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«Macron réussit à discréditer le libéralisme sans le pratiquer!»

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La faillite de l’étatisme à la française est l’une des causes principales de nos maux économiques et sociaux, plaide Nicolas Lecaussin, le directeur de l’IREF dans son nouvel essai : Les donneurs de leçons : Pourquoi la France est en vrac !

Interview publiée par Le Figaro le 01/04.

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LE FIGARO. – Qui sont les donneurs de leçons que vous dénoncez dans votre essai?

Nicolas LECAUSSIN. – Ce sont les moralisateurs qui croient détenir la vérité et mieux savoir que les Français ce qui est bon ou mauvais pour eux: politiques, de gauche comme de droite, biberonnés à l’étatisme depuis des générations ; hauts fonctionnaires sortis de l’ENA qui se sentent investis d’une mission quasi divine et s’opposent à toutes les réformes économiques et sociales ambitieuses, surtout lorsque celles-ci ont un parfum un tant soit peu libéral ; journalistes dont beaucoup sermonnent mais si peu informent ; intellectuels progressistes omniprésents dans les médias ; écologistes tyranniques qui prétendent dicter nos conduites en préconisant toujours plus de taxes et de réglementations…

C’est à cause de tous ces donneurs de leçons que la France va mal?

«Les politiques s’occupent de tout, légifèrent sur tout, notre bien-être, la fessée pour les enfants ou le remplacement des mots père et mère par les appellations parent 1 et parent 2»
J’en suis convaincu. Les politiques s’occupent de tout, légifèrent sur tout, notre bien-être, la fessée pour les enfants ou le remplacement des mots père et mère par les appellations parent 1 et parent 2. Mais au lieu de cet activisme brouillon, pourquoi ne réforment-ils pas la nation en profondeur? La France est le seul grand pays riche et démocratique qui n’ait pas vraiment refaçonné son État après la crise de 2008-2009. Dans nombre de pays, les recettes libérales ont été adoptées avec succès. Ce sont les seules jamais tentées sérieusement en France. Résultat: notre pays est le champion du monde des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques.

Emmanuel Macron n’a-t-il pas promis des réformes ambitieuses?

Il annonce des réformes qu’il ne fait pas. Macron a réussi un exploit: faire descendre les Français dans la rue sans même avoir réformé! On l’accuse d’être libéral, mais il ne l’est pas. Il est progressivement devenu aussi étatiste que les autres. La baisse annoncée de l’impôt sur les sociétés se voit sans cesse repoussée. Les dépenses publiques continuent d’augmenter. Onze nouveaux prélèvements et taxes ont été mis en place depuis juin 2017… Et que dire de la baisse ridicule du nombre de fonctionnaires? Au rythme actuel, il faudrait plus d’une centaine d’années pour rattraper l’Allemagne. On est très loin de vraies réformes.

«Macron fait un peu ce que Gorbatchev a tenté en Union soviétique, en essayant de réformer le communisme. Mais on ne pouvait pas réformer le communisme, il fallait s’en débarrasser»

Macron fait un peu ce que Gorbatchev a tenté en Union soviétique, en essayant de réformer le communisme. Mais on ne pouvait pas réformer le communisme, il fallait s’en débarrasser. De même, Macron essaye d’améliorer le «modèle social français», mais c’est impossible: il faut choisir un autre modèle. Dans le monde actuel, ubérisé et mondialisé, on ne peut pas se contenter de réformettes ; la perestroïka, cela ne marche pas. Pour que la France devienne un pays plus riche et plus compétitif, il faut oser la transformer en profondeur: réduire la place de l’État, ouvrir davantage les services publics à la concurrence du secteur privé, diminuer les impôts, mais aussi toutes les réglementations qui empêchent les entreprises de croître.

Pourquoi le libéralisme fait-il si peur aux Français?

Les Français ont une vision tronquée du libéralisme, déformée par une partie des médias et par l’Éducation nationale. Dans notre pays, on parle d’ailleurs plus volontiers d’ultralibéralisme que de libéralisme, comme si l’on voulait accentuer la peur du grand méchant marché. Même la droite française demeure étatiste, antilibérale et ne semble pas bien comprendre les ressorts de l’entreprise privée. Un élu LR me demandait voilà peu comment aider les entreprises au niveau local. Mais il ne faut rien faire justement! Cessons de jouer les assistantes sociales et contentons-nous de laisser les entreprises agir…

Qu’attendez-vous du grand débat ?

Le grand débat est une cacophonie générale: tout le monde réclame quelque chose. Les Français, infantilisés, ont été habitués à ce que l’État leur donne tout et s’occupe d’eux en permanence. Le gouvernement ne pourra pas contenter tout le monde. C’est la première fois, depuis que je travaille en France, que je suis inquiet pour l’avenir du pays. Pour l’heure, il n’y a pas de véritable alternative au pouvoir en place, si ce n’est l’opposition qu’incarnent Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, très proches idéologiquement. Tant que la droite classique n’aura pas compris qu’elle doit assumer des propositions fortes, libérales dans le domaine économique et fiscal, conservatrice sur le plan sociétal, le risque d’une montée des extrêmes demeurera.

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13 commentaires

PICOT 1 avril 2019 - 7:58

Cacophonie
Le "grand débat" est peut être une cacophonie, mais je pense que c'est surtout ici la bonne vieille méthode du comité Théodule, à l'échelle nationale, qui essaye de nous faire croire à un riche dialogue et qui ne sert, en fait, qu'à éviter d'aborder les problèmes graves ainsi qu'à esquiver les réponses à ceux qui s'appauvrissent en raison d'une fiscalité confiscatoire. Macron n'a répondu à rien et n'a pas l'intention de le faire. Il ne le peut ni ne le veut, de toute façon : ce serait trahir ceux qui l'ont mis là. Il joue la montre, attendant que tout s'arrête, en nous prenant pour des imbéciles, mais si la révolte se calme elle repartira de plus belle. Tout le pays, en effet, s'appauvrit avec cette politique suivie depuis 40 ans et les plus pauvres n'ont plus rien à perdre. Quand on met des citoyens le dos au mur il ne faut pas s'étonner s'ils deviennent vraiment violents.

