-on dans Challenges. Ce qui pourrait laisser soupçonner que la proximité de ce talentueux personnage avec le pouvoir socialiste explique tout autant, sinon plus, ses succès que la pertinence de sa vision de l’économie.
Ce qui pourrait, aussi, éclairer les critiques émises par la Cour des comptes qui a analysé la gestion de l’entreprise publique et l’a estimée insuffisante, les résultats dégagés n’étant pas à la hauteur des risques qu’elle prenait et qui mobilisaient la quasi-totalité des 140 000 salariés. Ce sont sans doute ces médiocres performances qui poussent le directeur de la Caisse à prendre un autre cap et chercher une justification dans une autre mission, très noble mais plus vague et moins précisément comptable, celle de réduire les inégalités.
En accusant les investisseurs de ne penser qu’à leurs profits, Eric Lombard rejoint la cohorte des haut-fonctionnaires ayant maintes fois démontré qu’ils ne comprennent rien aux ressorts de l’économie et ne conçoivent les entreprises que comme des ressources fiscales potentielles. Il serait vain d’espérer qu’ils pourraient un jour apporter des solutions efficaces aux problèmes qu’ils génèrent eux-mêmes.
3 commentaires
Combien gagne ce monsieur qui de surcroît est un fonctionnaire et rémunéré par l’état avec l’argent des contribuables ? Pourquoi se présente t’il à sa propre succession ? Je vais m’arrêter là avant de devenir très désagréable dans mes propos.
Ce monsieur fait partie de tous ces fumistes qui se gavent. Il lance des théories fumeuses alors qu’il n’a seulement jamais risqué un centime dans sa vie. Il vole le peuple et ensuite il donne des leçons. Comme THOMA, je m’arrête là car je vais devenir insultant et vindicatif.
Ces hauts fonctionnaires ne vivent que dans l’entre-soi des cabinets ministériels ou d’entreprises publiques. A la CDC ce monsieur ne risque pas la concurrence et donc sa vision de la gestion est plutôt fragmentaire. Quant à Piketty…