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L’état de droit ou la servitude ?

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L’état de droit est bafoué en Chine où plus de deux cents avocats ont été arrêtés en juillet dernier pour les motifs les plus douteux tel que celui par exemple d’avoir osé mettre en cause la version officielle de la mort d’un homme tué par un policier alors qu’il partait pour déposer plainte contre le comportement des policiers. A Hong Kong même, les étudiants qui avaient mené la ‘révolte des parapluies” ont été inculpés au mois d’août sous des motifs futiles. Dans certaines villes chinoises, les chrétiens sont pourchassés, suspects d’être des agents de l’étranger capables de saper la mainmise du parti sur la société.

A Cuba, le métier d’avocat ne fait pas partie des 178 activités que les cubains sont désormais autorisés à exercer à leur compte. Les avocats doivent travailler dans des cabinets collectifs contrôlés par l’Etat. Plusieurs cubains ont été arrêtés cet été pour avoir protesté contre la visite de M. Kerry qui semblait créditer le régime des Castro d’une fausse normalité.

Dans l’Equateur du président Corréa, que pourtant le Pape François porte aux nues de manière inconsidérée, 313 médias ont fait l’objet de sanctions depuis 2013 pour désaccord avec la ligne du pouvoir, sous les prétextes les plus extravagants bien entendu. En Amérique du sud encore, au Venezuela le pays s’enfonce dans la répression, l’insécurité, le rationnement.

Cette violence n’épargne pas des pays plus riches. L’Arabie Saoudite a tranché la gorge à 134 condamnés depuis le début de l’année. Le dernier en date y a été condamné pour avoir participé à une manifestation d’opposition et alors qu’il était encore mineur. Il ne s’agit pas de châtier que des crimes de sang, mais aussi l’apostasie, la sorcellerie ou la dissidence. Bien d’autres pays musulmans ont l’habitude de faire disparaître les opposants, aussi bien en Iran qu’en Egypte ou ailleurs.

Tous ces pays ont en commun leur méconnaissance de l’état de droit qu’ils bafouent avec allégresse et au prétexte de la défense de leur Etat ou de leur religion ou de leur parti…

Pour sa part, l’Occident a une culture de l’état de droit qui est l’une des clés de sa réussite. Il est malheureusement en train de la perdre sous les coups de boutoir répétés des ennemis de la liberté qui agitent les peurs écologiques ou le mythe égalitaire pour renforcer sans cesse un Etat déjà omniprésent. L’Etat français prend lentement mais surement l’habitude de bafouer le droit et la liberté. Il se permet des délais de paiement qu’il demande aux tribunaux de sanctionner quand ce sont les entreprises privées qui les pratiquent, il s’autorise à ne pas payer certains collaborateurs habituels dans le respect des règles fiscales et sociales, son administration fiscale n’hésite pas à refuser le remboursement des crédits dus aux entreprises, notamment en matière de TVA, lorsque celles-ci font l’objet d’un contrôle fiscal, la présomption d’innocence est refusée à ceux qui doivent payer ou donner des garanties souvent impossibles pour contester des impôts redressés et contestés, il impose des quotas de chansons ou de films français, ses lois mémorielles disent ce qu’il faut mettre ou ne pas mettre dans les livres d’histoire …

Avec l’argent dont sont matraqués les contribuables, la radio et la télévision publiques assènent leur vérité. Elle est plus pernicieuse que tout d’ailleurs lorsque, sur la fameuse phrase de Nadine Morano, la présidente de La Chaine Parlementaire se veut objective en disant que sa chaine va « tenter de comprendre pourquoi elle l’a prononcée, pourquoi il y a des gens qui lui donnent raison ou dire pourquoi elle n’a pas raison » !!! Au demeurant, la police de la pensée n’a pas même besoin du pouvoir de l’Etat pour s’exercer. Les partis et les institutions la pratiquent naturellement que ce soit dans les médias si prompts à crier au scandale ou dans les partis qui se flagellent si facilement.

Le monde de demain est-il condamné à se partager entre servitude imposée et servitude volontaire, entre des pays tyranniques différenciés seulement par le modèle suivi, ancien ou moderne ? Essayons d’éviter d’être enfermés dans un tel dilemme. En y abandonnant leur liberté, les hommes s’y perdraient eux-mêmes. Même l’inégalité que certains croient combattre ainsi s’y renforcerait au profit de ceux qui tiennent le pouvoir et manient les tampons nécessaires dans ces pays à toute activité. Et tous ceux qui ne voudraient pas devenir serviles seraient plus pauvres. La liberté est un tout. C’est ce que la Chine ou l’Arabie Saoudite et tous les autres n’ont pas encore compris. La liberté est créatrice, elle permet l’innovation, la découverte, la diversité, le changement, l’évolution. Elle a façonné notre culture et notre civilisation. Ni la France ni l’Occident ne sont assimilables à une race. Ils sont le fruit de la liberté, mais celle-ci est exigeante, y compris lorsqu’il s’agit d’entendre certains s’exprimer autrement que sur le mode politiquement correct. La liberté exige aussi d’être défendue plutôt que livrée à ses adversaires. Elle suppose le débat plutôt que l’exclusion. Ne l’oublions pas.

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