Le Figaro du 27 décembre nous apprend que Guilhem Carayon, le Président des Jeunes Républicains, entend briguer une place sur la liste LR lors des élections européennes de juin prochain. Et une place éligible s’il-vous-plait à 25 ans !
Il s’agirait, nous dit-il, de « porter la voix d’une droite populaire à Bruxelles ». Après quelques déclarations particulièrement laudatives (on n’est jamais trop prudent) envers la putative tête de liste, François-Xavier Bellamy, Guilhem Carayon prétend qu’il faudrait « rompre avec la doxa du libre-échangisme », car nos agriculteurs subiraient une « concurrence déloyale » (selon une expression française pléonastique).
Il semble qu’il faille apprendre au jeune Président que c’est le libre-échange qui a rendu possible depuis des siècles maintenant la prospérité des pays dits occidentaux et qui a permis depuis à des contrées arriérées de se développer. Il semble qu’il faille lui apprendre surtout que le rejet du libre-échange ne peut s’analyser que comme une violation des droits de l’homme. Et il semble enfin qu’il faille lui apprendre, s’agissant de l’Europe communautaire, que c’est la Politique agricole commune (PAC) qui coûte cher aux consommateurs européens tout en paupérisant une grande partie des agriculteurs, si bien qu’il faudrait la supprimer.
Plutôt que de défendre des ambitions sans limite, il serait bon que les Jeunes républicains se concentrent sur le débat des idées. Et plutôt que de rêver à devenir hommes politiques professionnels dès leur plus jeune âge, ils feraient mieux de réussir d’abord une carrière dans le secteur privé avant de se lancer en politique.
12 commentaires
Je suis tout à fait d’accord avec Jean-Philippe Feldman : certains républicains sont tellement obsédés par la crainte de se faire prendre des voix par le RN qu’ils en perdent leurs idées fondatrices et en particulier le libéralisme. C’est flagrant dans mon domaine (démographie de l’immigration) : https://www.yvesmontenay.fr/2023/11/04/limmigration-un-reniement-liberal/
Il est triste de constater que tout le monde essaye de faire sa place à n’importe quel prix sans s’occuper si les idées qu’ils défendent s’avèrent intéressantes pour ceux qui les élisent. Il n’y a que le profit qui les guide (carrière, salaire et
notoriété) tant pis pour le peuple Français, il s’en accommodera …
Si les hommes politiques passaient leur temps à chercher… et trouver des idées constructives et non destructrices pour leur pays, donc les citoyens (qui les paient grassement), ils mériteraient une place dans les différentes institutions. Peut-être que cela motiverait les électeurs à ne plus déserter les élections.
Si à 25 ans on est déjà séduit par la politique, c’est, peur être, qu’on a compris que l’incompétence y était plus facile à vivre que dans le privé !
Nos agriculteurs devraient être ravis de crever au nom des « droits de l’homme », c’est évident. Avec un tel argument, le terme de « doxa du libre-échange » est idoine. Quant à l’histoire économique, elle est trop complexe pour conclure de manière générale au caractère bienfaiteur du libre-échange. Ce qui vaut pour un pays à telle époque ne vaut pas pour un autre ou pour le même à une autre époque. L’Europe continentale s’est développée grâce au blocus continental et la France a renoué avec la croissance grâce au tarif Méline. Que le libre_échange soit actuellement profitable à la Chine ou au Tonkin, cela nous fait une belle jambe ! Elle nous pénalise et il faut en tirer les conséquences, M. Feld-man qui est tout sauf un homme des champs.
Qui va acheter nos produits à l’étranger si nous choisissons le protectionnisme ? Tout le monde fera la même chose.
Conception historique controuvée, qu’il s’agisse du Blocus continental qui a appauvri tout le monde ou au tarif Méline. Je me permets de renvoyer à mon ouvrage Exception française paru chez Odile Jacob (2020).
Interdire le libre-échange est par ailleurs une violation caractérisée des droits de l’homme, je le maintiens.
Le fait que les agriculteurs français soient soumis pour vendre leurs produits à des normes plus sévères que celles appliquées aux agriculteurs étrangers, pour vendre en France, ce n’est pas de la concurrence déloyale pour vous ?
C’est la faut aux normes, pas au libre échange !
NL
Expliquez nous d’abord comment la PAC paupérise une grande partie des agriculteurs. Qu’elle coûte cher aux contribuables parce qu’elle est mal conçue, c’est un fait. Mais alors pourquoi avoir abrogé celle d’avant 1992 qui fonctionnait mieux tout en étant moins budgétivore ?
Quand les agriculteurs sont obligés de traiter à tout va jusqu’à polluer les sols et les nappes, cela démontre tout de même qu’il y a un problème dans le système :
https://reporterre.net/Pesticides-l-Etat-condamne-pour-carence-fautive
Bien à vous
L’acceptation du libre échange exige la loyauté dans la concurrence, ce qui n’est pas le cas et ne semble pas préoccuper grand monde.
Un article importé, quel qu’il soit, doit payer à son entrée en France les charges qu’il n’a pas payé dans son pays de production, et aucun produit n’ayant pas répondu aux exigences et normes aux quelles sont soumis les producteurs français ne doit rentrer sur notre territoire. C’est cela le vrai libre échange.