Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Le mirage des retraites

Le mirage des retraites

par
123 vues

La réforme des retraites s’est transformée en mirage. Plus on avance, plus elle recule. Pour apaiser les grévistes et autres manifestants, Edouard Philippe a proposé divers amendements au projet de réforme Delevoye. Désormais, il dit que la bascule dans le nouveau système ne se fera que pour les générations nées à partir de 1975, voire dans les régimes spéciaux pour ceux nés à partir de 1980 ou 1985 s’ils prennent leur retraite à 50 ou 55 ans. La date d’application est donc reportée à 2037 pour ces personnes.

Le nouveau régime commencera à s’appliquer dès 2025 à ceux qui auront moins de 50 ans en 2024, mais leurs droits accumulés avant 2025 leur seront garantis à 100% en vertu des règles actuelles. Le taux de cotisation des indépendants s’alignera en 15 ans sur celui des salariés, leurs réserves de 27Md€ servant en attendant à compenser la perte de cotisation.

A partir de 2024, l’âge pivot sera fixé à 64 ans et les décotes ou surcotes, selon que l’âge de départ sera inférieur ou supérieur à cet âge pivot, seront fixées par les partenaires sociaux, ou par le gouvernement à défaut.

Il a par ailleurs renoncé à remettre les retraites à l’équilibre avant l’entrée en vigueur effective de la loi et les déficits vont donc s’accumuler à la charge du contribuable jusqu’en 2025. Dans son rapport de novembre dernier, le Conseil d’orientation des retraites (COR) estime que le déficit annuel du régime sera compris entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros en 2025. Un déficit qui s’ajoute bien entendu aux dotations accordées chaque année par l’Etat pour ses fonctionnaires et les salariés des transports et secteurs de l’énergie dotés de régimes spéciaux, représentant près de 50md€ de supplément à ce qu’il devrait payer si le régime de ces bénéficiaires était aligné sur celui des salariés du privé !

Eu égard par ailleurs aux revalorisations promises aux enseignants, aux compléments de retraites à accorder pour la pénibilité… la retraite française restera un tonneau des Danaïdes, un panier percé qui pèsera sur les actifs en cotisations et en impôts plus encore qu’aujourd’hui. Et pourtant déjà, la part des dépenses publiques de retraite dans le PIB est de 14% en France, soit près du double de la moyenne des pays de l’OCDE.

Tout ça pour ça ? Alors que la réforme engagée supprime le peu de capitalisation existante pour que les retraites françaises soient entièrement gérées sur le principe de la répartition dont chacun sait la faillite annoncée. Fallait-il vraiment engager cette réforme de manière aussi désordonnée et irréfléchie ? N’est-il pas temps de la repenser comme un système commun a minima en répartition et des régimes complémentaires en libre choix et ouverts à la capitalisation ? C’est la capitalisation qui permet aux régimes néerlandais, chiliens, danois, australiens…d’offrir une pension aux retraités avec des taux de cotisation moindre. Il serait temps de prendre modèle sur les régimes étranger plus vertueux plutôt que de rester enfermés dans l’aveuglement d’un égalitarisme obsessionnel et stupide.

Mais une bonne réforme peut-elle être engagée par des hommes cupides ? Le haut-commissaire en charge de cette réforme est déjà épinglé pour dix omissions dans sa déclaration d’intérêts à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, HATVP, dont deux fonctions particulièrement rémunératrices exercées en toute illégalité en sus de sa fonction de membre du gouvernement. La HATVP elle-même a-t-elle fermé les yeux ou est-elle incapable d’obtenir par elle-même les informations que les journalistes vont chercher sur internet ? Il est vrai qu’elle avait déjà fait preuve de la même impuissance ou de la même insouciance pour relever les insuffisances de la déclaration du chef de l’Etat. Ces possibles connivences ne laissent pas d’inquiéter sur la probité des hommes et la qualité autant que la justice des réformes qu’ils nous proposent. Et si Delevoye s’est trompé gravement sur sa déclaration, chacun se doute qu’il a pu se tromper énormément sur la réforme qu’il a bâtie. Oui, la réforme des retraites est un mirage. Et les mirages sont trompeurs.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

1 commenter

Oncpicsou 17 décembre 2019 - 10:15

Retraite?
Avant de foncer tête baissée dans la réforme d'un système on se pose d'abord la question des raisons de l'existence de ce système. La retraite à pour but d'apporter des ressources pour vivre lorsque l'individu n'est plus en état de travailler. Elle ne devrait concerner que les individus dans cette situation, et la répartition prend tout son sens dans ce contexte. Par contre on a dévoyé la retraite en moyen de vivre en rentier le plus longtemps possible… Si on ne reconnait pas ce fait, le débat est biaisé dès le départ. Si on revient aux fondamentaux rappelés ci dessus il faut une retraite mini de type assurance pour incapacité de travail par points, identique pour tous, avec cotisation mini et prestation mini, chacun pouvant acquérir plus de point en cotisant plus mais n'aura des droit qu'a l'age d'incapacité (espérance de vie moins "x" années, "x" à définir statistiquement)
Pour vivre en rentier la capitalisation est là, et chacun peut économiser selon ses désirs de "rentier".
Voilà, la réforme des retraites est bouclée, passons à autre chose, c'est pas ce qui manque!

Répondre