Le monde libre aurait bien besoin de Ronald Reagan ces temps-ci. Sur le plan économique mais aussi, et surtout, sur le plan international. L’économie d’abord : l’Amérique de Biden, malgré le plein emploi, aime dépenser à tout va, aggravant la dette et les déficits. D’un côté, il y a les démocrates qui s’obstinent dans leurs politiques « progressistes » ; de l’autre, les républicains qui, divisés (trumpistes vs anti-Trump), ne parviennent pas à s’entendre pour voter le budget fédéral et sont tentés par le protectionnisme, Trump le premier. Reagan et les républicains, au début des années 1980, ont lancé d’importantes baisses d’impôts et de dépenses publiques. En 1982, ils ont créé la fameuse Grace Commission qui a entraîné la fermeture de dizaines d’agences gouvernementales et obtenu des économies de plus de 400 milliards de dollars. Liberté économique et libre-échange, telle est la recette qui a permis à l’Amérique de Reagan de gagner en puissance et de créer des millions d’emplois. Reagan a été réélu en 1984 dans 49 Etats américains sur 50 !
Sur le plan international, Reagan a compris l’échec de la realpolitik prônée par Kissinger dans les années 1970. L’URSS et ses satellites communistes avaient profité de l’ « ouverture », en réalité de la faiblesse et de la naïveté des Occidentaux, pour répandre le marxisme avec son cortège de crimes et de destructions dans de nombreux pays. Jamais l’URSS n’avait été aussi influente dans le monde qu’au début des années 1980. Une fois arrivé au pouvoir, Reagan l’a expressément désignée comme l’Empire du mal et n’a cessé de la combattre grâce, surtout, à un immense programme technologique baptisé « Initiative de défense stratégique (IDS) » ou « guerre des étoiles ». C’est ce qui a largement contribué à l’effondrement de l’empire soviétique. Aujourd’hui, Reagan serait sans hésitation aux côtés de l’Ukraine, pays libre et souverain envahi par la Russie du dictateur Poutine. Il dirait que soutenir l’Ukraine est à la fois moral et nécessaire pour combattre un adversaire qui veut la fin de notre civilisation. Il renforcerait l’OTAN et menacerait l’Axe des dictatures : Chine – Russie – Iran – Corée du Nord. L’homme qui a dit à Mikhaïl Gorbatchev de « démolir le mur de la honte » n’accepterait jamais l’édification d’un autre mur.
5 commentaires
Superbe article ,rien à ajouter !
L’IDS était un immense bluff, monsieur Lecaussin, un programme dont les Américains savaient pertinemment qu’ils n’auraient pas les moyens technologiques de l’accomplir avant les années 2000. Et, de fait, le premier ABL (laser aéroporté dont Reagan rêvait d’équiper ses satellites de la Guerre des Étoiles) n’a tiré qu’en 2005… avant d’être remisé dans un hangar.
Ce qui a perdu l’Union Soviétique tient en des raisons essentiellement internes, de son marasme économique jusqu’aux dépenses faramineuses engagées en Afghanistan, en passant par la chute des prix du pétrole (orchestrée, pour le coup, par la CIA) qui a fait considérablement chuter les entrées de devises étrangères. Reagan n’a que peu, voire rien à voir avec tout ça. Pas même avec l’adoucissement des politiques en URSS qui se doit surtout à Mikhail Gorbatchev qui, sentant le vent mauvais arriver, s’est efforcé de sauver son pays comme il le pouvait en rompant avec l’inconséquence de ses prédécesseurs. En vain, bien aidé en cela par des États-Unis revanchards qui n’avaient à cœur que d’humilier la Russie (ce qui a laissé des traces, comme vous le savez…).
Quoi qu’il en soit, à nouveau, ce matin, je lis votre déception… mais je me permettrai, si vous le voulez bien, d’enfoncer le clou : Ronald Reagan est mort. Plus triste encore pour vous, même s’il était encore de ce monde, personne ne voudrait de lui : le monde a changé, monsieur Lecaussin, les États-Unis ont changé, adoptent de nouveau l’attitude prudente d’isolationnisme de l’entre-deux-guerres qu’illustre si bien Donald Trump mais qu’applique tout autant, en réalité, son successeur à la Maison Blanche en dépit de ce qu’il subsiste toujours de réflexe anti-Russe au Pentagone. L’élection de 2024, à ce titre, ne changera rien : quel que soit le vainqueur, l’Ukraine sera la perdante.
Quant à l’économie, là aussi, le monde et les États-Unis ont changé, et le libre-échange n’a plus autant bonne presse que dans les années quatre-vingt. Les peuples sont en demande de protection à tous les niveaux. Pas de l’incertitude permanente de la compétition échevelée, qui plus est si elle est internationale.
J’ai bien peur que, dans ce contexte, votre souhait de voir revenir un ersatz de Ronald Reagan à la tête « du monde libre », expression qui n’a en réalité plus court, aujourd’hui, tant elle est désuète, ne reste longtemps contrarié. Mais ne lisais-je pourtant pas, dans les colonnes de ce même site, toute l’absurdité qu’il y aurait à se tourner constamment vers le passé ? Le conseil n’était pas dénué d’une certaine pertinence…
S’inspirer des réformes qui ont marché dans le passé ne veut pas dire se tourner vers le passé. Pour ce qui de Reagan, oui, bien sûr, la guerre des étoiles a été un bluff excellent auquel ont cru les Soviétiques. Pour le reste de votre « analyse », je vous laisse y croire…
Très bel article merci ! ! J’ignorais la partie « grace commission » notamment…
Et pour monsieur reau, ronald Reagan s’est réincarné, il s’appelle Javier milei ! !pas de bol…
Javier Milei n’aurait-il pas repris le flambeau ?