La loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové dite « ALUR », initiée par Madame Cécile DUFLOT et publiée au Journal officiel du 26 mars 2014, entre en vigueur progressivement.
A l’effet de vouloir protéger les locataires et les acquéreurs, elle fait fi de plusieurs principes fondamentaux du droit tels que la liberté contractuelle grâce à laquelle l’accord sur le prix et la chose doit suffire à la validité des conventions.
Cette loi soumet les bailleurs et vendeurs à des obligations nombreuses et sujettes à interprétation, ajoutant ainsi de l’insécurité juridique à l’instabilité économique.
Nous pouvons citer à titre d’exemples non exhaustifs :
I°) en matière de bail, l’instauration :
a) d’un système de blocage des loyers ;
b) de nouvelles limitations à la liberté de ne pas renouveler le bail à son expiration ;
c) de sanctions pénales en cas d’atteinte par le bailleur à des règles administratives qui portent elles-mêmes atteinte au droit de propriété…
II°) en matière de vente d’une grande majorité de lots de copropriété :
a) les annonces, outre le fait qu’elles doivent déjà indiquer le résultat du diagnostic de performance énergétique, devront en outre mentionner :
« 1° Le fait que le bien est soumis au statut de la copropriété ;
« 2° Le nombre de lots ;
« 3° Le montant moyen annuel de la quote-part, à la charge du vendeur, du budget prévisionnel correspondant aux dépenses courantes de la copropriété ;
« 4° Si le syndicat des copropriétaires fait l’objet de procédures. »
b) devront être annexés au compromis, outre les innombrables diagnostics déjà obligatoires :
« 1° Les documents relatifs à l’organisation de l’immeuble :
« a) La fiche synthétique de la copropriété ;
« b) Le règlement de copropriété et l’état descriptif de division ainsi que les actes les modifiant ;
« c) Les procès-verbaux des assemblées générales des trois dernières années ;
« 2° Les documents relatifs à la situation financière de la copropriété et du copropriétaire vendeur :
« a) Le montant des charges courantes du budget prévisionnel et des charges hors budget prévisionnel payées par le copropriétaire vendeur au titre des deux exercices comptables précédant la vente ;
« b) Les sommes pouvant rester dues par le copropriétaire vendeur au syndicat des copropriétaires et les sommes qui seront dues au syndicat par l’acquéreur ;
« c) L’état global des impayés de charges au sein du syndicat et de la dette vis-à -vis des fournisseurs ;
« d) Lorsque le syndicat des copropriétaires dispose d’un fonds de travaux, le montant de la part du fonds de travaux rattachée au lot principal vendu et le montant de la dernière cotisation au fonds versée par le copropriétaire vendeur au titre de son lot.
« 3° Le carnet d’entretien de l’immeuble ;
« 4° Une attestation comportant la mention de la superficie de la partie privative et de la surface habitable de ce lot ou de cette fraction de lot; (Ainsi, le vendeur devra désormais fournir deux superficies différentes : une communément appelée « Carrez », l’autre dite « habitable» … à quand la garantie sur une troisième superficie telle que la surface de plancher ?).
« 5° Une notice d’information relative aux droits et obligations des copropriétaires ainsi qu’au fonctionnement des instances du syndicat de copropriété.
« 6° Le cas échéant, le diagnostic technique global prévu à l’article L. 731-1 du Code de la Construction et de l’Habitation et le plan pluriannuel de travaux prévu à l’article L. 731-2 du même Code »
c) devront être notifiés par le notaire au syndic – au moins un mois avant la vente définitive mais seulement après la purge du droit de préemption urbain qui dure déjà deux mois – le nom de l’acquéreur et de son conjoint ou partenaire de PACS, à l’effet de s’assurer que ces derniers ne sont pas débiteurs à l’égard de la copropriété…faute de quoi la vente envisagée sera nulle…
Cette loi, à vouloir abreuver les locataires et acquéreurs d’informations et de garanties, allonge les délais et les preuves à préconstituer, ce qui engendre des coûts à la charge des propriétaires qui ne manqueront pas de les répercuter.
