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Politiques publiques industrielles : à la recherche du choc de compétitivité perdu

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Depuis la publication du rapport Gallois en 2012, que celle du rapport Draghi l’année dernière n’a fait que confirmer, la question de la compétitivité et de l’importance d’un choc de compétitivité pour les entreprises s’est invitée de manière de plus en plus prégnante dans le discours politique, sans que celui-ci débouche sur une véritable révolution en matière de fiscalité et de simplification normative, l’État préférant continuer à saupoudrer de l’argent public.

À la fin du mois de mai, les puissantes aciéries ArcelorMittal annonçaient le licenciement de 600 employés en France, rappelant les heures désagréables de la fermeture des hauts-fourneaux de Florange. Le secteur de l’acier français, touché par la crise de l’automobile, n’en finit pas de mourir, avec seulement quatre hauts-fourneaux en activité sur le territoire national. Plus généralement, cette situation révèle les maux de l’économie française, puisque le coût du travail, associé aux normes environnementales imposée à la sidérurgie, ne lui permet pas de rester compétitif face à la concurrence des pays asiatiques.

La France a plus souffert que ses voisins de la désindustrialisation

Depuis les années 2000, c’est-à-dire après les grandes vagues de disparitions des industries traditionnelles, textile, sidérurgie, extraction du charbon, qui ont durement touché l’Hexagone dans les années 80 et 90, le secteur secondaire français n’a cessé de décroître.

Selon la Cour des comptes, la valeur ajoutée créée par l’industrie française a augmenté de 20 % entre 2000 et 2019, un chiffre largement inférieur à celui de l’inflation (32,6 %), qui révèle une diminution de la valeur ajoutée industrielle en euros courants. Entre 2000 et 2022, le secteur secondaire a également perdu 900 000 salariés pour ne plus en employer que 3,2 millions en 2023.

En comparaison, l’Allemagne et l’Italie ont mieux tiré leur épingle du jeu : l’emploi industriel représente encore 18 et 17 % de l’emploi total (contre 11 % en France), et la part de l’industrie manufacturière dans le PIB atteint encore 21 et 17,5 %, contre 11 % en France.

Selon la Direction générale du Trésor, la baisse de la part des biens industriels exportés, pour l’essentiel manufacturés, a touché l’ensemble des pays développés, mais l’Allemagne et l’Italie s’en sont bien mieux sorties que la France et le Royaume-Uni. Dans le premier groupe de pays, le poids des exportations industrielles continue à s’établir autour du quart du PIB, quand il dépasse péniblement 10 % dans ceux du second groupe.

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Fatalement, la France a vu sa position internationale se dégrader, générant un déficit commercial abyssal qui n’est plus à présenter et que les politiques de soutien à l’export n’ont pas réussi à combler. Avec une baisse de 43 % de ses parts de marché dans le commerce mondial de biens, la France, deuxième exportateur européen dans les années 2000, dégringole à la quatrième place en 2023.

Plutôt que de s’attaquer aux causes du mal, l’État a préféré viser des objectifs court-termistes

En 20 ans, les plans pour l’industrie se sont succédé, égrenant la longue litanie des subventions publiques qui n’ont pas réussi à redynamiser l’industrie française : Nouvelle France industrielle en 2013, Territoires d’industrie en 2018, Pacte productif en 2019, puis France 2030 en 2021. Encore faudrait-il, pour que le tableau soit complet, ajouter les deux plans de relance mis en œuvre pendant la crise financière et du Covid-19, ainsi que les différents PIA (plan d’investissement d’avenir), qui ne visent pas que le secteur secondaire mais qui lui bénéficient également.

D’une manière générale, les soutiens publics à l’industrie, c’est-à-dire les exonérations fiscales et sociales, les avances, les prêts, les subventions ou les prises de participation, sont en augmentation. La Cour des comptes a calculé que la moyenne annuelle des sommes versées par l’État avait atteint 17 Mds € entre 2012 et 2019, un chiffre qui grimpe à 26,8 Mds € pendant la période 2020/2022.

