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Revue Dialogue : Comment la Chine fait sa propagande auprès de l’IREF

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Négation des tortures des Ouïghours, glorification du régime maoïste, la revue Dialogue menée par une philosophe française ne recule devant rien pour faire la propagande de Pékin.

C’est un magazine que l’IREF reçoit depuis plusieurs mois à son siège parisien, en plusieurs exemplaires, et sans que nous n’ayons jamais sollicité cet envoi. Nous nous sommes donc penchés sur le contenu de ce magazine, Dialogue Chine-France, et sur ce qui se cache derrière.

Une propagande à peine voilée

« En route vers la neutralité carbone », « Un plan chinois sur 5 ans », les unes du magazine Dialogue sont sans équivoque : le but est de montrer le visage radieux d’une dictature chinoise en pleine mutation. Dès la première page du numéro 5, on peut lire une publicité pour le Centre culturel de Chine, institution parisienne de rayonnement de la culture chinoise : musique, danse, théâtre, calligraphie… Si ce centre peut paraitre inoffensif, il n’en est rien du mot d’accueil de son président, publié sur leur site internet et qui évoque la crise du coronavirus : « Le gouvernement chinois a pris des mesures fortes […] il a fait gagner du temps au monde entier et a bénéficié de la compréhension et du soutien de tous les peuples ». Voilà pour le rayonnement culturel de la Chine.
On peut ensuite lire un dossier sur tous les efforts faits par la Chine pour améliorer son impact environnemental, qui nous explique « qu’à l’heure où l’engagement climatique des Etats-Unis reste incertain, la Chine se positionne comme un leader dans la lutte contre le changement climatique ». Une affirmation qui parait ridicule, au regard des 9,84 milliards de tonnes de CO2 émises par la Chine en 2017, ce qui en fait le plus gros pollueur au monde, bien loin devant les Etats-Unis.

Négation des crimes du régime chinois

Si ce numéro 5 peut simplement apparaitre comme une vaste campagne de promotion de la Chine en tant qu’acteur de la transition énergétique, le numéro 6, « Un plan chinois sur 5 ans », contient des affirmations beaucoup plus graves. En page 3, on peut ainsi lire un court article présentant la ville d’Aksou, dans le Xinjiang, région autonome où vit la minorité Ouïghoure, persécutée par le pouvoir central. Mais selon le reportage, dans cette ville, une des rues commerciales emploie 99% de Ouïghours. Cette rue serait même nommée en hommage à un enfant ouïghour. L’article conclut sur cette « belle histoire d’unité inter ethnique ». Sans aborder directement le sujet, le texte tente ainsi de montrer que les Ouïghours sont parfaitement intégrés en Chine, à un moment où les exactions du gouvernement chinois contre cette minorité sont de plus en plus connues.
Le dossier central est ensuite consacré à la présentation du 14e plan quinquennal du pays, un système de planification stratégique mis en place par Mao Zedong. Il évite totalement de parler des conséquences dramatiques de la politique menée par le dictateur communiste. On apprend ainsi que « le premier plan quinquennal (1953-1957) a jeté les bases de l’industrialisation de la Chine : la création de coopératives agricoles. […] Le deuxième plan quinquennal (1958-1962) a posé les bases de l’élévation du niveau de vie de la population chinoise ». Ces affirmations graves nient totalement que le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle ont entrainé la mort de 36 millions de Chinois (selon les estimations historiques le plus récentes) et la mise en place d’un régime totalitaire, mené par un parti unique. Au contraire, l’article met en avant le chiffre de 800 millions de Chinois sorties de la pauvreté depuis les années 1950.

Une philosophe française à l’oeuvre

L’auteure de cet article, la docteur en philosophie Sonia Bressler, est une universitaire française. L’ours du magazine indique qu’elle est membre du comité de rédaction, et que la revue est éditée par La Route de la Soie – Editions et par La Chine au présent. La Route de la Soie est une maison d’éditions fondée par Sonia Bressler elle-même, une entreprise dont le siège social est situé à l’adresse du cabinet de conseil de la chercheuse. La Chine au présent est une revue fondée en 1949, très lue par les universitaires maoïstes des années 60, et qui jusqu’à la fin des années 70 était la seule lecture accessible aux visiteurs étrangers en Chine.
Sur son site, Sonia Bressler vante La Route de la Soie comme une maison d’édition de lien entre les cultures française et chinoise. En réalité, la propagande continue. La philosophe a notamment édité le livre « Ouïghours, pour en finir avec les fake-news », écrit par Maxime Vivas. La quatrième de couverture vante un livre qui « démonte la fable du « génocide » ouïghour ».
Dans une interview au quotidien communiste La Marseillaise, Maxime Vivas affirme ainsi que ce sont les Etats-Unis, inquiets de la puissance chinoise, qui sont à l’origine de ces « mensonges ». Selon lui, « la CIA est derrière les principaux organes d’information ». Pourtant, le terrorisme ouïghour en Chine est une réalité. Plusieurs dizaines de journalistes, chercheurs et experts ont montré que la Chine procédait à l’internement dans des camps de rééducation de millions de Ouïghours, parfois enlevés et coupés de leur famille pendant plusieurs années.
En tant qu’institut indépendant et de tendance libérale, il est logique que l’IREF soit la cible de ce genre de propagande communiste, qui ne changera néanmoins rien à notre manière de travailler et d’aborder les enjeux économiques de notre époque.

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2 commentaires

AlainD59 26 février 2021 - 9:29

Une philosophe ?
Elle ne serait pas la première à nous vanter les merveilles des "paradis" communistes. Vouloir à ce point nier la réalité d'un régime totalitaire ce n'est plus seulement de l'amour mais de la passion. Fort heureusement, tout le monde n'est pas sensible au chant des sirènes. D'ailleurs si le régime chinois lui plaît tellement je pense que personne ne la retient ici.

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Philippe_ 26 février 2021 - 9:45

Ouïghours, Hongkongais, Tibétains…
Ouïghours, Hongkongais, Tibétains, des peuples heureux de leur intégration dans la grande Chine ! Et pendant ce temps, que fait l'occident ? Elle copie la méthode chinoise grâce à une opportune pandémie sanitaire : état d'urgence, couvre-feu, confinement, obligation vaccinale, passeport sanitaire…

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