En 2020, il considérait que l’augmentation du salaire minimum réclamée par la CGT n’était pas à l’ordre du jour. Quatre ans plus tard, Gérald Darmanin, qui se définit comme « gaulliste social » (autrefois on disait « gaulliste de gauche »…), semble avoir changé d’avis. Contrairement à Bruno Le Maire et même à Gabriel Attal, pourtant venu du socialisme, il a déclaré au Journal du dimanche (21 juillet 2024) que « le Smic peut être augmenté ».
Ce qui est intéressant, ce n’est pas tant la mesure, qu’aucun économiste sérieux ne défend, que sa motivation purement politicienne.
Il s’agit en effet, a-t-il dit avec force maladresse, de détacher le Parti socialiste de La France Insoumise. Autrement dit, pour constituer une majorité de rencontre à l’Assemblée, il faudrait adopter l’une des mesures essentielles du Nouveau Front populaire, inspirée par la gauche de la gauche. La dialectique est stupéfiante.
Quant au fond, Gérald Darmanin témoigne non seulement d’une ignorance crasse en matière économique mais encore d’une argumentation incohérente. « L’augmentation du Smic serait un coup de pouce important pour ceux qui travaillent et qui le méritent ». Or, ce n’est pas à l’État de fixer le prix du travail et s’il le faisait une nouvelle fois par l’augmentation du salaire minimum, on ne voit pas en quoi il y aurait un quelconque mérite puisque tous les salariés à ce niveau de salaire seraient concernés !
Gérald Darmanin ne s’est pas arrêté là . Il a encore argüé qu’il convenait de l’augmenter « sans tuer les entreprises ». Doit-on comprendre qu’il s’agirait de le hausser, mais pas dans les proportions voulues par la gauche (1.600 € net) ? Mais alors, croit-il vraiment attirer les socialistes ? Il a précisé ensuite : « Il faut donc les embarquer (les entreprises) avec nous et leur demander leur contribution », ce qui signifie que les entreprises paieront mais, pense-t-il, sans qu’on les tue…
Manifestement, le ministre de l’Intérieur ferait mieux de se concentrer sur la question régalienne de la sécurité. Les chiffres de la délinquance sont tellement mauvais qu’il devrait avoir déjà fort à faire. Mais sa dernière sortie démontre que la « droite sociale » (ou droite socialiste ?) ne mérite qu’une chose : disparaître définitivement.
5 commentaires
Quand on privilégie sa carrière aux intérêts de la France sans l’avouer publiquement cela s’appelle comploter.
Quand je vous dit que ça pue le complot de partout!
Darmanin c’est un fonctionnaire !!! Il ne sait même pas comment fonctionne une entreprise du Privé .Quand on augmente le smic on augmente forcément tous les salaires .Faut pas avoir fait l’ENA pour comprendre ça .Et quand on augmente le smic les patrons doivent répercuter les hausses de salaires sur les prix de vente de ses productions .Donc le salarié paiera tout plus cher !ce qui réduira son augmentation de salaire à zéro .
Un patron d’une entreprise de plomberie qui augmente ses salariés il prend le pognon OU ? a votre avis .
Chez les fonctionnaires on augmente les impôts et bien dans le Privé on augmente le prix du tarif horaire .et les clients paieront plus cher l’intervention .Et le salarié ne sera pas plus riche car tout augmentera .C’est du Pipo pour attirer ceux qui ne réfléchissent pas .
Merci pour cette excellente analyse à laquelle je souscris à 1000%.
Cela fait 20 ans que je cotise à RPR, UMP, LR … Maintenant c’est bien fini.
Je comptais un peu sur Julien Aubert.
Je n’aimais pas particulièrement Eric Ciotti, mais c’est le seul qui a eu le courage de prendre la bonne décision.
Comme vous le dites si bien, ce n’est que de la basse manÅ“uvre politicienne : Gérald Darmanin ne croit pas un mot de ce qu’il dit, mais il connaît l’importance de le dire pour sauver le pouvoir auquel il a lié son destin. C’est uniquement pour ça qu’il le dit, tout le monde le sait et ne feignons pas de l’ignorer nous-mêmes…
L’ambition de la Macronie n’est plus de gouverner, aujourd’hui : seulement de se maintenir tant bien que mal jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Le peuple, comme toujours, on verra plus tard…