Maïa Sandu a réussi un exploit, c’est indéniable : elle a été réélue présidente de la République de Moldavie avec un peu plus de 55% des voix. Et ce, malgré la propagande des forces proches du Kremlin, qui tentent d’empêcher que la petite Moldavie se rapproche de l’Union européenne, propagande qui s’est intensifiée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Aux yeux du Kremlin, ce territoire habité majoritairement par des Roumains (car les Moldaves sont, en fait, des Roumains) doit servir de tampon entre la Russie et l’Occident. Ce n’est pas par hasard que l’une de provinces de la Moldavie, la Transnistrie, est occupée par l’armée russe.
Ce fut une victoire nette mais il faut quand même préciser qu’elle est due aux voix de la diaspora. En Moldavie même, c’est le candidat soutenu par les Russes qui l’a emporté d’une courte tête, grâce notamment au soutient des minorités, plus sensibles, pour des raisons obscures, aux promesses très floues du Kremlin. Sandu a gagné grâce aux jeunes et à la diaspora. Ce succès vient après le référendum qui stipule que la volonté de la Moldavie de faire partie de l’Union européenne sera inscrite dans la Constitution, référendum où le oui l’a remporté de justesse. Tout cela montre que les années à venir seront difficiles pour Maïa Sandu et pour ses partisans. La présidente doit mettre en marche les réformes qu’elle a promises, notamment celle de la justice, essentielle dans la lutte contre la corruption. Les élections parlementaires de l’été prochain seront décisives en ce qui concerne le rapprochement entre la Moldavie et l’Union européenne, surtout dans le contexte actuel, alors que l’issue de la guerre que la Russie mène en Ukraine est incertaine. Et Bruxelles a intérêt à ce que la Moldavie n’entre pas dans le giron de l’influence russe. Maïa Sandu a réussi, jusqu’à présent, son pari. Il faut maintenant que l’Union européenne soit à la hauteur et qu’elle soutienne les efforts de ce petit Etat si souvent malmené au cours de l’histoire.