Une tribune de Sibyle Veil considère que « la liberté d’expression est le cheval de Troie du néo-impérialisme américain ».
La PDG de Radio France a rédigé une tribune stupéfiante dans Le Figaro (21 février 2025), dont le titre même apparaît au minimum comme fort maladroit : « La liberté d’expression est le cheval de Troie du néo-impérialisme américain ». Sibyle Veil accuse les Trump, Vance et autres Musk de combattre en réalité « pour la liberté de manipuler ».
Entre la « censure » et le « chaos », elle plaide pour une « troisième voie », celle de la « régulation » (on ne dira jamais assez que ce mot est une mauvaise traduction du terme anglais regulation et qu’il est employé à tort pour signifier « réglementation ») et de l’information qui « ne devienne pas une marchandise » (l’injure suprême, car, dans notre pays, l’école n’est pas une marchandise, l’agriculture, dixit José Bové, n’est pas une marchandise, la culture n’est pas une marchandise, etc.).
Ne croyons pas que Sibyle Veil soit une dangereuse gauchiste : il s’agit d’une énarque, passée par le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors chef de l’État, avant d’être nommée, puis reconduite à la tête de Radio France. Mais ses propos comme ses écrits témoignent d’une sorte de réalité parallèle par rapport à l’état du service public audiovisuel. Il est vrai que, sauf à démissionner, il lui serait difficile de tenir des propos autres…
En effet, la tribune assène sans rire : « Les médias traditionnels, en particulier le service public (nous soulignons), sont soumis à des exigences strictes de transparence et de pluralisme. Nous rendons des comptes en permanence et à tout le monde ». Des affirmations conformes à ses déclarations dans le même quotidien il y a plusieurs mois (27 août 2024) selon lesquelles « La mission du service public, c’est aussi de faire entendre toutes les voix, et c’est ce que nous faisons avec une éthique du débat contradictoire et apaisé, une diversité des angles et une multiplicité d’intervenants dans nos antennes ». Et de se lamenter de « l’image déformée » du service public donnée par ses concurrents.
C’est à se demander s’il arrive à Sibyle Veil d’écouter ou de voir les chaînes de Radio France. France Inter ? Franceinfo ? France Culture ? Une succession de programmes orientés et « progressistes » à 85 % aux frais des contribuables avec un budget d’environ 670 millions d’euros en 2024 et des effectifs de plus de 4.600 salariés au 31 décembre 2023 selon les chiffres donnés par son propre site.
Rappelons que l’Iref demande depuis longtemps la suppression du service public de l’audiovisuel, Radio France en première ligne. Ce n’est pas la tribune de Sibyle Veil qui lui fera changer d’avis.