Le grand forum des libertés du parti d’Eric Ciotti jouait son acte II à Paris le 8 avril avec pour thème la « révolution fiscale » sous l’intitulé « Simplifions, allégeons, libérons ».
Comme lors du lancement du grand forum des libertés du groupe UDR, nous étions présent dans la salle à l’occasion de son acte II intitulé « Pour une révolution fiscale ». Notre président, Jean-Philippe Delsol y participait d’ailleurs en tant qu’invité. Rappellerons que l’Iref est indépendant de tout parti politique.
Nous avons pu écouter Eric Ciotti qui a discouru de manière alerte durant une quarantaine de minutes. Nous synthétiserons ses propos de manière critique en nous aidant du cahier substantiel (56 pages) remis aux auditeurs.
Un programme économique et social cohérent
Eric Ciotti a divisé son discours en trois, comme son mot d’ouverture du cahier : « Libérer le travail en supprimant les impôts de production, en allégeant les charges, en baissant et en simplifiant l’impôt sur le revenu. Libérer les familles en supprimant les droits de succession et de donation. Libérer les entreprises de la complexité et de la surimposition. Libérer l’immense majorité des français en réduisant l’écart entre le salaire brut et le salaire net ». Un programme globalement alléchant que l’on commentera avec trois séries d’observations : les éléments positifs, les éléments négatifs ou manquants et une réserve générale.
Il faut saluer en premier lieu les efforts fournis par l’UDR pour construire un programme économique et social cohérent. On n’en dira pas autant de beaucoup de groupes ou partis qui, en dépit de la période toujours favorable de l’opposition, ne mènent aucun travail de fond. Les propositions de suppression des principaux impôts de production sur les entreprises et de l’Impôt sur la fortune immobilière entre autres sonnent agréablement à nos oreilles. En ce qui concerne les « leviers d’économies », nos lecteurs apprécieront sûrement l’abolition des dispositifs SRU, ZAN et DPE.
Toutefois, il semble que l’audace reste souvent au milieu du gué. Au-delà de certaines formules répétées dans le cahier sur l’attachement à « la justice fiscale et sociale », on regrettera que la suppression des droits de succession ne concerne que 90 % des Français (ou 99 %, le document étant contradictoire), alors même que le paragraphe est justement intitulé « Mettre fin à l’impôt sur la mort », que l’assurance-chômage ne soit pas privatisée ou surtout que la simplification et la diminution de l’impôt sur les revenus conserve un système progressif, fût-il réduit à trois tranches de 0 à 20 %, au lieu d’être remplacé par un système proportionnel après abattement. On regrettera aussi que le projet se contente de vouloir baisser les aides « inefficaces » aux entreprises, chiffrées à 15 milliards d’euros, et « raboter les niches fiscales » à hauteur de 10 milliards au lieu de les supprimer.
Le projet de Ciotti est louablement chiffré mais de nombreuses propositions de réforme manquent d’audace
Par surcroît, si certaines propositions peuvent apparaître intéressantes, voire prometteuses, il n’est pas sûr pour autant qu’elles puissent être tenues pour des réformes réalistes plus que pour des effets d’annonce, faute de méthode adéquate pour les mettre en œuvre : suppression d’un tiers des agences et opérateurs de l’État (pourquoi un tiers ?), suppression de 100.000 normes en 5 ans (comment ?), réduction de 30 % du parc immobilier de l’État, création d’un « DOGE » à la française, etc. « Baisser la dépense publique est un préalable essentiel pour réduire le déficit et baisser les impôts », indique le document, mais il ne précise pas l’opération préalable : délimiter la sphère de l’État.
Le projet est louablement chiffré, ce qui est sans doute une nécessité politique, mais la volonté de baisser la dépense publique de 200 milliards d’euros provoquant (mécaniquement ?) 50 milliards de « gain de croissance » (ou 100 milliards, le cahier alignant des chiffres là encore différents, alors même que ces 100 milliards équivalent à 4,5 % du PIB, chaque point de croissance devant générer 10 milliards d’euros de recettes fiscales et sociales supplémentaires, donc 45 milliards si l’on comprend bien et pas 50, et étant précisé encore que le document parle plus tôt d’une croissance de 3 à 3,5 %, vous suivez toujours ?…), soit une disponibilité de 250 milliards, dont 150 « rendus aux Français » et 100 affectés à la réduction du déficit public, laisse perplexe…
Surtout, et ce point est peut-être relié au précédent, Eric Ciotti a précisé au début de son discours que, « gaulliste », il avait voulu « rassembler les forces patriotes », « avec nos différences », car, a-t-il dit une nouvelle fois, « il y a des différences avec le RN ». Nous conclurons toujours de la même manière s’agissant de l’UDR : si ce groupe réussit à convaincre le Rassemblement National et surtout sa cheffe de la nécessité de libéraliser son discours, il n’aura pas été inutile, mais l’ampleur des divergences sur les plans économique et social entre les deux est telle que nous pouvons nourrir un certain scepticisme.
6 commentaires
Au lieu de faire la fine bouche, remercions plutôt M Ciotti d’oser enfin défendre un programme de réformes économiques résolument de droite !
Les efforts fournis sont louables, mais l’Iref attend le programme le plus libéral possible.
Me Jean-Philippe Feldman
rien que pour la suppression des droits de succession et de donation, je signe des deux mains, il n’y a rien de plus injuste que de pénaliser ceux qui ont fait le choix de se construire un capital, en se privant quand tant d’autres dépensaient en comptant sur la générosité de l’Etat en cas de coup dur
L’impôt que le revenu est devenu trop complexe et confiscatoire, d’autant que la complexité ouvre la porte à la fraude. Il faudrait remplacer les système actuel par une taxe forfaitaire à deux (ou trois taux) et rendre toutes les sommes perçues imposables y compris les aides sociales (un bon moyen de lutter contre la fraude).
Mais il faut souligner l’effort de l’UDR qui va dans le bon sens. Effectivement la question est le positionnement du RN, plutôt à gauche sur le plan économique, par rapport à ce projet.
Il s’agit d’avoir un programme avec plus d’état ou moins d’état… il est assez facile de démontrer qu’avec une suppression des impôts on pourrait même garder une industrie sidérurgique. L’impôt tu l’économie et l’emploi…. On pourrait ainsi éliminer la grande partie des fonctionnaires qui ne font que profiter du travail productif.
Il suffirait juste d’avoir quelques recettes pour financer la police, l’armée, la justice.
Pour faire des économies on pourrait diviser le nombre de députés/sénateurs par trois. Etc…et ça ne nuirait en rien à la démocratie.
L’impôt le plus juste est la TVA. Tout le monde le paie en fonction de sa consommation donc, de la part de gens responsable que les citoyens sont car sinon ils n’auraient pas le droit de vote, en fonction de ses revenus. Plus vous gagnez plus vous consommez, et plus vous payez d’impôts, et en plus vous en payez aussi sur les biens importés. Et pour les produits de premières nécessité, la tva est au minimum, donc les “pauvres” ne sont pas pénalisés. bref, il faudrait remplacer les impôts, surtout ceux sur le capital, qui sont une aberration qui amène à payer un impôts sur des biens qui ne produisent pas forcement de richesse ou de revenus, par une hausse de la tva.