Des « révolutionnaires » plutôt que des « gestionnaires », c’est ce qu’Emmanuel Macron a demandé d’être à ses nouveaux ministres vendredi dernier. Le premier conseil des ministres du gouvernement de Gabriel Attal a été l’occasion pour le Président de la République de donner le tempo qu’il attend pour sa dernière partie de règne. Résultats, solidarité, vitesse et discipline en sont les maitres mots.
Ce petit laïus est l’occasion de réfléchir à ce qu’est un ministre aujourd’hui. Etymologiquement, le ministre est le serviteur. De nos jours, l’Académie française y voit « une personne à qui l’on remet la charge d’une fonction, d’un office » et « qui est appelée à siéger au gouvernement d’un Etat, est ordinairement placée à la tête d’un département dont elle a la charge ». L’opposition opérée par Emmanuel Macron entre le révolutionnaire et le gestionnaire renvoie à la grande question de la politique : est-ce une passion ou un métier ? Il est vrai qu’un homme politique recevra une indemnité et non un salaire, et qu’on parlera plus facilement de « dévouement » dans le cadre de ses fonctions. Pour autant, des règles juridiques encadrent strictement les activités politiques et certains parcours scolaires prestigieux, en particulier l’ENA, y conduisent tout naturellement. Dès lors, vit-on pour la politique ou de la politique ?
Pour savoir quelle vision Emmanuel Macron a vraiment choisi, il convient de regarder le parcours de ses ministres. Olivier Véran a été ministre des Solidarités et de la Santé, puis ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, puis ministre chargé du renouveau démocratique et porte-parole du Gouvernement. Gabriel Attal a été Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du Gouvernement, puis ministre délégué chargé des Comptes publics, puis ministre de l’Education nationale, puis Premier ministre. Gérald Darmanin a été ministre de l’Action et des Comptes publics puis ministre de l’Intérieur. Amélie Oudéa-Castéra a été ministre des Sports et des JO puis, en cumulé, ministre de l’Education nationale. Rachida Dati, qui avait été Garde des Sceaux de Nicolas Sarkosy, est désormais ministre de la Culture.
Quel constat tirer de tout ceci ? Être animé d’une vocation, c’est faire un choix et ne pas toucher à tout. C’est ne pas s’y connaitre en tout. Passer de la santé au sport puis à l’économie, c’est appliquer la feuille de route d’en haut. Qu’on ne s’y trompe donc pas, le gouvernement d’Emmanuel Macron est un gouvernement de gestionnaires.
9 commentaires
C’est surtout un gouvernement de paravents incultes et de profiteurs, pour en cacher la vacuité politique et occuper la scène médiatique, sans faire de l’ombre au président.
Ce qui veut dire que les haut fonctionnaires qui eux restent en place vont continuer à gouverner, ce sont eux qui rédigent les décrets d’application des lois et en détournent l’intention en augmentant les effets pervers au passage.
« En haut » n’est ce pas le privé. Votre analyse devrait réjouir M. Lecaussin. Celui qui veut se débarrasser de son chien démontre qu’il a la rage.
On ne change pas une équipe qui gagne.
Il n’y a en effet aucun intérêt à accorder à ces remaniements qui ne semblent être que le résultat de la mise en application des programmes de communication désormais prépondérant dans l’enseignement supérieur depuis le bac.
Quand le sage regarde la lune, l’idiot regarde le doigt.
Si vous savez manier le verbe, vous donnerez le temps d’un remaniement, d’un quinquennat ou d’un concours l’illusion que vous maitrisez le sujet ou le temps de faire 18% au premier tour d’une élection.
Ils semblent ainsi que la question ne devrait pas être de savoir s’il est question de vivre de ou pour la politique qui revient un peu au même mais dans le fond si vous êtes animé du désir de servir ou de vous servir et de faire carrière à cette fin.
Le problème viendrait ainsi davantage de la règle du jeu, de l’absence de règle ou de la défaillance de l’arbitre, que des joueurs.
Bien à vous
Changer des ministres sans changer totalement les technocrates qui font le boulot et qui sont les vrais patrons c’est comme changer une seule roue sur une voiture qui aurait 4 pneus crevés.
Au sujet du doigt, le cardinal Jean Luc a cité succinctement l’Ecclésiaste.
Bien à vous
Attendons de voir la vraie feuille de route du PM et l’application qu’il mettra à satisfaire les attentes des Français. Attention au PR qui a détruit notre nation par sa passion de l’Europe et rêve d’un grand destin européen à la hauteur de son ambition.
Il a malheureusement confondu ambition et moyens
La France et ses habitants sont maltraités et cela va continuer
Des gestionnaires? pourquoi pas, s’il y avait un vrai projet d’amélioration pour le pays autre que celui de nommer les copains et de communiquer en attendant les prochaines élections..
Je n’ajouterai rien, les commentaires que j’ai lus me confortent dans mon appréciation de ce jeu de chaises musicales…
Qu’il suffise d’abord de rappeler que ce n’est qu’au terme de 13 mois d’antichambre, que Mme Rachida DATI, éphémère Garde des Sceaux (18 mai 2007-23 juin 2009), recevra, le 9 juin 2008, en présence des membres de son Cabinet, tétanisés à six pas, pour la première et dernière fois, les avoués, exécutés en 35 minutes:
François GRANDSARD, Président de la Chambre Nationale des Avoués (janvier 2008-novembre 2014) prendra congé en ces termes: » Au siècle des lumières, le despotisme était supportable, parce qu’éclairé « .
Qu’il suffise ensuite de rappeler que si, depuis, Monsieur ATTALI, qui n’avait à l’époque pas de mots assez durs pour fustiger l’inutilité des avoués, est subitement devenu Alzheimer, en même temps que son secrétaire, Monsieur MACRON, Maître DARROIS, Monsieur SARKOZY et ses trois Gardes des sceaux successifs; le seul responsable n’étant pas devenu amnésique est Maître Christian CHARRIERE – BOURNAZEL, ancien président du CNB: « La suppression des avoués, ne m’en parlez pas, c’est une horreur! »