Contrairement aux clichés très répandus en France, surtout depuis le Covid, la recherche médicale – le développement des médicaments et des traitements – est l’une des activités les plus risquées qui soient. Il n’y a pas de subventions ou aides de l’Etat (sauf pour une pandémie mondiale comme le Covid). Les laboratoires y engloutissent des sommes colossales (Pfizer par exemple, c’est plus de 10 milliards de dollars par an). Parfois, ça marche, parfois, ça ne marche pas : moins de 10% des médicaments vont jusqu’au bout de leur parcours préliminaire et sont finalement approuvés, et de trop gros enjeux peuvent mettre en péril l’existence même des laboratoires. La société Eiger BioPharmaceuticals, Inc., par exemple, vient d’être placée sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, après 24 ans d’activité. Elle s’est spécialisée dans les maladies rares, en particulier le syndrome de progeria (Hutchinson-Gilford), une maladie génétique mortelle qui entraîne un vieillissement prématuré, accompagné de douleurs articulaires, de troubles musculaires, de perte de cheveux et de beaucoup d’autres manifestations douloureuses. Les enfants meurent généralement vers l’âge de 15 ans. Le médicament découvert par Eiger a pu prolonger la vie de certains malades. De même, la recherche était bien avancée sur un traitement contre le virus de l’hépatite D ou delta (VHD). Mais cela n’a pas suffi. Les actions d’Eiger ont chuté. Il y a quelques mois, la direction a annoncé devoir réduire les effectifs (de 25 %) ainsi que les dépenses consacrées à son programme de médicaments contre l’hépatite, malgré le succès démontré dans un essai de phase 3.
La seule bonne nouvelle c’est qu’Eiger a trouvé un accord avec un autre laboratoire pour qu’il reprenne ses médicaments et continue à les commercialiser. Les laboratoires, que certains ne voient que comme des monstres cyniques n’ayant pour seul but que de se gaver, font peut-être des profits mais- grâce à ces profits – investissent dans la recherche et l’innovation, prennent des risques et sauvent des vies. Aussi.
2 commentaires
Heureusement que les brevets ont trouvé un repreneur. Ça aurait un beau gâchis, autrement…
C’est peut être rare mais l’exemple montre qu’un laboratoire peut faire faillite ce qui est dommageable pour la recherche mais également pour le personnel car souvent 1+1 ne font pas forcément 2 dans les opérations de fusion- absorption ce qui ne semble pas être le cas ici. Au moins, la reprise de la production permettra t elle de pérenniser les médicaments.