Dans le même temps, du fait du poids des charges sociales et des impôts de production, largement plus élevé qu’ailleurs en Europe, l’industrie tricolore continuait à être matraquée. En retranchant les subventions, le taux effectif de taxation des entreprises en 2022 atteignait 17,9 %, contre 14,3 % en Italie et 9,5 % en Allemagne (qui, de surcroît, fait montre d’une vertu budgétaire minimale dont notre pays ferait bien de s’inspirer).

Autre handicap majeur : la pénurie d’emploi. Un système inefficace d’orientation des étudiants et des lycéens les conduit à préférer s’inscrire pour un énième master en sociologie du genre, option arts du cirque, plutôt qu’à se diriger vers les filières techniques. Seuls 40 % des élèves du secondaire suivent ainsi un cursus professionnel, loin derrière la moyenne européenne qui s’établit à 49 %.

Face à l’échec répété des politiques interventionnistes et à l’accumulation de dispositifs publics inefficaces, il est temps d’opérer un véritable changement de cap. Plutôt que de poursuivre dans la voie du soutien ciblé et du saupoudrage budgétaire, la France doit miser sur la liberté économique, la stabilité fiscale et la simplification réglementaire pour créer un environnement propice à l’investissement, à l’innovation et à l’emploi industriel, faute de quoi elle continuera à glisser sur la pente du déclin.

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7 commentaires

Poivre 14 mai 2025 - 8:33 am

“… puisque le coût du travail, associé aux normes environnementales imposée à la sidérurgie, ne lui permet pas de rester compétitif face à la concurrence des pays asiatiques
A la charge fiscale déjà écrasante s’ajoutent désormais les folies maastricho-escrologique qui rendent toute production à forte charge énergétique désormais impossible en Europe…. La chute continue.

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Poivre 14 mai 2025 - 8:37 am

” Un système inefficace d’orientation des étudiants et des lycéens les conduit à préférer s’inscrire pour un énième master en sociologie du genre, option arts du cirque, plutôt qu’à se diriger vers les filières techniques.”

Il serait temps de supprimer purement et simplement ces filières dont l’utilité essentielle est la création de chômeurs aigris qui viennent grossir la masse des agitateurs de tout poil et genre….

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Phil4775 14 mai 2025 - 4:50 pm

C’est bien par là qu’il convient de commencer… Tout comme pour s’attaquer aux narcotrafiquants, il conviendrait d’instituer le délit de “financement d’activités criminelles” opposable aux drogués…

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Virgile 14 mai 2025 - 11:20 am

Vu le prix de l’électricité et les imbécillités de la gauche cela n’a aucune chance de s’améliorer, ce n’est pas en augmentant les charges des entreprises que l’on réindustrialise un pays!

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Simon Choisy 14 mai 2025 - 4:37 pm

Ne s’agirait-il pas plutôt d’un master en art du cirque, option sociologie du genre ; -) ? …

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ERNST 14 mai 2025 - 9:28 pm

Le prix de l’électricité à flambé: 116% de 2010 à 2024, la précarité enrgétique a doublé de 6% à 12% entre 2012 et 2023 (Source : Bundesnetzagentur : Agence fédérale des réseaux)
Tout ça pourquoi?.. Pour être les premiers selon Mme von der Leyen et Mr Macron. Or la France c’est 0,7% de émissions de CO2 et l’Europe 7% et nous baissons nos émissions chaque année. Par quels moyen en développant les énergies renouvelables intermittentes responsables des prix élevevés et qui produisent plus de carbone que notre nucléaire (4,1g de CO2 par KWh) obligé de baisser sa production quand le vent souffle et le soleil brille. Des EnRi qui déstabilisent les réseaux (blackout Espagne Portugal)…Quand sortira -t-on de l’aveuglerment idéologique autour de ces énergies mortifères, alors que les énergies renouvelables pilotables: géothermie, bois, méthanisation pompes à chaleur… paurraient apporterun grand sourtien pour le chauffage individuel et collectif, créer de l’emploi local, apporter du bien être aux Français eu aux collectivités..

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dudufe 17 mai 2025 - 1:48 pm

Je suis toujours étonné du pouvoir de séduction des escrologistes .Ces derniers ont réussi à mettre toute l’Europe “dans leur poche” avec leurs idées saugrenues qui coutent les yeux de la tête à tout le monde et ce n’est pas prêt de s’arrêter !

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