Dans un article publié dans le journal en ligne Reason, l’écrivain Brian Doherty analyse comment Ludwig von Mises, autrefois pilier de la pensée conservatrice américaine, est délaissé au profit de politiques nationalistes.
Figure clé de l’école autrichienne d’économie, Mises a démontré que le socialisme ne pouvait fonctionner dans une économie complexe, faute de mécanismes efficaces de calcul des prix. Son ouvrage Socialisme (1922) constitue une critique fondamentale de la planification centrale, influençant des penseurs comme F.A. Hayek. Sa thèse selon laquelle l’interventionnisme étatique est voué à l’échec en raison de l’absence de prix de marché a été confirmée par l’effondrement de l’économie soviétique.
Il fut, pendant des décennies, un héros de la droite américaine. Dans son ouvrage de 1976, The Conservative Intellectual Movement in America Since 1945, l’historien George H. Nash a d’ailleurs consacré un chapitre entier aux contributions de l’économiste autrichien à la réhabilitation intellectuelle de l’individualisme aux États-Unis.
Toutefois, cette même droite a progressivement évolué vers une approche plus interventionniste. Pour Brian Doherty, l’ascension du trumpisme a marqué un tournant. Alors que Mises défendait le libre-échange, Trump favorise le protectionnisme – une politique que Mises considérait comme une entrave à la prospérité économique. Le développement d’une droite populiste qui prône un État stratège a consolidé la rupture avec les idées de l’école autrichienne. Aujourd’hui, les idées de Mises restent dangereuses pour les deux grands partis américains qui se sont enlisés dans l’interventionnisme. Le nationalisme du mouvement MAGA s’y oppose directement et marque une rupture avec le conservatisme traditionnel, favorable au marché libre. La pensée de Mises révèle l’erreur d’une grande partie des trumpistes.