Quel sort attend la Grèce et les Grecs ? Peut-être la sortie de l’euro aurait-elle un coût très élevé pour une économie qui manque de compétitivité, et qui serait exposée à l’inflation. Mais rester dans l’euro n’est pas possible sans réduction de l’Etat, sans privatisation ni moralisation. Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF, dresse un tableau complet.
Les origines des problèmes grecs sont mal connues en France. En Grèce, nous avons affaire à un système étatique corrompu qui est plus expert en détournement d’aides européennes qu’en libéralisme économique. Les échecs de cet Etat ont aussi été visibles en 2005 et 2006 lors des terribles incendies qui ont ravagé le pays. Des dizaines de rapports de Bruxelles ont mis en cause l’Etat grec pour avoir mal utilisé (ou volé) les milliards de subventions européennes. Rappelons que ce pays est le plus aidé de tous les membres de l’Union. Qui plus est, la Grèce est dirigée depuis 40 ans par les membres de deux familles : les Papandreou à gauche et les Karamanlis à droite. Les causes du malaise grec sont bel et bien les connivences entre les politiques, l’Etat et l’argent public.
Une faible compétitivité
Nombreux sont ceux qui proposent comme solution au problème grec la sortie de ce pays de la zone euro. En réalité, cette solution donnerait encore plus de fil à retordre que le maintien, même artificiel, de la Grèce en Europe. C’est ce que démontre par exemple l’analyste Simon Nixon dans un article du Wall Street Journal (26 septembre). D’abord, la Grèce n’a pas seulement un souci de dette publique, elle a aussi un manque criant de compétitivité. Comme c’est un pays où plus de 40 % de la population travaille directement ou indirectement pour l’Etat, les salaires réels devraient baisser de 30 % environ. Ensuite, si le pays quitte la zone euro elle se heurte aux traités qu’elle a signés et qui stipulent que tout pays membre ne peut abandonner l’euro qu’en renonçant de faire partie de l’Union européenne. Ce qui veut dire pour la Grèce l’abandon des Fonds européens dont elle est la principale bénéficiaire, et le libre accès au marché unique.
En renonçant à l’euro, la Grèce devra prendre des mesures draconiennes pour ses banques. Cette année, elles ont déjà perdu 12 % de leurs dépôts et en cas de sortie de l’Europe, le gouvernement devra imposer un contrôle strict des dépôts bancaires afin d’empêcher les fuites en masse à l’étranger. Les comptes seront probablement bloqués au moins pendant un certain temps et les banques devront être recapitalisées.
Rembourser en drachmes ?
Ensuite, le pays devra (re)négocier ses dettes en drachmes ce qui risque de prendre des années… De nombreuses entreprises grecques pourraient voir leur dette gonfler, ou se trouver obligées de la payer plus rapidement que prévu. Inutile de rajouter que le gouvernement sera tenté de faire appel à la planche à billets qui provoquera une hyperinflation. De même, les coûts de la mise en place de la nouvelle monnaie seront élevés : l’impression, la production, la diffusion… Le Crédit Suisse estime le coût de la sortie de la Grèce de la zone euro à environ 20 % du PIB tandis que les pertes pour les banques européennes seraient de 300 Milliards d’euros et de 600 Milliards pour les banques d’autres pays non membres.
Privatiser ?
Avant de quitter la zone euro, la Grèce devrait d’abord en finir avec son système d’économie publique. Plus de sept Grecs sur dix sont pour des privatisations massives. Seuls, les syndicats et les organisations d’extrême gauche s’y opposent. Il faut dire que l’Etat grec entretient une fonction publique pléthorique (environ 35 % de la population active)et qu’il détient encore des entreprises publiques évaluées à – environ – 44 Milliards de dollars, ainsi qu’un parc immobilier représentant entre 200 et 300 Milliards de dollars. L’Etat est donc encore présent dans les ports, l’’électricité, les transports, l’eau, les jeux, etc… Maintenant, il faut trouver les investisseurs intéressés par ces entreprises. A l’intérieur du pays, ils ne sont pas nombreux, mais la Grèce compte sur les étrangers. Cela suffira-t-il ? Pour les Grecs, lever 50 Milliards de dollars c’est faire baisser la dette publique de 151 % du PIB à 134 % du PIB en 2015.
Moraliser ?
Si le recours aux privatisations et aux investissements étrangers peut alléger le poids de la dette, il n’en demeurera pas moins un impératif absolu pour l’économie grecque : rompre avec une solide tradition d’économie souterraine. Si une bonne moitié des Grecs vivent du parasitisme social, l’autre moitié travaille bien, mais travaille « au noir ». C’est sans doute la conséquence et d’une fiscalité confiscatoire et d’une incurie administrative. Mais les comportements auront du mal à changer. L’Etat Providence crée la corruption et il est plus facile de prendre des habitudes d’assisté et de fraudeur que de renouer avec la morale élémentaire.
2 commentaires
la grèce
Merci de cette bonne synthèse. Pourvu que l’europe ne soit pas gérée en donnant des images et bons points aux médiocres, et cossards. En bref un peu comme la France d’après 1968. Gerée par des gens accrochés au pouvoir et donnant leur ame au Diable brandissant la menace d’une guerre civile etc….
Il faut l’abandonner à son sort (Tu travailles tu manges, sinon tu meurs !) et tant pis de ce que cela va couter. Ce sera toujours moins cher que le maintien en l’état de profiter des autres. Ca fera du bien à la morale collective!!!
Il faut crever l’abces une fois pour toutes et donner le bon exemple en vrais pédagogues.
EUROS-BONDS
Si l’on suit le raisonnement de M. J. ATTALI, il faut créer des EUROS-BONDS…. Soit. Reste qu’en procédant ainsi, il s’agirait de transférer les dettes colossales de chaque état Européen et des banques vers une structure unique.
Le problème de FOND qui consiste à mettre un terme aux déficits budgétaires des états et aux folies des banques ne serait en rien réglé. Qui peut garantir un tel processus vertueux que M. ATTALI appelle de ses voeux…? personne puisque la masse gérée deviendrait tellement importante que certains états en profiteraient…. pour continuer comme avant…!
Tous les Pays resteront donc en déficit de la même manière qu’aujourd’hui, lesdits déficits apparaîtront seulement moins importants car noyés dans la masse…..!
Désolé M. ATTALI, mais vous proposez, en réalité, un joli tour de prestidigitateur….!
Thierry FOURGEAUD Consultant à 44100 – NANTES le 5 Octobre 2011