Les compromis auront désormais pour inconvénients de n’engager que le vendeur et d’être aussi longs à préparer que la vente définitive. L’acquéreur fera donc mieux de s’en dispenser pour requérir un prêt à sa banque en demandant à son propre notaire de lui procurer une attestation certifiant son projet d’acquisition. Ainsi, les parties raccourciront de presque deux fois le temps nécessaire à la réalisation de l’acte définitif, délai raccourci qui reste largement suffisant et pendant lequel le vendeur conservera, au même titre que l’acquéreur, sa liberté contractuelle.
Cette loi est tout à la fois liberticide et attentatoire des droits des propriétaires. Elle n’aura pour effet que d’éloigner un peu plus les investisseurs du marché immobilier, de limiter le nombre de logements construits, de raréfier le marché locatif au détriment des locataires ainsi que le font toujours des mesures de limitation des libertés contractuelles entre bailleurs et preneurs comme l’a si bien montré Alfred Sauvy en analysant les effets des blocages de loyers à la fin de la Grand Guerre.
Espérons néanmoins que les professionnels du droit et de l’immobilier sauront s’adapter, qu’ils innoveront, au sein de leurs structures, en constituant des services spécialisés dans l’assistance et l’aide aux propriétaires, et/ou en ayant recours au progrès technique : par exemple, la signature électronique permet désormais de n’apposer que deux signatures au lieu des centaines exigées pour les actes « papier », lesquels actes « papier », avec cette nouvelle loi, triplent de volume.
Ainsi, en réponse au choc de complexité créé par cette loi, l’initiative privée pourrait décharger les clients, utilisateurs, investisseurs ou promoteurs, de toute obligation administrative afin que ces derniers, premiers contributeurs à la construction de logements, se consacrent sereinement et pleinement à leurs seules activités.
Mais que d’énergies perdues pour rien ! Que de bêtises au service de la seule démagogie !
Antoine DELSOL, Notaire
4 commentaires
duree de transaction
Un voisin m'a dit qu'en 2012 il a achete une maison en Suede en 8 jours tout compris: visite de la maison, recherche de l'emprunt aupres d'une banque suedoise jusqu'a la remise des cles.
De plus il etait francais.
Travaillant a l'etranger on m'a refuser dans les banques francaises un emprunt parce que mon salaire en euros ne provenait pas de France, C'etait en 2001,
Banques francaises nulles, administration deplorable, on comprend le probleme. Un type a ecrit un bouquin sur l'administration francaise qui ralentit les projets et donc constituait un obstacle important.
La France des technocrates
Quelle compétence avait Cécile Duflot pour pondre un tel texte ? On se rend compte une fois de plus qu'il faudrait tes techniciens et des professionnels dans les gouvernements et pas autant de m'as tu vu…
loi Alur
Heureusement Mme Duflot est partie.
Encore un ministre qui n'a rien compris à la situation économique de la France. A quand des ministres qui auront fait quelquechose de leur vie comme diriger une société?
on veut de l'action intelligente pas des entraves à l'action.
Stop aux paperasses compliquées et qui ne servent à rien.
Est ce qu'un acheteur va lire tous les document demandés?
est ce que ceux qui ont acheté avant ont tous été trompés???
Simplification !
Je m'étonne que le Notariat n'ait pas usé de son influence pour empêcher la publication de la loi ALLUR.
Cette loi IMBÉCILE va paralyser encore un peu plus le marché immobilier.
Si vous voulez effectuer une transaction, préparez d'abord une brouette pour transporter les dizaines de kilos de documents administratifs qui vous seront remis par votre Notaire lorsque vous aurez pu enfin traiter.
Préparez-vous à attendre un an au minimum entre la signature du compromis et de l'acte authentique.
Un grand merci à cette "crétine" de Cécile DUFLOT qui elle est partie en laissant les Français se démerder avec de nouveaux noeuds pour l'économie Française.
Un grand merci également aux députés qui en votant pour cette loi vont encore contribuer à précipiter la France vers l'abîme.