Dans une récente interview accordée à Marianne, le politologue Olivier Roy considère que la crise de la culture qui touche actuellement notre pays – et dont dériveraient des phénomènes comme le « wokisme » ou encore les excès du néoféminisme radical – serait due à la conjonction de plusieurs facteurs, parmi lesquels : la morale soixante-huitarde, qu’il qualifie aussi d’individualisme hédoniste ; la culture internet, qui « donne à l’individualisme un espace dans lequel il peut se réaliser » ; enfin (on pouvait s’y attendre) le « néolibéralisme », entendu comme « élargissement du marché et radicalisation de l’individualisme » qui aboutirait ainsi à l’atomisation du tissu social. Les maux dont pâtit la France seraient donc imputables à l’éternel monstre bicéphale « individualisme/libéralisme » (libéralisme auquel on adjoindra volontiers le préfixe « néo » ou « ultra » pour mieux en dénoncer les méfaits supposés).
Or c’est oublier qu’à côté de cet individualisme vilipendé, assimilé au repli narcissique et à l’égoïsme le plus étriqué, il existe, comme l’a brillamment montré le philosophe Alain Laurent dans une anthologie parue en 2016, un « autre individualisme », fondé sur la libre détermination de soi-même, l’exercice de la libre pensée, le refus du conformisme et de l’esprit grégaire, la possibilité de coopérer librement et volontairement avec d’autres individus, et la reconnaissance de ces mêmes droits pour autrui. Cet autre individualisme, celui que l’on trouve de Montaigne à Mario Vargas Llosa, en passant par Benjamin Constant, Tocqueville et Dos Passos, n’est ni plus ni moins que l’un des fondements de la civilisation occidentale, au même titre que la liberté sous toutes ses formes et le respect de la propriété privée. Faire de l’individualisme sa principale bête noire – ce qui est toujours le cas pour une large part de notre classe politico-intellectuelle – c’est en vérité œuvrer à saper l’identité même de la civilisation occidentale, qui est pourtant celle qui a inventé la rationalité, la démocratie, la science et la philosophie des droits de la personne. À l’instar de Pascal Salin qui préconisait la redécouverte du « vrai libéralisme », il nous faut donc aujourd’hui redécouvrir de toute urgence le « vrai individualisme ».
3 commentaires
Et voilà, à force de mélanger les « genres » on finit par ne plus appeler une « chatte » une « chatte » (féminisation libertaire et individualiste oblige) … Mort aux cons !!!
Excellente analyse qui permet de bien comprendre les origines et les fondamentaux du libéralisme. Certains opposent l’universalisme des Lumières à l’individualisme et transforment l’universalisme en un dogme, je dirais même en une religion totalitaire.
Le véritable individualisme est parfaitement incompatible avec la mondialisation que l »on veut nous imposer et qui veut détruire la famille, les sexes, la culture, l’histoire, nos coutumes, la religion Chrétienne, la Nation et tout ce qui fait ce que nous sommes. Tout est fait pour détruire nos valeurs et il faut absolument résister, même si cela doit être douloureux.