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L’inflation fiscale crée la déflation monétaire

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L’inflation continue de baisser ; elle est passée de 3% annuels en novembre 2011 à 0,3% annuels en août 2014. Chacun s’en alarme, notamment les Etats qui comptaient sur elle pour rembourser leurs dettes sans douleur, faire baisser les salaires en se contentant de les augmenter moins que l’inflation. Car l’inflation comporte toujours une partie de vol indolore des débiteurs sur les créanciers. En France en particulier, la pente déflationniste conduit le gouvernement à réviser ses prévisions pour retarder le retour du déficit budgétaire en dessous de 3% du PIB. Curieusement une partie de la droite croit, avec la gauche, que la baisse des dépenses publiques est la cause du marasme économique en dépit de l’affirmation claire de Christine Lagarde selon les mots de laquelle « Il n’y a pas d’austérité excessive dans la zone euro ». La question de la déflation annoncée mérite un autre regard.

Le premier constat est que la déflation est déjà là, beaucoup plus importante que les chiffres ne le disent. En excluant des indices officiels les prix règlementés, généralement publics ou parapublics, comme ceux du gaz, de l’électricité, de l’eau, du timbre poste et du tabac, notre pays est en déflation depuis 18 mois du fait de la baisse très sensible des prix de nombreux produits (produits frais, santé, habillement…) (cf.note du Crédit agricole du 12 septembre 2014). La guerre des Grandes surfaces en témoigne. En soi, ça pourrait être une bonne nouvelle pour les consommateurs dont le pouvoir d’achat est ainsi augmenté. Malheureusement, les hausses de prix sur les prix publics compensent les baisses ailleurs. Quand le tabac subit une hausse de 5% et celui de l’énergie (hors pétrole) de 4%, ce sont les impôts sur ces produits qui augmentent, et ces augmentations occultes se sont ajoutées à la hausse des impôts directs, de la TVA, des droits de mutation ou transmission… qui a représenté environ 70 Mi€ au cours des trois dernières années.

Ainsi le pouvoir d’achat que les Français ont gagné par la juste et saine concurrence entre entreprises, ils l’ont perdu, et au-delà, par la pression fiscale. Et le remède que la Banque Centrale Européenne a décidé d’apporter à ce mal pourrait être aussi inefficace que la politique identique que le Japon a pratiqué pendant les 15 dernières années, toutes déflationnistes, en abaissant les taux d’intérêt et en favorisant l’endettement des Etats. La BCE propose de mettre en œuvre un programme de rachat d’obligations privées et de prêts bancaires, notamment immobiliers. Elle souhaite ainsi libérer de l’argent dans les bilans des banques pour qu’elles prêtent aux entreprises et que celles-ci investissent. Mais pour que les banques prêtent, il faut que les entreprises aient envie d’emprunter et elles ne sont pas suffisamment nombreuses à vouloir le faire eu égard aux risques que représente les aléas de la politique fiscale et sociale des gouvernements successifs.

En définitive, l’augmentation des volumes monétaires et la baisse corrélative des taux d’intérêt risquent de ne favoriser que les Etats qui y trouveront matière à réduire la charge incommensurable de leur dette, tout en augmentant le montant de celle-ci, et à reporter indument les économies et les réformes structurelles promises, en creusant un peu plus le fossé dans lequel sombreront un jour plus ou moins lointain ces pays jadis prospères. Tout au plus, certaines entreprises profiteront de l’aubaine et investiront tant et plus pour remplacer de la main d’œuvre jugée désormais excessivement chère au regard des charges et contraintes sociales, aggravant un peu plus par là le chômage endémique que connaît la France. D’une certaine manière, dans un contexte de défiance et d’instabilité légale et fiscale, les taux d’intérêt bas favorisent la baisse des prix en réduisant le prix de revient des produits et services. Et puis un jour, si une reprise pointe son nez, la bulle de ces volumes de monnaie nouvelle accumulés explosera en nouvelle récession au pire et en inflation débridée au mieux, l’une ou l’autre autrement incontrôlables.

Ces sombres perspectives pourraient pourtant être évitées en redonnant durablement aux agents de l’économie, producteurs et consommateurs, la confiance en l’avenir. A cet effet, il faut leur rendre la liberté et les moyens de leur liberté, en les libérant de contraintes inutiles et d’une charge fiscale excessive. On peut toujours rêver !

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1 commenter

mousy 22 septembre 2014 - 1:36

Arrêtons les dépenses de l'Etat
Tout se passe comme si une dépense "marchande" est délibérément réfléchie et décidée par un consommateur volontaire et alimente l'emploi marchand et la machine à financer l'Etat par le biais des cotisations. A l'opposé, une nouvelle dépense de l'état est une aubaine pour le consommateur, ni forcément utile ou choisie, et se traduit par une nouvelle charge qui se termine en impôt et en baisse de la compétitivité. Arrêtons les dépenses de l'Etat, au moins les nouvelles dans un premier temps. (que pensez-vous de la loi Peillon, de la loi ALUR, du financement des loyers étudiants etc …. il en sort plus d'une par jour !)

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