Le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, veut « faire de la défense de la science une politique publique à part entière ». N’y a-t-il pas un risque à ce que le discours scientifique soit complètement discrédité si l’État se charge de le contrôler ?
De nombreux experts étaient rassemblés, le 18 avril 2025, par le ministère de la Santé à l’occasion d’un colloque sur la « Lutte contre l’obscurantisme et la désinformation en santé ». L’objectif de cette manifestation était d’expliquer que les « fake news » (informations trompeuses ou inexactes) pouvaient avoir des conséquences néfastes sur la santé des individus, et d’explorer les solutions permettant de les contrer.
L’État, premier émetteur de « fake news » ?
Il n’est pas question de nier ici les ravages que peuvent faire les charlatans et les complotistes en tout genre qui pullulent sur internet. Toutes les âneries qui ont circulé à propos de la vaccination contre le covid-19 en sont un exemple emblématique.
Il ne faut pas pour autant oublier qu’à l’époque le gouvernement a aussi raconté beaucoup de bêtises, quand il n’a pas délibérément menti à la population. Qui, par exemple, a dit « on ne doit pas acheter de masques » le 4 mars 2020 sur France Inter, si ce n’est Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, alors qu’au même moment des médecins expliquaient comment se transmettait le virus et recommandaient le port du masque dans les transports en commun ?
Les mensonges contribuent indéniablement à dévaloriser la parole des gouvernants, et des politiques en général. Le « Baromètre de la confiance politique », réalisé par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) depuis une quinzaine d’années, montre bien que les Français n’ont pas confiance dans la politique (à 74%), ni dans les institutions que sont le gouvernement (à 76%), l’Assemblée nationale (74%), la présidence de la République (72%), le Parlement européen (69%), le Sénat (66%), l’Union européenne (66%).
La parole politique est tellement discréditée qu’il arrive parfois qu’un propos, même incontestable, soit remis en cause précisément parce qu’il a été émis par un homme politique. Le plus inquiétant est que ce phénomène tend à s’étendre à toute personne ayant des responsabilités plus ou moins « officielles ». Dans son livre « La méchanceté en actes à l’ère numérique », François Jost explique très bien que la parole de l’expert est de plus en plus souvent attaquée sur les réseaux sociaux. C’est le fait même que quelqu’un se présente comme « expert » qui rend ce qu’il dit contestable. Comme si tout « sachant » n’était en réalité qu’une personne mue par des intérêts plus ou moins cachés. Ainsi quand un médecin s’exprime pour expliquer les bienfaits de la vaccination, il est soupçonné d’être à la solde de l’industrie pharmaceutique.
Les scientifiques perdent de leur légitimité
Le baromètre « Science et société » publié par l’Institut Sapiens avec le concours d’Ipsos, illustre parfaitement ce phénomène. Ainsi, seulement 44% des personnes interrogées font confiance aux scientifiques pour être indépendants du gouvernement, et 40% pour l’être vis-à-vis des entreprises privées (6 points de moins qu’en 2022). En outre, plus d’un Français sur deux (53%) estime que, quand les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux, c’est souvent parce qu’ils défendent des intérêts privés.
A qui, alors, les Français ont-ils confiance pour les informer en matière scientifique ? Sûrement pas au gouvernement (28%, 10 points de moins qu’en 2022), ni aux médias (31%, 13 points de moins), mais aux associations de patients (72%) et à leurs proches (71%). Ils s’appuient aussi sur leur jugement personnel : 51% pensent que ce n’est pas parce qu’un scientifique démontre telle ou telle chose sur un sujet qu’il connaît bien, qu’il a raison et que son opinion vaut plus que la leur ; 42% vont même jusqu’à estimer que, pour savoir si un fait est vrai ou faux scientifiquement, il faut faire davantage confiance à sa propre expérience qu’aux explications des scientifiques.
Si l’on considère cette perte de légitimité des scientifiques, des hommes politiques et des médias et, en parallèle, cette une forte légitimation de soi et de ses proches, on peut affirmer que le ministre Neuder se fourvoie quand il déclare (au colloque du 18 avril) que « face à un phénomène [les « fake news] qui fragilise nos institutions et alimente les dérives, l’État doit répondre avec détermination ».
