Dans la nouvelle campagne publicitaire de la marque américaine de prêt-à -porter, la femme est un homme et l’homme est une femme. Ici, ni déguisement, ni photomontage : c’est vraiment lui qui est enceint.
La photo serait presque ordinaire. Un jeune couple d’amoureux attendant un enfant, les mains enlacées sur des draps blancs, banal et heureux événement. La scène, pourtant, dérange : la femme au ventre rebondi n’en est justement pas une. Une barbe, un torse velu, des traits anguleux, et sous la poitrine, une large cicatrice, signe d’une récente mastectomie. La scène est kafkaïenne et semble tout droit sortie d’une dystopie loufoque, quelque part entre Le meilleur des mondes et Bienvenue à Gattaca. La marque, Calvin Klein, s’impose comme porte-parole — noble ambition — de toutes ces « réalités » de la « famille moderne » : ‘‘Today, in support of women and mothers all over the world, we’re spotlighting the realities of new families’’, lit-on dans les quelques mots qui accompagnent l’image publiée sur la page Instagram de la marque à l’occasion de la fête des mères aux Etats-Unis, le 9 mai.
La femme est le père, l’homme est la mère
L’homme (ou la femme, donc, on ne sait plus) enceint (enceinte ? on ne sait pas non plus, l’Académie n’ayant pas encore tranché sur l’usage 2022 de l’adjectif féminin) se nomme Roberto Bête. Transgenre en capacité de gestation, son corps d’apparence masculine a conservé son appareil génital féminin. Ici, l’homme est donc la mère, si l’on prend la définition du Littré, « femme qui a mis un enfant au monde », tandis qu’Erika Fernandes, mannequin transsexuelle brésilienne qui l’accompagne, est le père biologique de l’enfant que Roberto Bête, son époux (ou épouse ?) porte. A l’équation rajoutons, du reste, que la mère biologique en est en fait le père, puisque née femme mais se définissant comme homme, alors qu’Erika, née homme devenue femme, affirme être la mère, bien qu’elle n’ait pas porté l’enfant. Tout va bien. Tim Cook serait-il un prophète ? L’emoji de la mise à jour iOS 15.4 d’Apple annonçait déjà , en février dernier, un phénomène appelé à se généraliser. Il fallait bien un symbole qui puisse représenter cette nouvelle réalité à une époque où l’on ne communique plus guère qu’à coups d’images. On n’arrête pas le progrès. Le 10 mai, au lendemain de la publication de cette campagne, Roberto accouchait de son fils Noah avant d’annoncer la nouvelle à ses admirateurs sur les réseaux sociaux.
C’est une ode à la maternité qu’a voulu proclamer la firme, au risque de déplaire à tous ceux qui s’érigent contre cette nouvelle idéologie dégoulinante de bons sentiments : qu’importe la morale, pourvu que les gens s’aiment. ‘‘We can reproduce biologically or from the heart… our place is to love and to be loved’’ conclut ainsi la marque. La scène deviendra-t-elle banale ? La récente entrée du pronom « iel » dans la version numérique du dictionnaire Le Robert en était déjà le signe : nous entrons dans une époque où le dualisme des sexes peut être aboli puisque l’on peut désormais choisir son genre, ainsi que celui de son enfant. La coexistence du masculin et du féminin, qui n’était ni fusion, ni confusion, se fond précisément dans ce barbarisme bien-pensant que Le Robert fait entrer dans la langue. Calvin Klein n’en est pas à son coup d’essai, mettant en scène des égéries qui combinent le plus de stigmatisations possibles. Ce fut le cas pour Jari Jones, mannequin noire grande taille et transsexuelle, activiste LGBTQIA-lphabet qui avait incarné le visage de la collection 2020 et qui avait valu à la marque l’approbation des foules, naturellement. Convaincue par cette idéologie woke inclusive et progressiste, contre laquelle on ne peut s’insurger qu’en rejoignant le camp des méchants réactionnaires, la marque avait déjà illustré lors de campagnes précédentes des personnes en cours de « transition » sexuelle. Le mot d’ordre : « inclusivité », néologisme disgracieux ayant pour but de promouvoir l’intégration des minorités. Impossible, dès lors, de s’opposer à ce généreux combat. « Tous les vices à la mode passent pour vertus » constatait déjà Molière dans son Dom Juan.
Pourquoi, dès lors, se révolter contre ce nouveau coup de communication pétri de bonnes intentions ? La marque montre patte blanche à notre jeunesse, notamment, déjà martelée à longueur de temps par ces idées forgées outre-Atlantique et tout droit venues des Etats-Unis. Il ne s’agit pas uniquement d’un phénomène à observer avec curiosité, mais le signe inquiétant d’un glissement sociétal à une époque où l’on fait des désirs de quelques minorités influentes, des droits, puis des lois et une norme. L’idée séduit indubitablement : la capacité de choisir un genre pour y conformer son sexe (si tant est que la distinction soit pertinente) recouvre finalement la tentation de la liberté toute puissante, quoique biaisée, de contrer la nature jusqu’à se choisir soi-même, jusqu’à la métamorphose.
4 commentaires
Répugnant.
Répugnant, immonde : pourquoi censurer cette opinion ?
Pourquoi parlez-vous, pouvez-vous commenter, attirer l’attention sur ces dérives ignobles ?
Cette photo est une monstruosité, ce mélange de femme, d’homme, de races, un blasphème à la face de la Nature et de notre civilisation.
Oui, vous perdez la tête en consacrant du temps à de telles m…..
Merci de votre analyse et de votre explication de texte fort pertinente.
J’avais remarqué cette image bizarre et était persuadé que c’était un photo-montage provocateur du genre de Benetton.
Sans vous, je serais passé à côté de cette histoire et si ce n’était l’IREF, n’en aurait jamais cru un mot.
Merci encore.
Calvin Klein dont les sous- vêtements masculins sont le signe de reconnaissance d’une “ communauté “ sexuelle qui étale ses photos dans la publicité ou les sites spécialisés devrait se cantonner à son métier de vendeur de bonneterie et de parfums et éviter ses publicités pour tous outrageantes !