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Littlevinie 1 avril 2019 - 11:08

Et l'humain ?
Le problème n'est pas ce que vous appelez libéralisme mais c'est le capitalisme (au sens de profit et d'argent). Il asservit l'Homme par la monnaie et tue à petit feu l'humanité au nom du dieu argent… Pourquoi devons-nous travailler comme des bêtes de somme pour gagner le droit le plus élémentaire de la nourriture (qu'on accorde d'ailleurs à nos animaux domestiques…) ? Au lieu de profiter de ce qui est vraiment important: notre famille, nos amis, nos passions, notre vie intérieure, notre épanouissement personnel, car on n'a qu'une vie ! L'être humain est voué à autre chose qu'à servir un système qui le détruit…

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Korev 4 avril 2019 - 7:34

En gros nourriture gratuite pour tout le monde ? Qui paie? Qui choisit ? Qui organise ? Qui légifére ? Toujours ces vieux réflexes communistes. Votre commentaire est la synthèse de ce qu'explique l'article ????

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Daisy Bell 1 mai 2019 - 9:08

Dois-je comprendre que votre idéal politique est d'être ramené à la condition d'animal domestique afin d'être nourri gratuitement par l'Etat ?

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Astérix 2 avril 2019 - 10:46

Excellent article !
Merci à Nicolas LECAUSSIN pour cet excellent article.
Les français ont complètement perdu de vue la définition du libéralisme. Ils ont été manipulés par les médias qui n'ont rien compris à l'économie, comme d'habitude.
N'importe quel personnage de bon sens pourrait comprendre que les dépenses publiques ne peuvent continuer à atteindre les 58 % de la richesse créée !
Il faut impérativement les ramener à 30 %.
Afin d'y arriver, seule l'instauration d'un "Paradis fiscal" pourra régler le problème.
Sans une telle mesure, nous aurons de manière certaine un chômage de masse, le dépôt de bilan de milliers de PME/PMI/TPE et la misère pour tous les Français écrasés par les taxes et impôts.
Je prévois l'enfer en France tant que M. Macron et ses incapables seront au pouvoir.

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robert 2 avril 2019 - 11:02

et le capital?
LE CAPITAL LONG APAISE LES ANGOISSES A VOURT TERME

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Kébéral 2 avril 2019 - 11:47

Tout allait bien …
… jusqu'à la dernière phrase. Dommage. Le "conservatisme sociétal" c'est juste le dirigisme appliqué à autre chose que l'économie.

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Zérocratie 3 avril 2019 - 12:23

Exactement. Sans cette phrase je ferais passer l'article à tout mon carnet d'adresse.

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Daisy Bell 2 mai 2019 - 2:25

Absolument d'accord. On ne peut pas se dire libéral tout en prônant un "conservatisme sociétal". Antinomique.

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orilou 88 2 avril 2019 - 12:19

Soviétisation de la France
tout-à-fait d'accord avec votre analyse. Rentrée en France en 1975 après avoir travaillé plusieurs années en Allemagne, je fus -à l'époque déjà- effarée de ce que je voyais. C'est avec Raymond BARRE que débuta cet ostracisme envers les entreprises qu'il fallait à tout prix tondre et contrôler, cette inflation de normes. Main mise de l'état sur tout, avec pour corolaire, une augmentation du nombre de fonctionnaires chargés de les faire appliquer.

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la Mouchette 2 avril 2019 - 5:31

Macron erreur de jeunesse
Mr Macron c'est fait roulé dans la farine par lui même .Au lieu de faire les vrais réformes au début de sa prise de fonction ,il à augmenté les impots ,trouvé de nouvelles taxes pour être en dessous des 3% vis à vis de Bruxelles résultat les gilets jaune à ce jour ,le pays s'enfonce ,les réformes ne se font pas,la france est en faillite ,on cherche de l'argent partout ,sauf la ou il le faut .
Mr Macron 40 milliards d'euros ça vous intéresse !
Alors allez les chercher sur LA FRAUDE SOCIALE et ces fausses cartes VITAL .

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tresceptique 2 avril 2019 - 6:36

tout est dans le discours
Aussi longtemps que nos gouvernants s'efforceront à vouloir nous protéger plutôt qu'à nous donner les moyens de nous défendre nous resteront dans un système d'assistanat de type collectiviste et nous trimbaleront 10% de chomeurs. Dans les sports co on dit que la meilleure défense c'est l'attaque, c'est assez simple et efficace. Mais à la base il faut faire confiance aux autres plutôt que de vouloir tout verouiller pour éviter les débordements.

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theano 2 avril 2019 - 8:34

Alternative
Vous oubliez Mr Nicolas Dupont-Aignan qui incarne également une alternative au pouvoir en place. Alternative beaucoup plus crédible que celle de Mme Le Pen et Mr Mélenchon.

Mes compatriotes sont effrayés car ils confondent 'libéralisme' et 'libertarisme'. Le libertarisme, c'est la loi de la jungle, c'est ce que l'on vit actuellement. Le libéralisme, le vrai, a élevé nos sociétés par la promotion de la liberté d'entreprendre et le mérite individuel. Le collectivisme, lui, n'a enrichi personne.

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