Tous les médias ayant les regards tournés vers Israël et Gaza, la bonne nouvelle est passée inaperçue. Lors du second tour de l’élection présidentielle en Équateur, le candidat de centre-droit, Daniel Noboa, est sorti vainqueur. Dans un pays aux institutions fragiles et frappé par le trafic de stupéfiants, il s’agit d’un triomphe pour la démocratie et les libertés. Noboa a affronté Luisa González, du Mouvement révolutionnaire citoyen socialiste, le parti de l’ancien président de gauche, l’autocrate Rafael Correa. Celui-ci a dirigé l’Équateur d’une main de fer pendant 10 ans (2007-2017), et Mme González, a longtemps travaillé pour son administration. Comme le vénézuélien Hugo Chávez, Correa a réécrit la Constitution en sa faveur, il a renforcé le pouvoir exécutif, endetté lourdement le pays auprès de la Chine et utilisé son pouvoir pour emprisonner nombre de ses opposants et des journalistes.
Il s’agit de la deuxième élection présidentielle équatorienne consécutive (après celle de Guillermo Lasso) où les électeurs rejettent la politique socialiste de Correa. Et, comme l’écrit la spécialiste de l’Amérique latine, Mary Anastasia O’Grady, il est extraordinaire de voir la population d’un pays gangrené par le crime vouloir néanmoins exprimer ainsi sa préférence pour les libertés et l’Etat de droit, contre l’autocratie. Rappelons qu’en 2022, le taux de meurtres était d’environ 26 pour 100 000 habitants, contre moins de 6 en 2018. En août dernier, le candidat à la présidentielle, Fernando Villavicencio, a été abattu lors d’un rassemblement politique à Quito.
Fils de milliardaire, Daniel Noboa est devenu, à 35 ans, le plus jeune président d’Équateur. Il a fait campagne en faveur de l’entreprise privée et il s’est présenté comme un soutien des petites et moyennes entreprises, proposant des baisses d’impôts, des incitations fiscales et des privatisations. Noboa s’est déclaré pour un rapprochement militaire avec les Etats-Unis auxquels il pourrait demander une aide pour lutter contre les gangs criminels. Espérons qu’après cette bonne nouvelle, il y en aura une autre : l’élection de Javier Milei en Argentine.
3 commentaires
Mais toutes les élections libres et honnêtes sont des victoires de la démocratie. Sincèrement, je ne supporte pas que des commentateurs se servent de cette expression « victoire de la démocratie » quand c’est le camp qui leur convient qui l’emporte. Dans le cas contraire aussi, c’est une victoire de la démocratie. La démocratie gagne toujours lorsque la volonté du peuple est respectée, même lorsqu’elle ne plaît pas aux observateurs étrangers.
Par ailleurs, il n’y a rien « d’extraordinaire » à ce qu’un peuple qui voit bien comme un bord politique ne parvient pas à solutionner ses problèmes se tourne vers l’alternance. Dans chaque victoire de l’alternance à une élection, il y a une grande part des échecs du précédent pouvoir en place. Il y a, de fait, fort à parier que Noboa connaîtra le même sort s’il ne fait pas mieux que ceux à qui il succède. Et dans un narco-État sud-américain où les principaux problèmes sont la corruption et l’insécurité, je prends d’ores et déjà le pari qu’il ne fera, hélas, pas beaucoup mieux.
Je vis en Équateur et vous avez tout faux dans votre analyse. Tout d’abord les élections précédentes sont plus que douteuses quant à leur validité. Ici les Indiens contestent les résultats donnant l’Amazonie presque 100 % pro Noboa, alors qu’ils avaient donné le mot d’ordre de ne pas voter pour lui !
Les narcotraficants sont omniprésents dans le pays grâce à Lasso (président sortant, expulsé par le peuple entre autres à cause de sa collusion supposée avec eux). Le père Noboa est un milliardaire, exportateur de bananes. Comme par pur hasard, c’est dans des conteneurs de bananes qu’a été trouvée la cocaïne saisie entre autre en Belgique ! … No coment… De plus il n’y a aucune alternance entre Lasso et Noboa. Il a d’ailleurs été totalement incapable de répondre à la question de la différence entre son programme et celui de Lasso lors du débat des candidats. Il y est apparu tellement stupide que beaucoup de gens ont décidé de ne pas voter pour lui après ce débat. Luisa Gonzales était alors déjà favorite. On est nombreux à se demander s’il n’a pas acheté ses diplômes à Harvard. D’ailleurs ici les humoristes ont dit que le père Noboa avait tout de suité écrit à Harvard pour être remboursé ! Pourtant c’est lui qui est passé (sans disant).
On peut reprocher beaucoup de chose à Correa, mais pendant ses mandats, la pauvreté a reculé, le chômage est passé à 4%, l’éducation est la santé pour tous se sont fortement améliorés, on a enfin eu des routes praticables, la criminalité n’avait jamais été aussi basse, il a annulé la dette vis-à-vis du FMI (grave crime de lèse-majesté), internet s’est installé dans le pays, le droit à l’eau et à l’électricité ont été inscrit dans la constitution, le respect de la nature aussi. Bref que des mauvaises choses imposées par un horrible autocrate de gauche !
Malheureusement la corruption n’a pas reculé et elle s’est encore accentuée depuis. Mais je crois que c’est le cas en Europe aussi me semble-t-il.
J’espère que vous respecterez la démocratie en acceptant de publier mon commentaire qui, comme je l’ai écrit, ne vient pas d’une « spécialiste » de l’Amérique Latine mais de quelqu’un qui vit sa réalité au quotidien.
Brigitte Dohmen
Bonjour et merci de votre commentaire. Vous pouvez aller sur l’article de la spécialiste de l’Amérique latin en cliquant sur le lien et lui faire des critiques si vous souhaitez. Je me permets juste d’attirer votre attention sur le fait qu’elle vit aussi là-bas et je la connais depuis des années. Je n’ai pas vraiment remarqué des bêtises dans ses écrits, au contraire, ses analyses ont été confirmées par les faits. Par ailleurs, et c’est encore plus important, ceux qui ont voté en Equateur sont, comme vous, des gens qui « vivent la réalité au quotidien ». Ils ont voté deux fois de suite contre des candidats à la Correa (c’est ce que dit mon court papier) et ils veulent sûrement un Etat de droit. Ce qui est remarquable.
Cordialement
NL