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Diesel ou pas diesel ? Ça dépend des intérêts politiques

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En septembre 2016, nous avions remarqué qu’il y avait, aux yeux du gouvernement d’alors, de mauvaises fermetures d’usines et des bonnes. C’était à l’occasion de la fermeture de l’usine Alstom de Belfort et de la centrale nucléaire de Fessenheim. Le gouvernement a changé depuis lors, mais l’histoire se répète.

Nous avons montré il y a quelques semaines combien les gesticulations des politiques, au premier rang desquels Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, autour de la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort étaient ridicules, pour ne pas dire indécentes.

Deux autres usines de sous-traitance automobile ont annoncé depuis leurs difficultés : celle du groupe japonais Ibiden à Courtenay (Loiret) qui fabrique des filtres à particules pour véhicules diesel (320 emplois sont menacés) ; et celle de la Fonderie du Poitou Fonte (FPF) à Ingrandes-sur-Vienne (Vienne) qui fabrique des blocs moteur en fonte pour diesel (400 emplois concernés).

35 000 emplois menacés

Ces usines contraintes de mettre la clé sous la porte ne marquent probablement que le début d’une longue série. On sait que l’usine Bosch d’Onet-le-Château (Aveyron) connaît de sérieuses difficultés dans son activité de fabrication de pièces pour moteur diesel. On parle de 10 000 à 15 000 emplois menacés à court terme dans la filière diesel, et de plus de 35 000 d’ici 2030.

Pour les deux usines du Loiret et de la Vienne, nous avons cherché en vain des déclarations tonitruantes de Bruno Le Maire. Sans doute ces fermetures programmées de sites industriels appartiennent-elles à la catégorie des « bonnes fermetures ».

Car chacun le sait, le diesel est à bannir de nos routes. Le gouvernement s’y emploie en augmentant les taxes sur ce carburant. Rien de plus normal alors que les automobilistes se détournent de ce type de véhicules, entraînant la fermeture des usines de la filière.

Est-ce la catastrophe économique et sociale annoncée qui fait que Bercy tente de réhabiliter le diesel ? Nous avons en effet appris le jeudi 7 février que le ministère de l’Economie et des Finances envisageait la possibilité que les véhicules diesel récents puissent accéder au haut du classement des vignettes Crit’Air. Selon les fonctionnaires de Bercy, les véhicules diesel récents rejettent très peu de polluants.

L’ancien dirigeant d’Elf Aquitaine, Loïk Le Floch-Prigent, rappelle sur son blog, qu’au moment du développement du moteur à explosion, deux modèles étaient en concurrence : « un moteur à poussée très forte qui est celui des voitures performantes et un moteur plus lent qui est préféré par les camions et les bateaux, le moteur diesel qui utilise un produit moins sophistiqué que le premier. […]Moins performant, le moteur diesel est aussi moins gourmand, environ 20 à 25% moins que le moteur à essence ».

Les Européens – essentiellement les Allemands et les Français – développent un moteur diesel pour petits véhicules dont les performances approchent celles du moteur à essence avec une différence de prix minime. Pour favoriser l’industrie française après-guerre et relancer l’économie, les pouvoirs publics ont longtemps dopé le diesel en appliquant sur ce carburant des taxes inférieures à celles de l’essence. Les constructeurs automobiles ont profité de l’aubaine et c’est ainsi que trois quarts des véhicules vendus étaient des diesels.

Le diesel paré de tous les maux

Comme chacun le sait, cette politique a vécu et l’on a dernièrement décidé que le diesel était nocif car il émettait des particules fines et des oxydes d’azote. On a donc édicté des normes antipollution qui ont rendu obligatoire le filtre à particules sur les moteurs diesel (normes, soit dit en passant, qui évoluent constamment et qui font que le diesel « propre » d’hier est subitement devenu « sale »). Puis on a décidé que la fiscalité du gasoil devait être alignée sur celle de l’essence. Le contrôle technique s’est renforcé, multipliant les points à vérifier. Sont apparues également les vignettes Crit’Air pénalisant les vieux véhicules diesel. Enfin, la métropole du Grand Paris a décidé d’interdire petit à petit la circulation du diesel à compter de cette année.

Les fonctionnaires du ministère de l’Economie et des Finances ont pris acte des progrès techniques réalisés dans les filtres à particules. Ce que le ministère de l’Ecologie refuse de voir, puisqu’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, a déclaré que attribuer la vignette Crit’Air 1 aux véhicules récents ne se fera pas.

Pourtant, le président de l’équipementier allemand Bosch, Volkmar Denner, affime que « les émissions des moteurs diesel ne seront bientôt plus un problème ». L’entreprise a en effet développé un nouveau système qui limite drastiquement les émissions d’oxyde d’azote (NOx). Les mesures de Bosch montrent des émissions de NOx près de dix fois inférieures aux normes qui entreront en vigueur en 2020. Et d’après Bosch, les émissions de CO2 ne devraient pas non plus augmenter.

