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Course spatiale : où sont les entrepreneurs européens ?

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Le retard européen en matière d’industrie numérique face aux Etats-Unis et à la Chine, a beaucoup été médiatisé mais ce n’est pas le seul domaine concerné. Dans les prochains jours, trois missions spatiales vont atterrir sur la planète Mars : la Chine, les Etats-Unis et les Emirats Arabes Unis ont envoyé des sondes et des robots afin d’en explorer les ressources. On notera l’absence de l’Europe, dépassée par les autres puissances mondiales. Désormais, il est temps que le vieux continent mette sur pied des initiatives. Sans cela, il passera à côté des secteurs économiques d’avenir.

Un domaine offrant des opportunités économiques et politiques majeures

A l’époque de la guerre froide, les deux grandes puissances, les Etats-Unis et l’URSS, s’étaient engagées dans la course spatiale. La rivalité actuelle entre les Américains et les Chinois contribue à une relance de ce secteur d’activité. Cependant, elle n’est pas purement politique. L’exploitation des ressources des différents corps célestes, comme les planètes ou les astéroïdes, pourrait fournir une grande quantité de matières premières variées utilisables sur notre planète. Selon l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson : « Si vous transportez un astéroïde de la taille d’une maison sur Terre, il pourrait contenir plus de platine qu’il n’en a jamais été extrait dans l’histoire du monde. » Certains corps célestes du système solaire auraient une valeur inestimable de par la richesse des minerais à leurs surfaces : à titre d’exemple, l’astéroïde 16 Psyche serait évalué à 10,000 quadrillions (soit 10^24) de dollars. L’exploitation minière de l’espace permettrait d’enrayer la peur suscitée par l’épuisement des ressources terrestres.

Même phénomène avec l’isotope Helium-3. Considéré comme un composant non radioactif, ne produisant pas de déchets polluants, offrant une fusion plus efficace que celle de l’énergie nucléaire, il se retrouve en quantité limitée sur la Terre. Sa présence lunaire offrirait des perspectives intéressantes dans le domaine des nouvelles technologies. Les grandes découvertes de la Renaissance avaient permis aux Européens de connaître une nouvelle ère de prospérité et de nouvelles ressources. On peut espérer que la conquête du système solaire ait un effet similaire pour le XXIème siècle et les suivants.

Le secteur privé comme atout américain

L’exploration spatiale a longtemps été entre les mains des gouvernements et des entreprises publiques. Mais aux Etats-Unis, la situation a évolué, donnant au secteur privé un nouvel avantage. Au printemps 2020, SpaceX, la société d’Elon Musk, a envoyé en orbite deux astronautes de la NASA. Bien que partiellement occulté médiatiquement par les événements Black Live Matters, cet épisode a illustré le potentiel du secteur privé dans l’exploration spatiale. Les GAFAM participent aussi à cet effort de promotion de l’exploration spatiale : le « Google Lunar X Prize », clos en 2018, a eu pour but de récompenser les entreprises privées réussissant un alunissage. Jeff Bezos, le fondateur et président d’Amazon, a créé et financé l’entreprise Blue Origin destinée à développer les vols spatiaux sous-orbitaux. Ce phénomène n’est pas inédit. Depuis des décennies des prix sont régulièrement distribués par des fondations philanthropiques afin de promouvoir des initiatives spatiales privées : lors du « Ansari X Prize », la X Prize Foundation, une plateforme californienne, a offert 10 millions de dollars en 2004 à la première organisation non gouvernementale qui a pu lancer dans l’espace un véhicule spatial habité. Ce système de financement nous rappelle le prix Orteig de 25 000 $ qui a encouragé Charles Lindbergh à effectuer son vol au-dessus de l’océan Atlantique au début du XXème siècle.

Enfin, le nouveau marché qu’offre le tourisme spatial, prisé par les entreprises américaines comme SpaceX , permet de développer les capacités technologiques de ces dernières.

L’Europe a le potentiel mais ne dispose pas de cadre économique favorable

Nul doute que les Européens ont les capacités intellectuelles pour créer une base industrielle performante. Le problème réside dans le dirigisme étatique obsolète. Vestige de la guerre froide, les gouvernements veulent conserver le contrôle de ce secteur, considéré comme stratégique. Mais l’exemple américain montre qu’un contexte économique faisant place à l’entreprenariat privé favorise l’innovation et la mise en œuvre de projets concrets de grande envergure et moins onéreux que ce que le public savait faire. Grâce à leurs grandes entreprises, les Etats-Unis ont financé et donné l’impulsion nécessaire à la conquête spatiale. A l’inverse, le souhait de centralisation des dirigeants européens en limite la croissance. Leur crainte de perdre le contrôle est d’autant plus infondée que les entreprises américaines coopèrent avec les agences gouvernementales telles que la NASA. Plutôt qu’une attitude méfiante envers les nouvelles technologies et les entreprises qui les développent, l’Europe devrait libérer les initiatives privées en leur offrant un cadre, légal et politique, sain.

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2 commentaires

Valbon 16 février 2021 - 5:14 pm

Europe spatiale
L'Europe n'est qu'une utopie créée par des politiciens aux abois dans leurs propos pays.
Une idée qui aurait dû être géniale n'est devenue que la concrétisation du monde de Kafka.

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Marc 23 février 2021 - 9:18 am

Capacités intellectuelles ?
Bonjour,

Vous dites : "Nul doute que les Européens ont les capacités intellectuelles pour créer une base industrielle performante." Etant donné le sujet de votre article il s'agirait d'industrie spatiale ou du moins de haute technologie.
Nul doute ? Méthode Coué ? N'oubliez pas qu'à force de nivellement par le bas et à grands coups "d'éducation positive", nos "élites" ont du mal à réussir aux jeux de TPMP et que nombre de nos bacheliers ne maitrisent pas les 4 opérations de base. Citez nous donc la poignée d'écoles européennes de renommée mondiale capables de former cette fameuse capacité intellectuelle que la terre entière nous envie.
Quel que soit le domaine, le peu d'intelligence européenne qui n'a pas été endormi à la naissance part outre atlantique bénéficier de formations de vrai haut niveau et y reste.

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