Nous avons du mal à croire que le gouvernement n’est pas au fait de la situation que nous venons de décrire. Pourtant, le ministre de la Santé ne semble pas avoir compris que s’il persiste à vouloir attribuer un « label » à des personnalités ou des institutions produisant une information médicale fiable, il risque de les discréditer définitivement. De même, à quoi vont servir « l’observatoire national dédié à la désinformation » qu’il souhaite créer, et le « programme national d’éducation critique en santé » qu’il dit vouloir lancer ?
Contrôler le discours scientifique ?
Le but est-il de contrôler la science ? D’avoir une « science officielle » ? On ne peut que rapprocher tout cela de la proposition de loi socialiste visant à contrôler l’information donnée sur les « enjeux environnementaux » et faire taire tout point de vue contraire dans les médias.
Sans doute craint-on que les Français ne finissent par comprendre qu’il n’y a, en réalité, pas d’urgence climatique, que les voitures électriques ne sont pas écolos, que l’efficacité énergétique des logements s’améliore naturellement au fil des ans sans que l’État ait besoin d’intervenir pour faire la chasse aux passoires thermiques, que les OGM ne sont pas dangereux pour la santé, que la biodiversité n’est pas vraiment en danger, etc.
10 commentaires
Dès que l’Etat contrôle un domaine, c’est une catastrophe, alors ma réponse est NON
Ha, Orwell quand tu nous tiens…. la science comme le reste de notre vie semble être la cible des contrôleurs autoproclamés. Les nouveaux “platistes” onusiens en place ont déjà commencé à sévir. Ira-t-on vers des distributeurs de PQ connectés, avec contrôle du nombre de feuilles utilisées…. ? pour éviter la déforestation ? Attention, nous y allons ! bien évidement au nom de la protection de la nature…
Ajoutons que la Science, ce n’est pas seulement la Santé, qui ne représente qu’une branche de celle-ci. Quelle est, en effet, la relation entre la Santé et l’étude des phénomènes sismiques, pour ne prendre qu’un seul exemple ?
En fait votre question est: ” la science doit elle être contrôlée par les littéraires”? … mais c’est déjà le cas, c’est pour cela que le pays est à dépassé!
L’IREF s’est décrédibilisée elle même: “le taux infime d’effets secondaires dont le lien direct et exclusif avec le vaccin n’est pas avéré”. Si, maintenant avec le recul, il est avéré que le thérapie génique expérimentale à ARNm contre le covid a des effets secondaires gravissimes pour les personnes qui y sont trop sensibles. La science officielle liée aux intérêts financiers de Big Pharma a joué à l’apprenti sorcier, que ça vous plaise ou non.
La science ne peut progresser que si les charlatans bénéficient de leur liberté tout en mettant en jeu leur responsabilité parce que personne n’est à l’abri d’être traité de charlatan à partir du moment cela gêne des intérêts économiques établis.
Quelles sont les rapports médicaux et quelle Académie médicale (à part celle de la Corée du Nord) soutient que “Big Pharma a joué aux apprentis sorciers”. Quelle pays a interdit les vaccins ? La vaccination continue dans tous les pays..
Les études de pharmacovigilance ont systématiquement démontré que les bénéfices de la vaccination à ARNm, notamment contre la COVID-19, l’emportent largement sur les risques d’effets indésirables, y compris les plus graves. Le risque de complications graves liées à l’infection par le virus lui-même est nettement supérieur.
Mais comme vous ne croyez pas a la science et au porteur de la parole de la science…
Avant tout se méfier des initiatives socialistes ; Elles ont conduit à la ruine les états qui y ont cédé (la France), à la dictature pour les autres
La science n’est pas une et indivisible, on l’a bien vu avec le Covid et on le voit encore avec le réchauffement climatique. Simplement, il y a les scientifiques qui disent comme le politique veut, qui seront le Conseil Scientifique, seul autorisé à s’exprimer, et les autres, dont l’avis est tout aussi valable, voire plus, mais qui seront interdits de s’exprimer, licenciés (Philippe Verdier), vilipendés, etc.
Il va falloir arrêter de croire que l’Etat veut « nous protéger », comme la crise Covid l’a bien démontrée : l’Etat ne veut que son propre bien et tous les moyens sont bons pour y arriver.
Le mensonges répandus tant par les media que les politiciens et mêmes certains scientifiques militants écologistes les durablement discrédités.