L’idéologie plutôt que les faits

Bref, le diesel retrouverait son avantage, à savoir la production de 20 % à 25 % de carburant en moins que le moteur essence. Mais tout le monde ne semble pas prêt à l’entendre. Idéologie quand tu nous tiens !

Alors que le gouvernement cherche désespérément des solutions pour calmer la colère des « gilets jaunes », le retour à l’ancienne taxation sur le diesel serait une mesure bienvenue, tenant compte des avancées technologiques.

Ne pas prendre cette voie pourrait signifier que l’alourdissement de la fiscalité sur le gasoil n’avait, en fin de compte, rien à voir avec l’écologie et la pollution.

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4 commentaires

Maellys93 19 février 2019 - 7:02

En Nouvelle Zélande le litre de diesel est à moins de 0,80 € le litre !!!
Je séjourne en ce moment en Nouvelle Zélande. Le litre de diesel est à moins de 0,80 € le litre !!!
Pourtant la NZ n'est pas réputée être en retard sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Bien au contraire.
J'en conclus que nos politiques nous racontent vraiment n'importe quoi en taxant le diesel de manière éhontée.
Voila une mesurette qui montre clairement que leur seule mission est de collecter de + en + de taxes pour faire fonctionner un Etat obèse.
Vu d'ici, pour moi c'est devenu une évidence !!! Les mouvements de colère (gilets jaunes) sont le résultat de l'inefficacité chronique, durant plusieurs décénnies, d'une élite politique et intellectuelle au service d'elle même!!
Il est vrai que dans l'hémisphère sud, j'ai la tête en bas et que je ne peux pas raisonner "correctement" style "pensée unique"

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thomaspg 19 février 2019 - 10:27

Attention effectivement en NZ le diesel est nettement moins cher, MAIS il semble me souvenir que dans ce pays les vehicules diesels sont taxés sur le kilometrage (tous les 5000km mais cela peut descendre a 1000km) alors que pour les vehicules essence la taxe est appliquée directement sur le carburant, ce qui fait qu'au final le prix de revient du carburant au KM parcouru pour un diesel est superieur au cout à la pompe alors que pour un vehicule essence c'est un prix net.donc dans ce pays qui "a tout compris" il y a une taxe additionnelle sur le diesel au km..

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Philbert Carbon 19 février 2019 - 2:59

Merci pour ces témoignages sur la Nouvelle-Zélande.

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yuropp 20 février 2019 - 2:09

Diesel ou pas diesel ? Ça dépend où on habite.
Le diesel consomme moins. Ça signifie qu'il produit moins de CO2 (d'après vous, comment les voitures fabriquent du CO2 ? À part en brûlant du carburant ?).
Conclusion : si l'objectif est de limiter le réchauffement climatique, il faut interdire les véhicules à essence (carburant qui contient des additifs pas beaucoup moins nocifs que le plomb d'autrefois mais chut… les écolos nous le ressortiront APRÈS avoir tué le diesel).

Par contre, c'est vrai, les moteurs diesel produisent davantage de NO et NO2, en contrepartie de leur meilleur rendement. Ce ne sont PAS des gaz à effet de serre mais, avec de l'eau, ils se transforment en acide (nitreux ou nitrique) puis en nitrite ou nitrate, qui sont des engrais (même les plus défectueux des écolos ont cessé de dire que c'était mauvais pour la végétation). "En province", chez les "ploucs à gilet jaune" ça se passe dehors, et la végétation en profite (c'est marginal par rapport aux tonnes d'engrais répandus; même un vol d'étourneaux fait mieux). Au pays des "gens importants", ceux qui font de l'écologie ou qui prennent les décisions, la chimie se produit directement dans les poumons d'un parisien. Et ce n'est pas bon pour la santé du parisien, alors que le provincial s'en b…
Ah oui, les particules de carbone : c'est à peu près pareil, le coté "engrais" en moins.
La morale de cette histoire, c'est que les écolo, pour sauver leurs poumons, nuisent à la planète sans le moindre scrupule.
Et la morale de cette morale, c'est qu'au lieu d'emm…bêter le monde avec des filtres et des additifs, on ferait mieux de chercher à améliorer encore le rendement du diesel. Une piste intéressante (mais pas du tout explorée car on ne cherche pas une "bonne" solution, mais une solution "dans les délais des bureaucrates") serait d'utiliser un air appauvri en azote "à la volée" par tamis moléculaire : moindre taux de compression donc moins d'oxydation d'azote, température plus élevée donc meilleure combustion.
Mais comme toute solution, elle s'attirerait la haine de tous les écolocrates, qui ont besoin de pollution pour "justifier" leur paye.
Ah oui, au fait : le seul intérêt de la voiture électrique, c'est de pérenniser la distribution d'électricité par câble (et les "zavantajaki" des salariés edf / énédis), face à la menace d'une production et d'un stockage décentralisés d'électricité solaire (E. Musk est déjà sur le coup…)

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