La réélection d’Obama est inattendue. De nombreux analystes américains, y compris proches des démocrates, s’attendaient à un score très serré avec, au final, une victoire sur le fil du candidat Mitt Romney. De nombreux signaux allaient dans ce sens : une économie en souffrance, un taux de chômage élevé, une « déception » grandissante après le premier mandat d’Obama et, enfin, une bonne campagne menée par le candidat républicain avec, pour conclure, une excellente prestation lors du premier face-à-face avec le président sortant.
Or, rien de tout cela n’est venu en aide à Romney. Les prévisions ont été démenties surtout par une plus forte participation que prévu de la part des jeunes, des femmes et des minorités. Il ne faut jamais oublier que l’électorat de gauche se mobilise toujours plus que celui de droite. Ensuite, en regardant la carte des Etats-clefs touchés par le chômage on peut remarquer que l’Ohio par exemple « souffre » d’une crise toute relative : de nombreux comtés (counties) affichent un taux de chômage à 6 %, voire moins et al moyenne de cet Etat se situe en dessous de la moyenne nationale. Pourquoi l’Etat basculerait-il en faveur de Romney alors qu’Obama l’a « sauvé » de la faillite en aidant l’industrie automobile ?
La réélection d’Obama nous pose problème car il s’agit là du seul dirigeant réélu pendant la crise. Et celui qui a le plus dépensé pour la relance (« stimulus »). Des arguments que la gauche étatiste n’hésitera pas à soulever. Il est vrai que la Chambre reste républicaine et que le Président aura du mal à mener une politique trop dépensière. Mais, si la réélection de Clinton en 1996 était tout à fait prévisible et souhaitable après les excellentes réformes qu’il avait menées, celle d’Obama n’a pas vraiment d’explication rationnelle. Une leçon à retenir.
Je ne reviens plus sur les médias français dont la satisfaction après l’annonce des résultats étaient très évidente. Le Monde a titré « Le meilleur reste à venir » et Libération « Obama repart au combat ». Le quotidien Le Figaro a consacré le numéro du lendemain à la réélection, preuve que le dossier était déjà prêt. Rappelons simplement que le pays n’a jamais été aussi divisé et que l’antiaméricanisme est au moins aussi fort dans le monde que lorsqu’il était précédemment (tous les sondages d’opinion le montrent).