Comme chaque année, le Salon International de l’Agriculture est le prétexte à un tir groupé contre le libéralisme, fauteur de tous les maux de l’agriculture française. Le cru 2025 s’annonce mémorable.
Le mois de février, son Salon de l’Agriculture à Paris et les diatribes contre le libéralisme. 2025 ne dépareille pas avec les années précédentes, bien au contraire. A entendre les hommes politiques et les syndicalistes agricoles, tous les maux subis par notre agriculture proviendraient, d’une part, d’un libre-échange échevelé et, d’autre part, des normes imposées par une Politique agricole commune ultralibérale et « surtransposées » par des gouvernements français qui ne le sont pas moins.
Au Salon, Annie Genevard, dont on rappellera qu’elle est la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, a tenu le 23 février des propos incohérents : « La France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire ». Un discours guerrier historiquement délirant car l’agriculture n’a jamais fait partie des missions dites régaliennes de l’État. Pour être commune, la référence à la « souveraineté alimentaire » est rien moins qu’absurde. La France n’est évidemment pas autosuffisante : que ferait-elle sans les produits étrangers, à commencer par les outils et machines agricoles ou encore les engrais et les farines animales ?
La ministre a encore déclaré : « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans ». On ne voit pas très bien comment l’agriculture française pourrait « produire plus » en favorisant les productions biologiques et en adoptant des normes qui empêchent l’utilisation de certains produits phytosanitaires pourtant autorisés au sein même de l’Union européenne…
Mais la palme de l’antilibéralisme est revenue à l’extrême droite. En visite au Salon le 23 février, Jordan Bardella a fustigé le Mercosur, « un énième accord de libre-échange qui va entraîner une concurrence déloyale terrible pour nos agriculteurs », avant de déclarer à la télévision qu’il souhaitait « un patriotisme économique ». Effectivement, avec pareilles idées, il n’y aurait plus de libre-échange parce que, par principe, il n’y aurait plus d’échanges… Quant à l’idée d’une « concurrence déloyale », nous avons déjà dénoncé le caractère absurde de l’idée qui revient à dire qu’on se tire une balle dans le pied et que les autres devraient faire de même !
De son côté, la Présidente de la Coordination rurale, un syndicat agricole d’extrême droite, s’est déchaînée contre le libéralisme dans un entretien croisé avec le philosophe « souverainiste » Michel Onfray (Le Figaro, 22 février 2024). « Les denrées agricoles ne sont pas des biens comme les autres et doivent être exclus des accords de libre-échange, comme l’est la culture. Pourquoi accepte-t-on ce concept pour les artistes et pas pour les paysans ? » Véronique Le Floc’h ne s’est manifestement pas demandé si l’« exception culturelle » française était légitime… Ses allégations sont encore plus surprenantes quand l’on sait que le discours antilibéral habituel nous serine que telle ou telle chose, tel ou tel bien ou service « n’est pas une marchandise comme une autre, tomate ou pomme de terre »… Mais elles sont en congruence avec les affirmations répétées en leur temps de la part de José Bové selon lesquelles « le monde n’est pas une marchandise ». Ou comment l’extrême droite rejoint l’extrême gauche…
La Présidente de la Coordination rurale a également accusé le « monde libéral » d’avoir « atomisé la société en individus, presque autistes ». Il s’agit d’une critique classique de la part des extrémistes de droite qui fait fi de la libération des individus apportée par les réformes libérales.