Le budget 2022 prévoit plus de quatre milliards d’euros pour le ministère de la Culture, soit son plus gros financement depuis sa création. Cette manne étatique est-elle vraiment la clé du succès pour la culture ?
Le quinquennat d’Emmanuel Macron est marqué par une augmentation importante du budget alloué à la Culture : + 15% depuis 2017, et + 7,5% par rapport à l’année dernière, portant le budget prévisionnel de 2022 à 4,083 milliards d’euros. A cela s’ajoutent les annuités 2022 du volet Culture de France relance à hauteur de 463 millions d’euros, et le soutien exceptionnel aux établissements publics sous tutelle du ministère de la Culture pour 234 millions d’euros. En définitive, et avec les recettes des différentes taxes, ce sont plus de 11 milliards d’euros qui vont être consacrés à la Culture en 2022.
Le projet de loi de finance 2022 détaille les six programmes bénéficiant de ces fonds : le programme Patrimoine (1,019Md€), le programme Création (909M€), le programme Transmission des savoirs et démocratisation de la culture (758M€), le programme Presse et médias (288M€), le programme Livres et industries culturelles (330,2M€) et le programme Soutien aux politiques culturelles (90,8M€). Tous connaissent une hausse budgétaire allant parfois jusqu’à plus de 30%. Ils sont accompagnés d’un panel d’actions diverses, allant de la contribution à l’audiovisuel public (3701M€) au soutien des DRAC (962M€), en passant par le Pass culture (199M€), dont les trois quarts sont d’ailleurs utilisés pour acheter des mangas, et l’entretien et la rénovation des monuments historiques (470M).
Le ministère de la Culture, une justification purement politique
Ces chiffres impressionnants amènent quelques réflexions : tout d’abord, pourquoi tout passerait-il par un ministère de la Culture ? Pourquoi ne serait-ce pas par les particuliers ou les fondations ? Inutile de voir là une nouvelle lubie américaine : le ministère de la Culture n’existait pas il y a 70 ans et le patrimoine ne s’en portait pas plus mal. Un ministère de la Culture, c’est avant tout une démonstration politique, de la même façon qu’il y a des ministères de la Transition écologique ou de l’Egalité homme-femme.
C’est d’ailleurs une perspective toute politique qui a inspiré au général de Gaulle la création de ce ministère. Il avait ainsi déclaré à son Premier ministre Michel Debré : « Il vous sera utile de garder Malraux. Taillez pour lui un ministère, par exemple, un regroupement de services que vous pourrez appeler Affaires culturelles. Malraux donnera du relief à votre gouvernement ». Si l’on comprend l’intérêt de s’attacher les services d’un tel homme, on a du mal à voir en quoi les ministres qui lui ont succédé justifient le maintien du ministère Malraux. Comment, par exemple, ne pas penser à la consigne qu’avait reçue Fleur Pellerin de François Hollande après sa nomination : aller au théâtre « tous les soirs. Il faut que tu te tapes ça. Et tu dis que c’est bien, que c’est beau… Ils veulent être aimés » ?
D’ailleurs, n’est-il pas dangereux de revendiquer une prise en main de la culture par le politique ? N’est-ce pas plutôt le chemin inverse que l’Histoire a emprunté, avec une culture qui interroge, interpelle ou inspire le politique ? A l’inverse, un art subventionné signifie des artistes flirtant avec le copinage et des dépenses d’argent public monstrueuses : aujourd’hui, l’art ne doit plus être beau, il doit surtout être cher. Snobisme et clientélisme semblent être les deux mamelles de l’art contemporain subventionné par l’Etat.
La solution salvatrice des initiatives privées
Face à cette perte de sens et au sentiment de révolte populaire qu’elle suscite, il est donc urgent de trouver une autre façon de faire. L’alternative au ministère de la Culture et à ses dépenses pharaoniques pourrait être, par exemple, les fondations ; mais pour cela, il faut faciliter leur constitution. Et quoi de plus démocratique que les fondations ? Les individus décident eux même et directement quelle cause soutenir. Cela induit nécessairement une responsabilisation des citoyens et une méritocratie de la part des acteurs culturels.
Cette possibilité fonctionnerait car les Français sont généreux. Non seulement ils donnent aux causes qu’ils estiment justes, mais ils les évaluent également fort bien, par exemple s’agissant de musique ou de gastronomie : il arrive de plus en plus souvent qu’aucun prix ne soit indiqué pour un concert ou un menu dans les restaurants. Les spectateurs ou convives sont invités à verser le montant qu’ils estiment le plus juste au regard de la qualité du travail fourni. Et ça marche ! Les spectateurs donnent en moyenne d’avantage que ce que leur aurait coûté une place de concert, ou un repas. Les artistes et les restaurateurs voient cela comme une véritable valorisation de leur travail.
Notre patrimoine, par exemple, doit beaucoup à des dizaines et des dizaines de particuliers qui s’acharnent à le restaurer, le préserver, l’embellir. Ils contribuent ainsi à sauver un savoir-faire et des compétences ancestrales qui sans eux disparaîtraient peut-être. Et cela, grâce à la générosité de tous ceux qui misent plus sur l’enthousiasme que sur les subventions. Tel celui de la famille Guyot, qui rachète des châteaux à l’abandon et les restaure. Six ont ainsi pu rouvrir : le château de Beaumesnil en Normandie, les châteaux de La Ferté Saint-Aubin et de Saint Brisson sur Loire en Val de Loire, le château de Vaux en Champagne et les châteaux Bridoire et Marzac dans le Périgord. Même constat à Guédelon, où depuis vingt-trois ans des passionnés construisent un château-fort du XIIIème siècle en respectant les techniques médiévales.
Ce savoir-faire très ancien est ainsi préservé et cela sans le moindre financement public, grâce à la générosité de tous ceux qui misent plus sur l’enthousiasme que sur les subventions. A l’origine de la construction de Guédelon, Michel Guyot sait où réside l’efficacité : « Je suis contre le système de subventions et les associations usines à gaz qui s’effondrent quand il n’y a plus d’argent public. Le but était de mettre en place une structure pérenne autofinancée pour ce chantier appelé à durer une trentaine d’années ». Pari tenu !
3 commentaires
Qui va sauver la culture ?
Avant de sauver la culture il serait préférable de sauver l’industrie. La culture n’étant qu’une charge déjà insupportable aujourd’hui en France.
Qui va sauver la culture ?
« La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié » (il y a discussion quant à l’auteur de cette maxime – Edouart Hériot, un japonais, Ellen Key). Ceci veut dire que du temps doit passer avant que des Å“uvres de création artistique passent dans le vrai domaine de la culture. Mais on préfère financer la création contemporaine, dite « exception culturelle française » pour financer avec l’argent du contribuable, vache à lait fiscale aux mamelles intarissables, les amis de gauche pour qu’ils participent à entretenir le politiquement correct qui ruine la France, et fait réélire toujours la même clique dans les palais de la République. Et quand ces comédiens deviennent très riches, ils s’exilent fiscalement en Belgique, Russie, Suisse ou USA, car la solidarité nationale ne vaut que s’ils en bénéficient, mais pas l’inverse.
Qui va sauver la culture ?
Vous pouvez parler de « culture » dans un pays qui ne sait plus lire, écrire et compter. Ah, elle est belle la culture. Depuis qu’elle est financée, c’est la débandade tous azimuts. Et puis, maintenant c’est devenu un outil de propagande politique aux mains de personnages à la bêtise crasse.